Que faire lorsque vous vous retrouvez soudainement sans travail pour la première fois depuis plus de dix ans ? C'est la situation dans laquelle je me suis retrouvée l'été dernier, lorsque j'ai été licencié d'un emploi que j'adorais depuis six ans et demi.
À part trois jours de congé entre le moment où j'ai quitté une compagnie pour commencer dans une autre, j'ai travaillé pendant onze ans d'affilée. Puis, du jour au lendemain, je me suis retrouvée au chômage.
À vrai dire, j'étais officiellement à mon compte. Comme tant d'autres journalistes licencié·es avant moi, j'ai choisi de travailler comme indépendante, même si ça me semblait effrayant et inconfortable. Depuis, je travaille en freelance et je commençais même à m'y habituer, avec un travail régulier et deux entretiens prometteurs pour des boulots que je voulais vraiment. Puis le coronavirus est arrivé et tous les projets ont été annulés ou suspendus.
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J'ai perdu plus de 1 000 £ (1150 €) en une semaine, pendant que les postes pour lesquels je croisais les doigts chaque nuit m'ont été retirés par des e-mails parlant de "gel de recrutement" et de "temps incertains". Alors que le monde autour de moi s'écroulait, j'ai éprouvé des vagues de panique en réalisant que j'étais revenue au point de départ : pour la deuxième fois en moins d'un an, j'étais sans emploi.
Bien que j'ai eu le temps de me faire à l'idée d'un licenciement possible due à un processus douloureusement lent, ce fut quand même un choc. C'est ce que vivent aujourd'hui de nombreuses personnes qui ont soudainement perdu leur emploi à cause de la pandémie. La crise du coronavirus a fait un nombre effrayant de victimes, des milliers de personnes ayant subi des pertes bien supérieures à de simples revenus. Pourtant, ceux et celles qui survivent sont touché·es par ses effets économiques, car les budgets et les emplois sont rapidement réduits.
Les programmes de soutien gouvernementaux aideront certain·es d'entre nous, mais pas tou·tes (ma seule option étant le crédit universel britannique), mais être congédié·e peut être tout aussi déroutant. Votre travail est peut-être assuré, mais la suppression de toute routine alors que vous êtes habitué·e à passer 70 % de votre temps au travail peut être au mieux alarmante, au pire dévastatrice. Alors, comment faire face à cette situation ?
Ce n'est pas vous, mais eux
Même si je m'y étais préparée, le licenciement m'a frappée de plein fouet. J'ai perdu confiance en moi et j'ai même éprouvé un sentiment de tristesse, sans parler de l'angoisse de devoir payer mon loyer. Mais même si vous avez l'impression que c'est à cause de vous, il est important de réaliser que ce n'est pas le cas, déclare Victoria McLean, experte en carrières, fondatrice et directrice générale de City CV.
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"Bien que ça semble terriblement personnel, ce n'est pas une réflexion sur vous en tant que personne ou en tant que professionnel", affirme Victoria. "Soyez indulgent envers vous-même et rappelez-vous sans cesse que vous n'avez pas perdu vos compétences, vos talents, vos réussites et votre expérience".
Il en va de même pour ceux et celles qui ont été congédié·es. "La mise à pied est une situation nouvelle pour nous tous et elle peut être très perturbante ; vous n'êtes pas au travail et vous n'avez pas non plus été licencié", explique Victoria. "La chose la plus importante à retenir ici est que votre employeur procède ainsi parce qu'il vous estime vraiment et qu'il veut vous garder".
Pour quiconque traversant une période de licenciement, le sentiment de doute que vous ressentez est normal et il est compréhensible que vous vouliez rester assis·e en pyjama pendant quelques jours et que vous vous apitoyez sur votre sort - c'est justifié. Mais croyez quelqu'un qui est passé par là et qui a réalisé que les joggings perdent l'attrait de la nouveauté au bout d'une semaine environ : vous vous sentirez mieux si vous ne le faites pas.
"Mon conseil est de faire tout ce qui est possible pour rester en mode travail", convient Victoria. "Essayez de structurer votre journée et d'élaborer un plan d'action pour rebondir".
Victoria recommande de commencer par de petites étapes qui vous remettront en confiance, comme dresser une liste de vos réussites, suivre un cours en ligne gratuit et noter ce qui est important pour vous afin de vous faire une idée précise de ce que vous voulez. La positivité et la productivité sont vos alliés. "Mais encore une fois, soyez bienveillant envers vous-même ; il y aura des jours où vous n'accomplirez pas grand-chose. Avoir un plan d'action, c'est vous donner les outils et l'état d'esprit nécessaires pour vous assurer que vous êtes dans la meilleure position pour gérer tout ce qui se présentera à vous".
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Gardez espoir
Ça viendra ! Une chose que j'ai apprise au cours de l'année dernière est qu'au moment où vous pensez que vous êtes au plus bas et que vous ne travaillerez plus jamais, vous recevez un e-mail qui pourrait tout changer. Il est important de voir la situation comme temporaire.
En tant que personne souffrant d'anxiété, un mantra que j'ai moi-même trouvé utile est : "I will get through this, because I have to" (je vais m'en sortir, car il le faut). D'accord, ce n'est peut-être pas dans les citations les plus motivantes d'Instagram, mais c'est vrai - quelle autre option y a-t-il ?
C'est peut-être ce que l'on ressent en ce moment, mais ce ne sera pas toujours le cas. Vous avez probablement déjà dit à un·e ami·e qui a été licencié dans le passé que c'était "la meilleure chose qui lui soit arrivée" avant de lui acheter une autre bouteille de vin pour l'aider à noyer son chagrin. C'est un peu comme une rupture.
Ça semble être une banalité, mais honnêtement ? Il se pourrait que ce soit pour le mieux. "Chaque membre de l'équipe City CV peut témoigner d'une histoire édifiante sur des clients qui ont été licenciés, mais qui ont trouvé un meilleur travail ou se sont lancés dans une toute nouvelle carrière", me confie Victoria. Ce ne sera pas facile au début et nous ne devons pas prendre à la légère les conséquences économiques de cette pandémie, mais j'ai beaucoup d'ami·es qui sont passé·es du licenciement à des rôles bien plus gratifiants au final. Bien que je continue de passer d'un échelon à l'autre dans ma carrière, je sais que j'ai plus progressé en tant que freelance que je ne l'aurais jamais fait si j'étais restée dans la sécurité de mon emploi.
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Faites-vous voir… de la bonne façon
Quelle que soit votre prochaine démarche, il est temps d'étoffer votre CV. "Le marché de l'emploi a évolué au point d'être méconnaissable ces dernières années. Envoyer un CV générique à des dizaines d'employeurs potentiels peut sembler être une action positive, mais il est peu probable que cela débouche sur une grande opportunité. Vous devrez être un peu plus stratégique", souligne Victoria.
Elle recommande de considérer votre CV comme un document de marketing - vous êtes le produit que vous présentez. Canva propose d'excellents modèles qui rendront votre parcours professionnel attrayant, mais vous devrez également adapter votre CV et votre lettre de motivation à chaque poste. En effet, 90 % des recruteurs utilisent désormais des systèmes de suivi des candidatures, qui filtrent votre candidature en fonction de mots-clés pertinents pour le poste auquel vous postulez.
N'oubliez pas non plus vos réseaux sociaux. "Retravaillez votre profil LinkedIn. Assurez-vous qu'il est complet et que les mots-clés sont optimisés", conseille Victoria. "LinkedIn est un excellent moyen de relater votre parcours professionnel et d'être visible en tant que membre positif et proactif de votre communauté professionnelle. Nous avons tous besoin de bonnes nouvelles en ce moment. Si vous publiez sur LinkedIn des récits encourageants sur ce que vous faites pour tirer le meilleur parti de cette situation, vous n'obtiendrez peut-être pas de résultats immédiats, mais les gens se souviendront de vous comme d'une personne déterminée qui les a fait sourire au moment où ils en avaient le plus besoin".
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J'ai trouvé qu'être honnête sur mes réseaux sociaux était également utile. Le fait de ne pas avoir de travail vous fait vous sentir incroyablement vulnérable, mais lorsque j'ai signalé sur Instagram que j'avais perdu mon travail à cause du coronavirus et que je cherchais de nouvelles opportunités, j'ai reçu non seulement des encouragements très nécessaires, mais aussi des e-mails sur des emplois potentiels.
Mettez votre fierté de côté
Lorsque vous êtes fier·e de votre éthique professionnelle et du travail que vous faites, toutes sortes d'émotions peuvent se manifester lorsqu'elles sont soudainement balayées.
Au cours de l'année écoulée, j'ai ressenti de la honte, de la peur, de l'envie, du chagrin et de l'impuissance, mais j'ai aussi eu des bouffées de bonheur, d'excitation et de gratitude lorsque le vent a tourné. La véritable clé pour passer au travers est l'acceptation - ce dont nous avons finalement tou·tes bien besoin dans cette crise actuelle.
Acceptez que ce soit arrivé, acceptez que vous ne puissiez pas contrôler l'avenir et que les choses puissent être difficiles avant de s'améliorer - même si cela signifie de patienter, ou de rejoindre les milliers de bénévoles jusqu'à ce que vous trouviez un travail rémunéré.
Depuis que le virus a anéanti mes options de travail, j'ai mis de côté mes objectifs de gagner un certain montant ou de trouver le rôle parfait et je me suis plutôt concentrée sur une priorité : gagner assez pour garder un toit au-dessus de ma tête (ce qui à son tour atténuera le stress des dernières semaines). J'ai la chance d'avoir obtenu un poste de reporter freelance, que je vais commencer ce mois-ci, grâce à un message LinkedIn que j'ai envoyé l'année dernière. Même si dans mon cas, il s'agit plutôt d'un "pas en arrière" dans ma carrière, je suis simplement heureuse d'être de retour dans mon bureau, là où je dois être.
"Beaucoup de gens s'inquiètent de la façon dont un poste de niveau inférieur ou un emploi dans un secteur différent apparaîtra sur leur CV", explique Victoria. "Mon conseil est le suivant : ne vous en faites pas. Il s'agit d'une situation sans précédent et beaucoup d'entre nous sont obligés de s'adapter".
Je suppose que c'est la leçon à en tirer : soyez prêt·e à vous réorienter, à accepter le changement, à faire des choses que vous n'auriez jamais pensé faire et, surtout, ne vous sentez pas visé·e ! Si cette pandémie affecte bien des secteurs, ce n'est certainement pas votre faute.
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