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Les raisons d’être optimiste quant à l’action climatique en 2021

Photo par Meg O'Donnell
"Comment osez-vous !" s'est écriée Greta Thunberg aux dirigeants du sommet de l'ONU sur le climat en 2019. "Nous sommes au début d'une extinction de masse, et tout ce dont vous parler, c'est d'argent et des contes de fées de croissance économique éternelle". Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle a fait sensation. Car oui, le changement climatique est bien réel.
Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) nous donne dix ans avant que la catastrophe climatique ne devienne irréversible. Plus de 11 000 scientifiques ont déclaré à l'unanimité que l'urgence climatique pourrait entraîner des "souffrances indicibles". Il y a plus de matériaux fabriqués par l'homme sur la planète que de matière vivante. Et les films Cli-Fi (fiction climatique) d'Hollywood ajoutent à l'anxiété climatique. Vous vous souvenez que l'environnement est un personnage clé dans La Servante écarlate de Margaret Atwood ? En Gilead, les droits de l'homme sont sacrifiés pour sauver la planète.
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Il n'y a aucun doute : nous sommes dans une course pour sauver la planète, et nous sommes tou·s·tes pétrifié·e·s. En 2020, l'"anxiété climatique" a été reconnue par plus de 1 000 psychologues cliniciens qui ont signé une lettre ouverte soulignant l'impact de la crise sur le bien-être des personnes.
Cependant, tout n'est pas sombre. Selon María Fernanda Espinosa, ancienne présidente de l'Assemblée générale de l'ONU, "Nous sommes la dernière génération qui peut empêcher des dommages irréparables à notre planète". Nous avons besoin d'une révolution de la décarbonisation, et nous pouvons tou·s·tes jouer notre rôle car le changement de comportement de la population est une condition préalable à la réduction des émissions.
Je suis au début de ma trentaine et j'ai consacré la dernière décennie de ma vie à travailler sur l'urgence climatique au sein de la politique internationale et, alors que l'année 2021 commence, je pense que nous avons tou·s·tes des raisons d'être optimistes quant à la lutte contre le changement climatique. Il s'est passé beaucoup de choses en 2020, alors personne ne vous reprochera d'avoir manqué ces événements.
Le changement est en cours, je vous le promets
Il y a dix ans, quand je disais que je travaillais dans le domaine de la politique climatique, le regard des gens se vidaient et le sujet changeait. Aujourd'hui, la réponse est l'intrigue, le questionnement et les expériences personnelles en matière de changement. Des militant·e·s du climat dévoué·e·s ont eu un impact énorme sur la conscience environnementale : les combustibles fossiles sont le nouveau tabac et "83 % des Français ont l'impression que les changements climatiques ont une incidence sur leur vie quotidienne". Le langage est également différent, communiquant un danger imminent plutôt qu'un réchauffement climatique. Je ne m'inquiète plus des négationnistes du climat - ils ne sont plus nombreux - mais je m'inquiète des gens qui ont le sentiment qu'il est trop tard et qu'ils "ne devraient pas s'en préoccuper, car cela n'aidera pas de toute façon", car ce n'est pas - encore - le cas !
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Que doit-on faire alors ?
Nous devons parvenir à des émissions nettes zéro d'ici le milieu du siècle et empêcher les températures mondiales d'augmenter de plus de 1,5 °C d'ici 2100. En décembre 2015, 196 pays ont adopté l'accord international de Paris sur le climat, juridiquement contraignant, pour atteindre cet objectif et décarboniser le monde d'ici 2050. L'Agenda 2030 a été adopté parallèlement à l'Accord de Paris, introduisant les objectifs de développement durable (ODD) de l'ONU. Ensemble, ces objectifs constituent un modèle de "paix et de prospérité pour les populations et la planète, aujourd'hui et demain".
Comment l'Accord de Paris fonctionne-t-il concrètement ? 
Comme chaque pays a des responsabilités, des ressources et des capacités différentes, ils définissent leurs propres engagements, notamment des objectifs, des politiques et des mesures en matière de climat, appelés contributions déterminées au niveau national (CDN). Les CDN sont mis à jour tous les cinq ans, ce qui signifie que chaque gouvernement participant doit prendre un engagement en matière de climat conformément à l'Accord de Paris pendant la durée de son mandat.
Où en sommes-nous vraiment ?
Nous venons de vivre la décennie la plus chaude jamais enregistrée. Collectivement, les objectifs actuels des CDN ne sont pas assez ambitieux et devraient entraîner un réchauffement de près de 3 °C d'ici 2100. La réalité est que nous sommes encore loin du net zéro en 2050, mais il y a quelques signes encourageants. Les engagements à long terme des pays devraient devenir plus ambitieux, comme le montrent cette année les nouvelles promesses d'émissions nettes zéro de nombreux grands émetteurs, dont le Canada, la Chine, l'UE, le Japon, l'Afrique du Sud, la Corée du Sud, le Royaume-Uni et les États-Unis. Sur la base de ces nouveaux engagements, le Climate Action Tracker estime que la hausse des températures mondiales sera réduite de 3°C à 2,1°C par rapport à l'estimation précédente.
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Au cours de l'année dernière, nous avons été témoins d'une crise dévastatrice. La pandémie de coronavirus a braqué les projecteurs sur notre société brisée et sur les insécurités alimentaire, sanitaire et financière. Trop de gens ont le sentiment que la société ne fonctionne pas pour eux. Nous menons un combat idéologique qui se fait attendre depuis longtemps.
Mais avec la crise viennent les opportunités et l'ampleur sans précédent des dépenses liées à la lutte contre le coronavirus offre une chance de changer le cours de la transition, de restructurer les économies et de lancer une révolution de l'énergie propre. La dynamique climatique s'accélère et des exemples inspirants de plans de relance écologiques post-corona qui "relancent" en mieux apparaissent. S'ils sont mis en œuvre, ils permettront de réduire les émissions de CO2 tout en générant des dizaines de millions d'emplois, en relançant les économies et en améliorant la santé de chacun.
En 2020, le monde s'est concentré sur la pandémie, mais l'économie mondiale a continué à se décarboniser. En décembre 2020, 110 pays s'étaient engagés à atteindre la neutralité carbone d'ici 2050, la Chine d'ici 2060 et la Nouvelle-Zélande d'ici 2025 ! Cela signifie que 50 % du PIB mondial et environ 50 % des émissions mondiales de CO2 sont couverts par un engagement net zéro. La "Green Industrial Revolution" (révolution industrielle verte) du Royaume-Uni vise à décarboniser d'ici 2050 et à enclencher une relance verte. Post-Trump, les États-Unis changent de direction, car Joe Biden promet de réintégrer l'Accord de Paris et propose une "Clean Energy Revolution" (révolution de l'énergie propre) avec des investissements massifs dans les énergies renouvelables et les infrastructures plus écologiques. Le "pacte vert pour l'Europe" est un ensemble de politiques audacieuses garantissant "une croissance économique dissociée de l’utilisation des ressources" ainsi que la garantie "que personne ni aucun endroit ne sont laissés de côté". Ces nouveaux pactes et révolutions vertes sont de plus en plus considérés comme la seule solution pour faire face aux crises du climat, du corona et du crédit à une échelle et une rapidité que la science et la justice requièrent.
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Ainsi, même si nous ne sommes pas encore sur la bonne voie pour éviter un changement climatique irréversible, les progrès ont atteint un niveau record et vont en fait beaucoup plus vite que nous ne le pensons. La dynamique climatique vient de toutes les directions - individus, pays, villes, entreprises et investisseurs - et en 2020, les engagements en faveur de l'objectif zéro ont doublé, avec 22 régions, 452 villes, 1 101 entreprises, 549 universités et 45 des plus grands investisseurs. Grâce à la clarté des orientations de l'Accord de Paris, l'économie mondiale de la décarbonisation arrive à maturité, secteur par secteur, et cette transformation constitue un point de basculement où les solutions à faible intensité de carbone l'emportent désormais sur les entreprises à forte intensité de carbone.
Voici quelques statistiques qui illustrent la situation et qui pourraient vous aider à vous sentir mieux à propos de tout cela :
Les entreprises participent : plus de 1 500 entreprises ayant un chiffre d'affaires combiné de 12 500 milliards de dollars (10 300 milliards d'euros) ont fixé leurs objectifs nets zéro entre 2025 et 2050.
Le secteur financier investit dans tout ce qui est vert : un grand nombre des plus grands assureurs, fonds de pension et propriétaires de biens du monde, avec plus de 5 000 milliards de dollars (4 121 milliards d'euros), se sont engagés à atteindre un niveau d'émissions de carbone net zéro d'ici 2050.
La technologie montre l'exemple : des avancées technologiques d'une importance capitale (IA, compteurs intelligents, superordinateurs de modélisation météorologique, etc.) pourraient permettre de réduire jusqu'à un tiers des émissions de CO2 d'ici 2030. Google s'est engagé à fonctionner avec une énergie sans carbone d'ici 2030, Amazon s'est fixé comme objectif la neutralité carbone pour 2040, Microsoft sera négatif en carbone d'ici 2030.
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Même le secteur de l'énergie se décarbonise : les énergies renouvelables offrent une voie directe vers un monde décarbonisé. En incluant l'hydroélectricité, les énergies renouvelables ont capté les trois quarts de la nouvelle capacité de production d'électricité et, en cinq ans seulement, le solaire et l'éolien sont passés de sources d'énergie coûteuses à la forme la moins chère de nouvelle production d'électricité.
Le respect de l'environnement a fait son entrée dans le secteur de la mode : trente-deux marques de mode ont signé le "Fashion pact" (pacte de la mode), en utilisant les ODD et les objectifs scientifiques pour éliminer les émissions de carbone d'ici 2050. Les marques revoient leurs perspectives en matière de profit et de durabilité et cherchent à équilibrer leurs profits avec les personnes et la planète.
Ainsi, bien que les secteurs évoluent à des vitesses différentes, toutes les pistes vont dans la même direction : vers la décarbonisation.
Si nous connaissons les dommages que l'urgence climatique pourrait causer, nous devons, comme le dit l'ambassadrice pour le climat Christiana Figueres, essayer d'être optimistes, "non pas parce que le succès est garanti, mais parce que l'échec est impensable". Il est temps de se battre pour un monde vert et juste et nous devons tou·s·tes nous y mettre, car la vitesse à laquelle nous le ferons décidera de notre sort et de celui de toutes les générations à venir. Nous devons transformer complètement nos politiques, nos idéologies, nos systèmes énergétiques, nos comportements, notre façon de penser, tout ! Si nous y parvenons, nous regarderons en arrière et nous demanderons pourquoi nous supportions ce monde pollué, sale et en voie d'extinction.
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En ce moment même, le monde est en suspens, en attendant le sommet mondial sur le climat COP26, qui se tiendra à Glasgow en novembre prochain, car les promesses faites par les pays et les entreprises ouvriront la voie à notre avenir. On s'attend à ce que les objectifs à long terme deviennent plus ambitieux, envoyant ainsi des messages de marché clairs indiquant que la décarbonisation est l'avenir. Cependant, pour avoir une chance de limiter le réchauffement de la Terre à 1,5ºC, nous devons de toute urgence relever le niveau d'ambition et de réalisation de tous les CDN. Tous les pays doivent déclarer une urgence climatique, s'engager à atteindre des objectifs de neutralité carbone d'ici 2050 et soutenir cette démarche par des mesures politiques concrètes.
La bonne nouvelle est que les politiciens et les législateurs soutiennent des plans de relance écologiques pour aider à surmonter la pandémie au Royaume-Uni, en Allemagne, en France et au Chili, entre autres. Des plans de relance écologiques ont été annoncés dans de nombreuses villes, pays et entreprises du monde entier. L'ONU estime qu'avec un changement d'orientation substantiel vers des plans de relance écologiques COVID-19, nous verrons les émissions mondiales de carbone suivre une trajectoire descendante à partir de 2021.
Cela pourrait être dû au fait que les politiciens ont remarqué que nous - c'est-à-dire les électeurs, c'est-à-dire les personnes qui les maintiennent dans leur emploi - sommes de plus en plus préoccupé·e·s par l'environnement. Le climat est au premier plan de nos préoccupations : les fourrures ne sont plus à la mode, la viande est en train de disparaître de nos menus, se soucier du climat devient tendance et les ODD de l'ONU sont en plein essor et apparaissent partout : sur les vêtements, dans les chansons, dans le monde des affaires et des stratégies nationales. Pas étonnant qu'ils soient aussi pleins d'espoir. Le directeur Richard Curtis a contribué à la conception des graphiques arc-en-ciel des ODD, qui seront utilisés comme un langage de changement pour "inciter tout le monde, partout, à agir".
La responsabilité du changement incombe toujours à nos gouvernements, aux grandes entreprises et à celles et ceux qui ont le pouvoir et les moyens financiers de le faire. Mais ensemble, nous avons une voix collective et nous devons l'utiliser pour appeler à une action mondiale, nationale et locale en faveur du climat. Nous ne pouvons peut-être pas tou·s·tes être des Greta à part entière, mais il y a des mesures que nous pouvons prendre pour participer à la révolution de la décarbonisation. Restez optimiste et faites ce que vous pouvez pour changer les choses.

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