Notre corps a sa propre façon de nous prévenir lorsque quelque chose ne va pas, et les poils et les cheveux sont l'un de ses nombreux moyens de communiquer. Alors que les pointes fourchues sont simplement une façon de nous dire de prendre soin de nos cheveux, et que quelques poils de menton n'ont rien de préoccupant, d'autres signes peuvent en revanche indiquer un problème de santé plus sérieux.
Les causes d’une pilosité anormales sont multiples, et peuvent se traduire par une hyperpilosité ou, au contraire, une perte de cheveux. L'alopécie, les déséquilibres hormonaux, les effets secondaires des médicaments et même une mauvaise alimentation ou un problème de santé mentale peuvent tous inhiber ou stimuler la pousse du cheveu. « Comme les poils (et les cheveux) sont des tissus non essentiels, ils sont incroyablement sensibles à l'état de santé général et sont souvent la première partie de notre corps à présenter des symptômes de troubles métaboliques, alimentaires ou hormonaux, » explique Anabel Kingsley, trichologue chez Philip Kingsley.
PublicitéPUBLICITÉ
“
Mon mari m'a montré comment me raser le menton en toute sécurité et c'est assez drôle, car on se retrouve parfois à se raser ensemble dans la baignoire.
”
Les hormones sont un facteur déterminant de la croissance des cheveux et des poils et le moindre déséquilibre de votre système endocrinien peut conduire à l'hirsutisme, voire au virilisme, chez la femme. « La croissance excessive des poils touche environ 10 à 15 % des femmes dans la plupart des populations, » explique le Dr. Kapil Bhargava, dermatologue, et bien que les formes les plus courantes de pilosité excessive soient dues à la génétique, « le syndrome des ovaires polykystiques est la cause la plus courante d'hirsutisme. »
Un trouble hormonal qui affecte le fonctionnement des ovaires, le syndrome des ovaires polykystiques se manifeste par une série de kystes ovariens, des règles irrégulières, une prise de poids et des taux élevés d'hormones mâles appelées androgènes (dont la testostérone), qui provoquent une croissance excessive des poils, souvent épais et foncés — généralement sur le visage, le ventre et le dos.
C'est à 29 ans que Jess a été diagnostiqué du syndrome des ovaires polykystiques. Elle a dû commencer à se raser dès l'âge de 9 ans. Elle a confié à Refinery29 que l'une de ses plus grandes craintes était de ne jamais se marier. Je me disais : « Je suis poilue et donc moche. » Je m'épilais, je me rasais ou je faisais tout ce que je pouvais pour cacher que j'étais poilue, mais mon mari et moi avons emménagé ensemble très tôt, alors il est devenu plus difficile de me cacher plus longtemps. Ce sont surtout mes poils au visage qui m'ont rendu la vie difficile — le reste était gérable — mais avoir des poils sur le menton et les joues, c'était le cauchemar ! »
PublicitéPUBLICITÉ
Après des années d'épilation à la cire, de rasage et d'épilation au laser, Jess dit qu'elle a cessé de laisser les ovaires polykystiques affecter son image corporelle ainsi que sa relation. « Mon mari m'a montré comment me raser le menton en toute sécurité et c'est assez drôle, car on se retrouve parfois à se raser ensemble dans la baignoire, et je réalise à quel point je suis chanceuse de l'avoir trouvé. »
Bien qu'il s'agisse de la plus fréquente, le syndrome des ovaires polykystiques n'est pas la seule maladie qui peut entraîner une pilosité excessive sur le corps et le visage. Les changements hormonaux sont l’un des déclencheurs principaux de la pilosité du visage, ce qui signifie que les femmes enceintes ou ménopausées sont plus susceptibles de connaître une augmentation de leur pilosité, mais le Dr Bhargava explique également à Refinery29 que l'hirsutisme est souvent un effet secondaire des médicaments comme le danazol, utilisé en traitement de l’endométriose ou la fluoxétine, un antidépresseur vendu sous le nom de Prozac. « L'obésité peut également entraîner une augmentation de la production d'androgènes, [tout comme] l'anorexie, ou d'autres troubles du comportement alimentaire. »
Le Dr Bhargava explique qu'il existe un certain nombre de troubles endocriniens rares qui entraînent des excès hormonaux contribuant à l'hirsutisme, notamment le syndrome de Cushing, une affection causée par des taux élevés de cortisol. Bien que très rare — il touche une personne sur 50 000 — les femmes sont trois fois plus susceptibles de développer le syndrome que les hommes.
PublicitéPUBLICITÉ
À l'opposé des troubles comme les syndromes des ovaires polykystiques et de Cushing, il existes des maladies qui entrainent la chute des cheveux. « La calvitie et la perte de cheveux chez les femmes sont beaucoup plus fréquentes qu'on ne le croit, » explique Kingsley. « Dans les faits, la recherche montre qu'une femme sur trois perds ses cheveux à un moment de sa vie. » Bien que perdre ses cheveux fasse partie intégrante du cycle de croissance, c'est quand la perte de cheveux devient trop importante qu'il y a anguille sous roche.
“
Tenter de fuir cette situation, c'était comme me fuir moi-même. Si je veux avoir une relation saine avec mon corps, je dois aussi établir une relation avec les parties de moi-même que je n'aime pas nécessairement.
”
Il existe de nombreux facteurs pouvant potentiellement déclencher une perte de cheveux, ce qui rend difficile d’en déterminer la cause, mais Kingsley explique que la plupart des chutes de cheveux sont en réalité réactives, provoquées par un déséquilibre interne. « Les causes les plus courantes sont les carences en vitamines et en minéraux. Les régimes extrêmes, le manque de protéines, une période de mal-être, le stress, la grossesse et les déséquilibres thyroïdiens peuvent aussi être des facteurs déclenchants, » nous dit-elle.
« La pilule contraceptive peut à la fois accélérer ou ralentir la chute de cheveux, » explique le Dr Bhargava, et elle est souvent prescrite comme traitement pour le syndrome des ovaires polykystiques. Cependant, il souligne que bien que les contraceptifs soient un traitement reconnu à la fois pour la perte de cheveux chez et l'hirsutisme les femmes, « les pilules contraceptives — où la progestérone imite les androgènes masculins — peuvent aggraver la perte de cheveux chez les femmes et seront alors inefficaces pour traiter l'hirsutisme. »
PublicitéPUBLICITÉ
Les cheveux sont l'une des parties les plus politisées du corps féminin et en raison de la notion de la société de la féminité, le consensus est que les cheveux doivent être longs et volumineux, les sourcils fournis et épais, et le reste de votre corps aussi lisse que dans une pub pour des rasoirs Gillette Venus. Les cheveux sont liés de façon inhérente à l'estime de soi, donc lorsque votre corps fait exactement le contraire — produisant plus de poils sur le visage et le corps et peu ou pas de poils sur votre tête — il n'est pas surprenant que votre confiance puisse vaciller.
« C’est comme si leur corps n’en faisaient qu’à sa tête, » explique Dr. Vivian Diller, psychologue spécialisée en image corporelle. « L'alopécie et l'hirsutisme sont des expériences très troublantes pour la plupart des femmes, mais si elles comprennent pourquoi elles se sentent ainsi, cela seul peut les aider à gérer leur réaction. » Les deux tiers des 1 000 femmes interrogées dans le cadre de We Can Face It, une campagne 2010 de soutien aux femmes ayant des poils indésirables sur le visage, ont déclaré se sentir « non féminines » et 30 % souffraient de dépression clinique. La recherche montre également que la perte de cheveux peut avoir un impact psychologique réel et dommageable, et bien que nous ayons tendance à penser que la calvitie n'affecte que les hommes, les femmes sont beaucoup plus susceptibles de souffrir émotionnellement en conséquence.
« J'ai toute une partie à l'avant de ma tête qui est complètement chauve, » dit le blogueur the Slumflower, qui souffre d'alopécie de traction causée par des défrisants chimiques et des extensions de cheveux. « Dans la communauté noire, il y a un stigma important autour de la calvitie, dit-elle à Refinery29. »
« J'ai décidé que j'en avais assez d'essayer de cacher quelque chose qui n'était pas près de disparaître. Tenter de fuir cette situation, c'était comme me fuir moi-même. Si je veux avoir une relation saine avec mon corps, je dois aussi établir une relation avec les parties de moi-même que je n'aime pas nécessairement. »
Si l'on considère le nombre de problèmes de santé qui affectent non seulement l'apparence, mais aussi l'existence même des poils et des cheveux, il est certainement temps de se débarrasser des tabous entourant la perte de cheveux et l'hirsutisme. « Nous donnons beaucoup d'importance à notre apparence physique, car on nous a appris à que c'était ce qu'il y a de plus important, donc nous critiquons excessivement notre corps, dit Slumflower, mais nous avons aussi une âme. Le Dr Diller est du même avis, disant que l'estime de soi ne devrait pas dépendre exclusivement de notre apparence : « Avoir confiance en soi, c'est très important pour représenter la véritable beauté. »
PublicitéPUBLICITÉ