Lorsque j’ai pris la décision d’avoir un enfant, je savais que ma carrière, mes finances et mon sommeil allaient être chamboulés. Ce n’est pas que ça me réjouissait, mais je m’étais faite à l’idée. Mais ce qui me réjouissait en revanche, c’était la promesse d’une vie sociale, qui elle aussi serait perturbée. Hourrah ! Me disais-je. Enfin une bonne excuse pour rester chez moi. J’avais vraiment hâte.
Ce n’est pas vraiment que je suis timide (bien que je le sois un peu), mais j’ai toujours trouvé les engagements sociaux épuisants. Avant de me lancer en freelance, quand je travaillais encore pour un magazine, je ressentais le besoin de passer du temps seule pour me remettre de ma semaine. Alors que mes collègues s’empressaient de faire des plans pour leurs week-ends, je faisais de mon mieux pour ne pas en faire partie, préférant recharger mes batteries en ne parlant à personne aussi longtemps que possible.
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Après des années à combattre cet instinct et à me forcer à faire des choses que je n’avais pas envie de faire, j’allais enfin pouvoir admettre ce que j’étais en réalité : une introvertie. Comme beaucoup d’introvertis, j’étais réaliste quant à la quantité d’engagement social que je pouvais supporter, et je m’assurais de garder certains créneaux durant lesquels je pourrais rester chez moi et me détendre un livre à la main, car je comprenais pleinement l’importance que cela avait sur mon bien-être.
Dans mon esprit, avoir un enfant allait me donner la meilleure des excuses pour éviter ces événements et me permettre de sculpter mon temps libre comme je le voulais. Sauf que ce n’est pas ce qui s’est passé.
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J'aime mon fils, et je suis prête à tout pour lui... sauf à entrer dans une salle pleine d’inconnus et à engager la conversation apparemment.
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Pour commencer, du temps libre quand on est parent, on n'en a pas. Mais alors, pas du tout. En plus, on n’est plus jamais seul (réussir à aller aux toilettes seule relève de l'exploit). Mais l’aspect le plus important — et celui dont personne ne m’avait parlé —, c’est que quand on est parent, on passe son temps à sauter d’une activité à l’autre.
Une fois que mon fils est né, j’ai rapidement réalisé qu’il avait besoin d’amour, de chaleur, de nourriture et… de sociabilisation. Après avoir passé les six premiers mois de sa vie à la maison avec moi, il devenait clair qu’il avait besoin d’une stimulation extérieure.
Après ça, il y a eu les cours d’initiations musicale (un gros, c’est un groupe de mamans assises par terre, à la bibliothèque par exemple, et qui tapent sur un tambourin au rythme de « une souris verte » pendant que leurs bébés essaient de s’évader de leurs genoux), des leçons de natation et d’autres rencontres de jeux. Avoir un bébé n’a pas été l’excuse parfaite pour me soustraire à mes obligations sociale que j’espérais, mais plutôt à l'origine de discussions sans fin avec d’autres parents, ce qui me pompait toute mon énergie. Lors des premiers mois de ma vie de maman, j’avais l’impression d’avoir constamment autour de moi des clans de parents qui semblaient de tous se connaître, alors que je restais en marge, espérant secrètement pouvoir prendre la main de mon fils et retrouver le confort de mon canapé.
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Mais c’est quand il a commencé à aller à la crèche — et que les invitations aux anniversaires ont commencé à affluer — qu’il est devenu évident que mon fils et moi, on n’était pas taillés dans la même étoffe. Je le voyais courir vers moi une énième invitation d’anniversaire à la main, débordant d’excitation, alors que je rouspétais en silence. J'aime mon fils, et je suis prête à tout pour lui... sauf à entrer dans une salle pleine d’inconnus et à engager la conversation apparemment.
Mais je le fais quand même. Parfois, on assiste même à deux fêtes d’anniversaire en une journée. Il m’arrive d’être tentée de prétendre que la fête a été annulée avant de me résigner et de mettre une boite de paracétamol et une bouteille d’eau dans mon sac, en prévision de l’inévitable migraine qui m’attend. Malgré mes réserves, son bonheur passera toujours avant les malaises qui pourraient survenir.
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En lui montrant que ça ne sert à rien d’avoir peur, j’ai réussi par accident à m’en convaincre moi-même.
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Et pourtant, malgré son excitation à l’idée de rencontrer de nouvelles personnes, et de passer du temps avec ses amis, il arrive parfois que mon fils, tout comme moi, se sente envahi par un sentiment de timidité. Il arrive qu’il reste planté devant une porte fermée, incapable de l’ouvrir et d’entrer dans la pièce. Dans ces moments-là, je prends sa main et je le guide à l’intérieur, faisant preuve d’une assurance dont je ne dispose pourtant pas.
En lui montrant que ça ne sert à rien d’avoir peur, j’ai réussi par accident à m’en convaincre moi-même. L’une des conséquences inattendues d’avoir un fils extraverti et de devoir discuter avec les mêmes parents, c’est que je me suis faite des amis. Je me surprends à les chercher du regard à la porte de la crèche ou au parc, je les invite à venir jouer à la maison et j’apprécie leur compagnie.
Je continue a apprécier le temps passé en petit comité avec ma famille et je comprends que j’ai besoin de ces moments de calme à la maison entre nous pour recharger mes batteries, mais je ne redoute plus les activités de mon fils. J'irai même jusqu'à dire que je les attends parfois avec impatience.
Je sais que sans mon fils et son petit frère, je passerais la plus grande partie de mon temps seule, tout particulièrement depuis que j’ai opté pour le télétravail. Mon monde serait bien plus restreint. Mais à mesure qu’il grandit et que ses besoins changent, il continue de me pousser en dehors de ma zone de confort chaque jour. Être la mère introvertie d’un petit garçon extraverti est un défi qui change et évolue constamment, mais j'en suis reconnaissante. Grâce à lui, je n’ai plus l’impression d'être spectatrice de ma vie.
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