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Confessions d’une domina

En plus d'être une domina mondialement connue et membre du célèbre club fétichiste le Torture Garden à Londres, Madam Storm donne régulièrement des conférences sur l'empowerment féminin. Elle est également coach, performer et donne des masterclass dans plusieurs villes. Pour Refinery29, elle a accepté de répondre à toutes nos questions sur le monde du fétichisme, et comment se passent ses rendez-vous avec un client.
Première chose, pour démarrer : comment es-tu devenue domina ? Quelle est ton histoire ?
Plus jeune, j'étais constamment moquée et harcelée par mes camarades parce que j'étais plus grande que les autres (je fais 1,82 m). On me disait tout le temps de rester au fond de la classe par exemple. Pendant longtemps, j'ai cru que j'étais un monstre. Ça a beaucoup affecté ma confiance en moi. Par contre, j'ai été confrontée à la sexualité relativement tôt, parce que mes parents me laissaient faire ce que je voulais et que j'étais très libre de mes allées et venues. Plus tard, j'ai fait la connaissance d'une dame qui admirait tous les aspects physiques pour lesquels j'avais été moquée enfant. Elle a joué un rôle de mentor pour moi. Le reste est venu naturellement.
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J'ai tout de suite su que c'était ce que je voulais faire, au premier craquement de fouet

Quand as-tu réalisé que c'était ce que tu voulais faire ?
Immédiatement ! C'était quelque chose que je portais en moi depuis toujours. J'appréciais le pouvoir que j'avais en tant que femme. Quand je suis devenue domina, je me suis sentie acceptée. Je me sentais comme chez moi, à ma place. Et je l'ai su tout de suite, au premier craquement de fouet. Ça m'aura aussi permis de voyager au quatre coins du monde, rencontrer pleins de gens différents... Au fil du temps, j'ai réalisé que beaucoup de femmes étaient attirée par ce que je faisais. Elles étaient en demande de conseils et de mentorat. Et c'est là que j'ai réalisé qu'un nouveau chapitre allait démarrer pour moi.
En quoi consiste le fait d'être domina ?
Etre une bonne domina est réellement un talent. C'est un art de la communication qui implique d'être capable de comprendre l'énergie de votre client et leur transmettre mon aura. C'est un réel échange de pouvoir. C'est savoir quand et comment se mouvoir, quel rouge à lèvre porter, que dire et quand... Pour mes clients, je suis la matérialisation d'un fantasme. J'ai toujours aimé jouer des rôles. J'aime profondément les arts du spectacle, le fait d'avoir à m'adapter à différents scénarios etc. Pour ça, je m'appuie beaucoup sur mon énergie féminine, par opposition à une énergie masculine, mais chacun doit trouver ce qui lui convient le mieux.
Tu es aussi coach en « empowerment féminin », en quoi est-ce important pour toi ?
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J'ai connu des épreuves dans ma vie qui m'ont amené à (re)découvrir qui j'étais, et redonner du sens à mon existence. Après le traumatisme que j'ai vécu, je me sentais inutile, sans valeur, pas appréciée...
Devenir coach en empowerment féminin est venu naturellement pour moi. Je voulais partager mon histoire avec d'autres femmes et les inspirer à grandir en retour. C'est en faisant un travail sur moi que j'ai découvert cette envie d'aider les autres. Beaucoup de femmes ont subi des traumatismes, et quand elles refusent de s'y confronter, ça fini par les ronger. Elles finissent par manquer cruellement de confiance en elles, ce qui va avoir des conséquences sur leur santé mentale, leur bonheur, vie sociale et professionnelle mais aussi leur sexualité et capacité à attirer les bonnes personnes dans leur vie. Ma mission est donc d'apprendre à ces femmes à reprendre possession de leur identité et de leur corps. Leur apprendre à arrêter de s'excuser pour qui elles sont et devenir la meilleure version d'elles-mêmes. On travaille beaucoup sur l'image du corps, l'amour de soi...Changer d'état d'esprit aussi bien sûr, car changer de schéma de pensée est encore la meilleure manière de changer sa propre perception de soi et de son corps. Dans mes classes, on est là pour s'entraider et créer un safe space pour permettre non seulement aux femmes d'être elles-même, mais aussi d'être soutenues et appréciées par d'autres femmes. Je pense que c'est ça le summum de l'empowerment féminin, c'est un groupe de femmes qui s'entraident et se soutiennent vers le chemin de l'acceptation et l'épanouissement.
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Que dirais-tu aux femmes qui souffrent d'un manque de confiance en soi ?
Je leur dirais de se souvenir qu'elles ne sont pas la somme de leurs erreurs, ni leur passé. Chaque jour est une nouvelle opportunité de devenir la femme qu'elles souhaitent devenir. Je leur dirais aussi que la confiance en soi commence avec l'acceptation de soi, qu'elles sont belles telles qu'elles sont et que toute leur valeur reposent justement sur leur individualité, leur façon d'être qui elles sont. Arrêtons de nous juger si durement aussi, d'écouter tout ce que les autres ont a dire sur nous. Chasser les pensées négatives est très important également. Se dire qu'on mérite d'être heureuse est crucial, de même qu'arrêter de se comparer aux autres. Réclamez le pouvoir qui vous a été retiré et pratiquez la pensée positive tous les jours. Dites-vous que vous êtes là, ici et maintenant, que vous êtes libre et que vous êtes sexy.
Que fais-tu quand tu manques de confiance en toi ? Où vas-tu pour te sentir mieux ?
Mon refuge, c'est la salle de sport. Ce que je préfère, c'est le vélo spinning. Ça m'aide à chasser les idées noires, et me reconcentrer sur ce qui compte. J'aime aussi porter des poids, ça m'aide à me rendre d'à quel point mon esprit est puissant. Ça m'a beaucoup aidé quand j'étais en depression. Je répète mes affirmations positives tous les jours et j'appelle souvent ma meilleure amie. Elle m'aide à me souvenir de qui je suis et me soutiens dans tout ce que je fais. Tout le monde a besoin d'une meilleure amie, je pense.
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Parlons maintenant business. Est-ce que tu travailles de visu plutôt ou en ligne ?
La majorité de mes clients viennent me voir directement. Certains m'appellent, oui.
Comment est-ce que tu gères ta sécurité personnelle ?
Pour ma sécurité, je ne peux pas répondre à cette question. Je dirais qu'il faut être conscient de tout ce qui nous entoure et suivre ses instincts. La scène fétichiste a beaucoup changé. La figure traditionnelle de la domina a beaucoup changé, surtout depuis l'avènement des réseaux sociaux. Les escorts, stars du porno, strip-teaseuses et dominas sont toutes placées dans le même sac, donc les gens ont de fausses attentes envers moi. Ça vient aussi d'un manque de connaissance sur le sujet.
Est-ce que tu as recours à des safe words ? Quelle est la chose la plus bizarre que tu aies jamais entendue ?
Oui ! Ananas est le mot que j'utilise avec mon copain.
Est-ce que tu penses que ça marche ? C'est déjà arrivé que ça aille trop loin ?
C'est une profession qui repose sur le fantasme, ce qui veut dire aussi que ça arrive souvent que les gens atteignent leur limite plus tôt que prévu.
Combien de temps passes-tu sur ta tenue ?
Au fil des années, j'ai réussi à amasser une bonne collection de gadgets et costumes en tous genres. Dans mon métier, l'habit et les objets sont tout aussi important que le service en lui-même. Ça peut aller de 90 € pour un fouet à 2000 € pour un banc spécialement conçu pour être fouetté. Je m'habille aussi majoritairement en late, cuir et caoutchouc, et là encore les prix peuvent aller de 90 € à 1500 €. Je travaille beaucoup avec des designers (comme exhibit 69 et la Broke Boutique à Londres. Ils me créent des pièces sur mesure. Oh et j'ai une collection de chaussures impressionnantes, forcément.
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Est-ce que tu pratiques la domination financière ?
Oui. J'ai un client avec qui je ne communique que par messages. Je lui donne un montant et il paie. Il y a un mois, j'ai fait le calcul, et j'ai vu qu'en 6 ans il m'avait reversé plus de 17 000 €
Quelle est la demande la plus étrange qu'on t'ait jamais faite ?
Une fois on m'a proposé 2000 € pour servir du caviar, mais pas celui qu'on sert au restaurant. On appelle parfois ça le « toilet training ».
Est-ce que ça arrive qu'on te demande de signer une clause de confidentialité ?
Non. Mes clients savent que je suis discrète et extrêmement respectueuse de leur vie privée.
T'es-tu déjà inquiétée pour le bien-être d'un client et arrêté une session parce que tu sentais que quelque chose n'allait pas ?
Oui, car le bien-être de mes clients est très important pour moi. J'ai eu une fois une session qui s'est transformée en thérapie. J'ai pris vite conscience que mon client était tourmenté, et je l'ai donc orienté vers un service qui pourrait lui venir en aide.
Es-tu en couple, et si oui, comment ton/ta partenaire voit ton métier ?
J'ai été en couple plusieurs fois oui, au cours de ma carrière. C'est définitivement un challenge. Certains hommes se sentaient menacées par le métier, d'autres étaient jaloux de mon succès et ont essayé de me changer ou de me faire me sentir mal vis à vis de ce que je fais. Certains hommes me voyaient comme une menace par exemple, et j'ai connu plusieurs formes de violences conjugales et on m'a aussi volé de l'argent ou des biens. Ça m'a fait beaucoup de mal, forcément. A un moment, sortir avec des mecs était devenu difficile. Pour beaucoup, je suis un fantasme. Etre en couple avec moi et me présenter à leur mère est une toute autre histoire. Beaucoup d'hommes avaient le sentiment que je réclamais trop d'attention ou que j'étais trop dure à gérer. J'ai passé beaucoup de soirées seule, à prier pour qu'on m'aime et qu'on m'accepte telle que je suis. Puis j'ai rencontré un homme qui était intéressé par le BDSM et adorait le fait que je sois une domina. On a beaucoup discuté et on discute toujours beaucoup. On s'est mis d'accord sur nos limites. Il a confiance en moi – et en lui. Parfois, il vient avec moi au donjon, rencontre mes clients et m'aide même à m'habiller pour un photo-shooting. On s'amuse beaucoup et il comprend que tout ça fait partie de moi.
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Tu travailles aussi avec des couples ?
Oui, je leur apprends par exemple comment incorporer la pratique SM dans leur relation. La plupart des demandes que j'ai vienne de femmes qui veulent apprendre à être dominantes. J'aime beaucoup cet aspect de mon travail parce que ça permet de rapprocher les couples. C'est beau de pouvoir explorer ses fantasmes avec quelqu'un qu'on aime. Mon prochain workshop portera d'ailleurs sur ça, le fétichisme et le BDSM, et la meilleure manière de communiquer à ce sujet avec son partenaire.
Est-ce qu'il y a un fétiche que tu trouves vraiment trop bizarre/ qui n'est vraiment pas ton truc ?
Je n'aime pas employer ce mot. Il y a des choses que j'aime et d'autres qui ne sont pas mon truc, mais je ne juge pas. Par exemple, je n'aime pas le needle play. Ça implique souvent d'insérer une aiguille dans les parties génitales de l'autre. Pas mon truc, désolée.
Quelle est la demande que tu reçois le plus ?
Bien que je ne le pratique pas, je dirais que le plus courant est encore le force bi. L'idée c'est de forcer un homme à coucher avec un autre homme. s'en suit alors des châtiments corporels, mais ça je le fais. C'est même d'ailleurs ce que je préfère.
Selon toi, quel est le pourcentage de domination psychologique vs domination physique dans tes consultations ?
Tout forme de domination est psychologique, même celles qui n'ont recours qu'à que des châtiments physiques.
Est-ce que tu as déjà éprouvé des sentiments pour un client ?
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Jamais.
As-tu déjà reçu des commentaires négatifs ?
Jamais.
As-tu des conseils à donner aux débutants ? Ou des conseils pour se prendre au jeu ?
Mon conseil est de s'inventer un personnage et de tout faire pour l'incarner. Demandez-vous comment votre personnage se comporte, comment iel marche, s'habille etc. Donnez-lui un nom et faites-en votre alter ego. Essayez d'y croire du début à la fin. Au final, ça s'apparente beaucoup à la méthode Stanislavski, qu'on enseigne aux comédiens.
Ça t'arrive de t'ennuyer pendant une séance ?
Oui, ça m'arrive de penser à autre chose, comme par exemple si j'ai bien éteint le gaz ou enregistré mon film préféré.
Quelle est la plus grande idée fausse sur ton travail ?
Que je couche avec mes clients.
Combien coûte une séance avec toi ?
Mes tarifs sont très bien fixés. Généralement, je demande 450 € pour une heure, plus les frais engendrés si le client a une demande spécifique. Mes tarifs à l'étranger son plus chers, évidemment.
Dis-nous un truc choquant
Je ne suis pas excitée par le porno. Beaucoup de gens croient que c'est mon truc, mais pas du tout !
Vous pouvez visiter le profil de Madam Storm sur www.teachmestorm.co.uk ou la suivre sur Instagram @madamstorm. Retrouvez plus de détails sur ses cours, workshops et masterclasses ici  et ici.
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