J’ai quitté mon job chez Vogue pour devenir astrologue à plein-temps

J’ai choisi de suivre un master en journalisme de la mode auprès de la Central Saint Martins à Londres dans le but précis de travailler pour Vogue. Travailler pour ce magazine avait toujours été mon rêve. A mon retour à New York, après l’obtention de mon diplôme en janvier 2017, j’ai trouvé une annonce pour un poste d’assistante bijoux chez Vogue. J’ai envoyé un e-mail sans attendre de réponse. J’ai passé l’entretien, mais le poste avait déjà été pourvu. Plus tard, un poste s’est libéré au sein de l’équipe mode de Vogue.com, la division numérique du magazine. C’est comme ça que j’ai commencé.

J’étais l’assistante du directeur de création. Je me suis occupée de beaucoup de planification et de choses du genre. Si l’on devait organiser un shooting photo, je devais trouver des marques à inviter, parfois assister sur le plateau et je devais également rédiger des articles shopping. Des choses du type « le top des sweat-shirts à moins de 250 $ (223 €) ». J’ai commencé à orienter mes articles vers l’astrologie à mesure que j’ai commencé à m’y intéresser : « Sélection shopping quand on est du signe du Lion. »

Au début, j’étais fière de dire que je travaillais chez Vogue, c’était un plaisir d’y aller tous les jours, c’était une vraie passion. Au fil du temps, mes centres d’intérêt ont commencé à évoluer. Environ un an après avoir commencé, j’ai commencé à m’intéresser sérieusement à l’astrologie. Je voulais aider les autres et je n’avais pas l’impression de le faire avec mon job actuel. J’avais l’impression de travailler tellement dur pour pas-grand-chose.

Cela faisait exactement deux ans que j’étais chez Vogue. Durant cette période, on m’a accordée plus de responsabilités, mais il n’y avait que très peu de place pour une promotion. Si je voulais évoluer, il fallait que je parte.

Je voyais une thérapeute depuis trois ans et c’est elle qui m’a initiée à mon thème astral (la position des planètes de notre système solaire et l'orientation de la Terre à l'heure précise de la naissance). J’étais déprimée à cause d’une histoire de mec, alors elle m’a proposé de jeter un œil à mon thème astral et elle m’a ensuite expliquée que mes émotions étaient logiques. J’ai toujours été une personne plutôt dramatique, très extrême dans la gestion de mes émotions. Connaitre mon thème astral m’a permis de comprendre pourquoi j’étais comme ça.

Mon thème astral est très influencé par les signes d’eau. Même en étant Verseau, il y a beaucoup d’influence du Poisson et du Scorpion, ce qui me donne une personnalité assez obsessive, des émotions qui oscillent entre le haut et le bas et j’ai tendance à laisser entrer les gens dans ma vie sans vraiment les filtrer. Maintenant, je ne tolère plus les mêmes choses. Cela m’est même égal de ne pas être en couple, car je suis heureuse d’être seule et je crois que si l’univers veut que je sois en couple, il mettra sur ma route une personne qui convienne à ma personnalité.

[L’astrologie] n’était au début qu’une distraction. Je commençais à m’ennuyer au travail alors je me suis mise à observer mes collègues depuis mon bureau pour voir comment ils s’entendaient en fonction de leur thème astral, c’était très distrayant. C’est en rentrant de vacances en août que j’ai remarqué que le taux de réponse à mes story Insta était beaucoup plus haut quand je postais des choses en lien avec l’astrologie. Je me suis alors dit que je devrais poster plus de choses sur ce thème, que les gens s’y intéressait vraiment.

J’ai demandé sur Instagram qui serait intéressé par une lecture de son thème astral et j’ai reçu plus de 100 réponses en un jour ou deux. C’est alors que j’ai décidé de commencer à facturer, car je n’avais pas le temps de faire autant de lectures gratuitement. J’ai commencé avec cette liste d’attente Instagram tout en travaillant sur un site internet avec mon amie Christina. Nous avons toutes les deux travaillé sur le design de l’ensemble du site et nous l’avons lancé fin novembre. Le premier jour, j’ai gagné plus du triple d’une semaine de salaire chez Vogue, et ce en seulement deux heures. C’était alors une évidence : il fallait que je démissionne.

Je pense que mes collègues s’y attendaient, car ils avaient remarqué que les cinq derniers mois chez Vogue, je ne faisais plus grand-chose. Je faisais acte de présence, m’occupais d’astrologie et je repartais. Ils attendaient que je démissionne. Mes parents m’ont soutenue, ils n’ont pas tout de suite compris, mais maintenant oui. Je n’ai pas eu de réaction haineuse, tout le monde a été très positif.

Je me demandais si ça allait durer, mais ça prenait de plus en plus d’ampleur. Deux mois plus tard, j’ai donc posé ma démission et immédiatement de nouvelles portes se sont ouvertes, ce qui me confirmait que j’étais sur la bonne voie. J’aime devoir ne dépendre que de moi-même, mais c’est beaucoup de travail. Je reçois de nouveaux e-mails tous les jours et je vais devoir apprendre à décider de ce qui est nécessaire et de ce qui ne l’est pas, parce que c’est vraiment non-stop – Je ne prends même jamais de week-end. En ce moment, je gagne le double de ce que je gagnais chez Vogue. Je gagne autour de 1 750-2 630 € par mois avec les lectures astrales, 1310 € avec les rédactions d’articles et autour de 390-440 € pour ce qui est des évènements. Ce qui fait au total autour de 3 500€ par mois, alors que chez Vogue, je gagnais probablement autour de 2 014 €. On croit que je ne gagne pas ma vie avec l’astrologie– mes parents ne me soutiennent pas du tout [financièrement]. Juste avant mon départ, mes chefs m’ont dit, « j’espère que tu avais fait des économies ! J’imagine que tes parents t’aident ? » Non, je paye mon loyer, comme une grande. Je suis totalement indépendante.

Les personnes qui ne travaillent pas dans l’industrie de la mode me disaient, « Pourquoi quitter une boite comme Vogue ? C’est génial, pourquoi laisser ça ? » Alors que les personnes travaillant dans le monde de la mode comprennent à quel point cette industrie est exigeante et que l’on ne reçoit que trop peu en retour. Ces personnes me conseillaient plutôt de foncer.

Je continue de me lever très tôt, je ne fais pas de grasses matinées. Je lis en général deux ou trois thèmes d’entrée de jeu, pour me mettre dans le bain et ensuite, en fonction de si j’ai des articles à rédiger la semaine en question, je consacre une bonne partie de la journée à les rédiger, puis je travaille ensuite sur d’autres projets comme les évènements, qui ont lieu le week-end en général. Les évènements sont plutôt épuisants, car je dois lire le thème astral de 25-30 personnes en deux heures, et c’est un peu comme prendre l’énergie de toutes ces personnes. Quand on ne connait pas l’heure exacte de sa naissance, cela rend la tâche très difficile. Je peux leur dire quelles planètes se trouvent dans leur thème mais c’est à peu près tout. Cela m’aide beaucoup si la personne me confirme que ce que je dis résonne avec elle, si elle reste stoïque je peux me demander si je me trompe complètement.

[Lorsque je fais une lecture] je ne dis jamais qu’une chose est sûre. L’astrologie indique l’énergie présente, mais ne peut pas déterminer ce qui va se passer dans la vie. Je ne dis jamais que quelqu’un va rompre avec son petit-ami, car il est possible que la relation connaisse une période difficile sans qu'ils aillent jusqu’à la rupture. Il est important d’utiliser des termes comme « peut-être » ou « il est possible », car l’astrologie est incapable d’interpréter avec certitude. De plus, il existe de nombreuses interprétations possibles : une chose peut avoir une signification pour une personne et une complètement différente pour la suivante. J’ai fait une lecture de la révolution solaire (le retour du Soleil à la position exacte de la naissance) à mon amie Christina pour son anniversaire, et je lui ai dit « j’ai l’impression que tu vas te fiancer cette année », et pas plus de trois jours plus tard elle m’a envoyé la photo d’elle, une bague au doigt avec le commentaire « tu avais raison ». Son copain était dingue et a blagué que je pouvais prédire le futur.