La discrimination sur le lieu de travail - fondée sur le sexe, la race ou la religion - est illégale en France. Mais lorsqu'il s'agit de discrimination raciale liée aux cheveux, les lignes sont floues, bien que ce soit un sujet de préoccupation constant pour les femmes noires. Une étude réalisée par le Perception Institute en 2017 a révélé qu'une femme noire sur cinq ressent la pression sociale de se raidir les cheveux pour le travail et qu'elle est beaucoup plus susceptible que les femmes blanches de ressentir de l'anxiété à ce sujet.
Il n'existe pas de loi au Royaume-Uni protégeant spécifiquement contre la discrimination en matière de coiffure, mais aucun employé ne devrait se sentir inadéquat et certainement pas être traité de manière défavorable en raison de sa race, de sa religion ou de sa texture de cheveux.
C'est complètement absurde de juger la performance d'un individu à sa coupe ou texture de cheveux.
Je n'ai jamais été discriminée pour mes cheveux avant de commencer à travailler dans une entreprise à prédominante blanche. Il y a généralement très peu de personnes noires dans l'industrie vétérinaire ; la plupart des gens qui y travaillent sont blancs et appartiennent à la classe moyenne, avec peu de connaissances des questions raciales. Chaque fois que je perdais mes cheveux au travail, on me lançait des regards curieux et j'avais droit à des comparaisons bizarres avec des objets ou des animaux - ce qui, j'en suis sûre, ne partait pas d'une mauvaise intention, mais dont je me serais bien passée. À la longue, c'était déshumanisant. Bien que personne ne m'ait dit que je ne pouvais pas porter mes cheveux au naturel, j'ai toujours su qu'il y aurait des commentaires et des gestes déplacés - comme de toucher mes cheveux sans ma permission par exemple.
Chaque fois que je perdais mes cheveux naturellement, on me lançait des regards curieux et j'avais droit à des comparaisons bizarres avec des objets ou des animaux.
Même si j'étais en colère et bouleversée d'avoir l'impression que ma culture n'était pas acceptée, je savais que la direction était généralement problématique et que donc son comportement n'était pas particulièrement surprenant. Depuis, j'ai déménagé dans une autre clinique où j'ai été tout de suite très vocale sur les discriminations raciales sur le lieu de travail. Heureusement, je n'ai pas eu de problèmes ici.
Vous savez, des histoires comme celle que je viens de vous raconter, j'en ai entendu des centaines. Il n'y a pas si longtemps, j'ai été interviewée par une startup où je parlais avec la chef du département marketing [féminin, métisse] et son boss. Nous parlions de l'app que j'ai créée et elle m'a demandé : "Oh, est-ce que votre application sait faire de fausses locks ? J'aimerais trop en porter !". Ce sur quoi son patron s'est exclamé : "Ne viens jamais au travail comme ça… Je te vire sur le champ si tu arrives un jour avec des dreadlocks." Ça m'a laissé sans voix.
Je porte toujours des tissages ou des perruques. Ma relation avec mes cheveux est très complexe et d'avoir entendu à un très jeune âge que mes cheveux étaient dégoûtants, très franchement ça vous marque.
Quand j'étais jeune, j'avais du mal à me rendre compte de ça, mais au fond j'ai été traumatisée. Jusqu'à maintenant, j'ai du mal à porter mes cheveux au naturel. Je porte toujours des tissages ou des perruques. Ma relation avec mes cheveux est très complexe et d'avoir entendu à un très jeune âge que mes cheveux étaient dégoûtants, très franchement ça vous marque. Déjà qu'il y avait très peu de noirs dans mon école à l'époque, ça ne m'avait pas aidé à me sentir intégrée, ni à développer une bonne estime de moi-même. C'est aussi pour ça que j'ai lancé une pétition, pour pouvoir aider les autres à se sentir moins inadaptés.
J'ai travaillé dans beaucoup de journaux dont les équipes de rédaction étaient dirigées par des hommes blancs. Je me souviens d'une fois où j'éclaircissais un malentendu avec mon rédacteur en chef. Il a clôturé la conversation par un "Ok ma soeur, pas la peine d'agiter tes cheveux d'avant en arrière comme un fouet."
Une anecdote particulièrement marquante à nous raconter ?
À la fête de Noël une fois, je suis arrivé avec une perruque. Une collègue s'approche de moi devant tout le monde et me dit : "Mon Dieu, tu dois avoir chaud là-dessous !" Je l'ai regardée et j'ai dit : "Non, ça va". Elle a insisté : "T'es sûre ? Allez enlève-moi ça !"
les femmes noires sont constamment scrutées, y compris pour les coiffures qu'elles portent, et ce par les mêmes personnes qui s'approprieront notre look plus tard.
Quand je n'avais pas de travail, j'étais heureuse de pouvoir faire ce que je voulais avec mes cheveux. Maintenant, il y a toujours cette inquiétude que mes cheveux risquent d'influencer la façon dont les gens me traitent au boulot. Quand j'étais plus jeune, une prétendue "responsable de l'apprentissage" m'a convoquée dans son bureau pour me demander si je pensais que mes tresses étaient "appropriées" pour l'école, puis m'a demandé de les enlever sous prétexte qu'elle pense "que cela pourrait détourner mon attention de l'apprentissage". Malheureusement, on est confrontée à ce genre de discrimination à un très jeune âge.
Je suis choquée, mais pas surprise non plus que ça arrive. Après tout, les femmes noires sont constamment scrutées, y compris pour les coiffures qu'elles portent, et ce par les mêmes personnes qui s'approprieront notre look plus tard. Ça reste pénible quand on vieillit, mais pour les plus jeunes, je peux imaginer que ça puisse causer beaucoup de confusion et de contrariété. On dit aux femmes noires d'aimer leurs boucles et de laisser tomber les perruques et les tissages - mais regardez ce à quoi nous sommes confrontées !