Comme beaucoup de femmes, mon poids est un sujet dont je me préoccupe depuis mon plus jeune âge. Pourtant, alors que je connais beaucoup de femmes qui feraient tout pour perdre du poids, j'ai toujours rêvé d'être un peu plus ronde.
J'ai grandi à l'époque des top-modèles, au début des années quatre-vingt-dix, où la minceur était glorifiée, mais je détestais ma silhouette. Dans les communautés noires, on ne fait pas l'éloge de la minceur. En fait, cela détonne même. Ma mère et ma sœur ont toutes deux des courbes naturelles, ce qui m'a fait penser que quelque chose n'allait pas chez moi. Pourquoi n'étais-je pas capable de prendre du poids de la même manière qu'elles ?
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Mon poids était souvent le sujet de discussion avec mes amies et ma famille. Une fois, à l'école, une de mes amies m'a vue me changer avant un cours d'EPS et m'a sorti : "Wow, tu es si maigre, tu as l'air anorexique". J'ai eu le cœur brisé : étais-je si mince qu'on aurait dit que je ne mangeais pas ? Cette petite insécurité est vite devenue une obsession. J'ai commencé à porter deux paires de collants à l'école pour me faire paraître plus grosse et deux soutiens-gorge pour faire grossir mes seins. J'utilisais l'argent de mon déjeuner pour acheter des boissons protéinées afin de prendre du poids.
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Une fois, à l'école, une de mes amies m'a vue me changer avant un cours d'EPS et m'a sorti : "Wow, tu es si maigre, tu as l'air anorexique". J'ai eu le cœur brisé : étais-je si mince qu'on aurait dit que je ne mangeais pas ?
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Sabrina, 23 ans, une Londonienne originaire des Caraïbes, peut en témoigner. Elle a pris conscience de son poids vers l'âge de 7 ans. Elle se souvient avoir eu une drôle de relation avec la nourriture et mangeait souvent très lentement. Les membres de sa famille se sont inquiétés et ont fait des commentaires sur son poids. "Beaucoup de membres de ma famille et d'amis se moquaient de moi parce que j'étais maigrichonne. Je n'avais pas de fesses et pas de seins alors que ma grand-mère et ma mère ont de gros seins. Je me disais : Où sont passés les miens ?", se confie Sabrina.
Funmi*, 21 ans, qui a grandi en Écosse, a remarqué une différence lorsqu'elle est rentrée au Nigeria à l'âge de 11 ans. "Lorsque je vivais en Écosse, le concept de beauté que je suivais était le concept occidental de la beauté", me dit-elle. "Je savais qu'être maigre était joli ou acceptable". Lorsqu'elle a déménagé au Nigeria, elle a remarqué une différence dans la façon dont la beauté était perçue. "Les normes de beauté ont changé, notamment lorsque je suis devenue plus attirée par les hommes noirs. J'ai réalisé qu'être mince ne convenait pas".
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Liz, 21 ans, originaire du Kent et élevée dans un foyer nigérian, a vécu une expérience similaire. "Je me rendais à des fêtes ou à des événements familiaux et j'étais connue comme étant la "fille maigre". Et même si je ne me considérais pas comme maigre en soi, quand je suis arrivée à l'adolescence, j'ai réalisé que toutes mes amies étaient plus corpulentes que moi", raconte Liz.
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J'ai l'impression de ne pas être à la hauteur des attentes des gens par rapport à mon corps et de les décevoir en tant que femme noire.
Liz, 21 ans
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Il ne fait aucun doute que ce genre de commentaires peut affecter l'estime de soi, mais pour les filles noires minces, ces mots peuvent également affecter la relation qu'elles entretiennent avec leur blackness. Funmi me dit que son corps la fait se sentir moins féminine d'une certaine manière. "Ma mère et mes deux sœurs ont des formes alors que j'ai un corps très athlétique, ce qui affecte beaucoup ma perception de la féminité. J'ai l'impression que rien ne me donne l'impression d'être une femme", ajoute Funmi.
Liz est du même avis et déclare qu'être mince lui donne l'impression d'être moins une femme noire. "J'ai l'impression de ne pas être à la hauteur des attentes des gens par rapport à mon corps et de les décevoir en tant que femme noire", ajoute Liz.
Bien que les femmes noires naturellement minces subissent une pression pour prendre du poids, la grossophobie existe toujours dans la communauté noire, ce qui nuance la conversation. Funmi déclare : "Je sais que la minceur est toujours considérée comme plus désirable, car la grossophobie est encore très répandue, mais il semble que les courbes soient le look par défaut des femmes noires". On attend des femmes noires qu'elles aient une silhouette parfaite, ni trop grosse ni trop mince.
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Cette attente pourrait expliquer en partie pourquoi davantage de femmes noires optent pour un Brazilian Butt Lift (BBL), autrement dit un lifting brésilien des fesses. Selon une enquête de la International Society of Aesthetic Plastic Surgery, les procédures BBL ont connu une hausse de 77,6 % depuis 2015. Certaines influenceuses populaires, comme Miss R Fabulous et Shani Jamilah, ont eu recourt à cette procédure.
Avant l'apparition des réseaux sociaux, la chirurgie plastique était considérée comme un tabou, en particulier dans les différentes communautés noires. Aujourd'hui, le BBL est considéré comme une option viable pour les femmes noires qui sont naturellement minces. Liz dit qu'elle s'est entichée de la chirurgie plastique mais qu'elle n'a jamais sérieusement envisagé de se faire opérer. Sabrina a entendu trop d'histoires d'horreur sur la chirurgie plastique et n'envisagerait pas de passer sous le bistouri. Funmi, en revanche, a pensé à se faire opérer. "Je suis une grande sœur et je ne voudrais pas que ma petite sœur ait l'impression qu'une partie de son corps a besoin d'être modifiée. Mais si ça ne tenait qu'à moi, je me ferais refaire les seins et j'augmenterais d'une ou deux tailles", ajoute Funmi.
J'ai bien trop peur des risques de la chirurgie plastique, alors je ne me vois pas me faire opérer. Et en vieillissant, j'ai naturellement pris du poids et je suis plutôt satisfaite de mon corps aujourd'hui. Cela dit, les réseaux sociaux me donnent souvent l'impression que je dois être plus curvy. Lorsque je commence à ressentir cela, j'essaie de me rappeler que la plupart des choses que nous voyons sur Instagram ne sont pas réelles.
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Liz affirme qu'en s'intéressant de plus près à la mode, elle a réalisé qu'il y avait des tonnes de filles noires minces. "Cela m'a fait cesser de me préoccuper autant d'essayer de prendre du poids. Les femmes noires qui m'entourent sont plus corpulentes que moi, mais cela ne veut pas dire que les femmes noires minces n'existent pas", explique Liz.
Au fil des ans, j'ai dû me dire que mon poids ne définissait pas ma Blackness ou ma féminité. Mon poids ne fait pas de moi une moins bonne femme noire et l'idée que toutes les femmes noires devraient avoir des formes est problématique. La communauté noire n'est pas un monolithe ; nous avons toutes sortes de morphologies différentes, qui sont toutes belles et doivent être acceptées.
*Le nom a été modifié
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