Selon une définition de l'Urban Dictionary, un·e monogame en série est "une personne qui passe d'une relation à l'autre sans interruption".
On en connait tou·tes un·e. On est peut-être nous-même monogame en série. Une personne qui enchaîne les relations (courtes ou longues) et qui reste mystérieusement peu de temps célibataire ; qui rompt avec une personne une semaine et qu'on voit au bras d'une autre la semaine suivante.
Et nous avons des idées bien arrêtées sur les monogames en série. Allons plus loin dans la liste des définitions de l'Urban Dictionary :
2 : "Une personne qui ne supporte pas d'être célibataire et qui passe d'une relation à l'autre sans aucune interruption entre les deux."
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3 : "Un descriptif pour une personne qui a des problèmes d'engagement, mais qui n'est pas infidèle".
Bref, l'image que l'on se fait de la monogamie en série n'est pas très reluisante. Nous pensons que c'est une pratique qui est émotionnellement malsaine et que les personnes qui s'y adonnent investissent tellement dans des relations sans lendemain qu'elles passent à côté d'un développement personnel essentiel, et sont tout simplement terrifiées à l'idée d'être seules.
Mais qu'en est-il réellement ? Que pensent les psychologues de cette pratique ? Est-il nuisible pour notre santé émotionnelle de passer d'une relation à l'autre sans prendre le temps de s'en remettre ?
Selon la psychologue Mari Kovanen, "Les raisons qui poussent une personne à passer d'une relation amoureuse à une autre sont multiples".
"Cela peut être dû à une peur de l'engagement ; la personne a envie d'être dans une relation sérieuse, mais quand la relation passe un certain cap et atteint une certaine maturité, elle se sent étouffée, et y met un terme pour rapidement passer à autre chose.
"Une autre raison peut être la peur de se retrouver seul. Mais chaque personne est différente, et on ne peut pas vraiment dire si c'est sain ou non - cela dépend de la détresse et de la souffrance que ressent la personne concernée".
Alors si vous espériez que les stéréotypes sur les monogames en série soient infondés, eh bien mauvaise nouvelle.
"Chaque fin de relation est comme une mort en miniature", explique la psychologue Donna Dawson. "Il est important de la pleurer, d'en faire le deuil et de réfléchir ; il faut prendre le temps de s'en remettre. Lorsque qu'on ne se laisse pas de temps après une relation, la nouvelle devient un "palliatif" et tout ce que vous faites, c'est combler votre besoin de ne pas être seul.
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"La monogamie, c'est bien, mais si ce n'est pas une démarche réfléchie, ce n'est pas une solution saine à long terme".
L'important dans ces situations, souligne Mari, est de déterminer si cela vous fait du mal.
Mais alors, qu'en disent les monogames en série ?
Au cours des cinq dernières années, Béa* (24 ans) a été célibataire pour un "grand total" de cinq mois. "J'ai le sentiment d'avoir besoin d'engagement et de stabilité", dit-elle, "car cela fait défaut dans d'autres domaines de ma vie - je mène un style de vie très nomade depuis l'âge de 11 ans.
"J'ai tendance à passer d'un extrême à l'autre - je suis passée de sortir tous les soirs avec une personne différente à emménager avec quelqu'un en moins d'un an".
Comme le souligne Bea, si un sentiment de sécurité et de stabilité n'est pas assuré par un foyer stable et une famille qui vous soutient, il est compréhensible de le chercher ailleurs.
"Je retire énormément de mes relations", dit Katrina*, 30 ans, qui n'a pas été célibataire plus de quelques semaines depuis l'âge de 15 ans.
Pendant cette période, la durée des relations de Katrina a varié de trois mois à trois ans et, tout comme Bea, qui manquait de stabilité dans d'autres domaines de sa vie, le couple a été pour Katrina un facteur essentiel.
"Je n'ai pas de famille qui me soutienne. Je n'ai pas une bonne relation avec ma mère par exemple, donc je suppose que j'essaie de trouver dans mes relations de couple ce soutien émotionnel qui fait défaut dans les contextes traditionnels. Pour moi, cela a été positif, et même salvateur".
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Bouée de sauvetage ou pas, en ne se laissant pas le temps de respirer entre deux relations, les monogames en série risquent, comme le souligne Donna, de se servir de ces relations comme d'un "pansement" à la solitude. On peut donc se demander ce qu'il se passerait si au lieu de remplir ce vide le plus vite possible, ces personnes choisissaient l'alternative ?
C'est exactement ce qu'à appris à faire Lisa*, 26 ans, au fil des ans :
"Je n'avais pas pour habitude de faire de pause entre deux relations, mais je me suis rendu compte que j'avais besoin de temps pour analyser ce qui avait mal tourné et la façon dont je pouvais apprendre de mes erreurs", dit-elle.
"Depuis, j'essaie d'attendre environ un an avant de m'engager dans quelque chose de sérieux - je veux m'assurer que je suis complètement passée à autre chose et que je suis prête à entamer le prochain chapitre.
Je pense que cela me rend plus forte. Quand on est dans une relation depuis longtemps, on oublie comment être seul - et c'est assez difficile au début.
En prenant le temps d'être célibataire, vous apprenez à apprécier le temps passé avec vous-même et les gens qui vous entourent. "
Il est indéniable qu'une pause est préférable pour l'équilibre émotionnel. C'est une chose de le savoir, mais c'est autre chose de le mettre en pratique. Il n'est donc pas surprenant que les monogames en série finissent souvent par vivre selon le dicton : Le moyen le plus rapide d'oublier quelqu'un est de passer sous quelqu'un d'autre.
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"Il m'arrive de rester dans une relation difficile pendant des mois - voire des années - après qu'elles auraient dû prendre fin. Tout ça parce que j'ai du mal à identifier mes sentiments, ou à faire suffisamment confiance à ces sentiments pour agir", confie Katrina.
J'ai tendance à vouloir que chaque relation dure toute la vie, même si ce n'est clairement rien de plus une simple aventure !
Alors, ce qui m'aide à passer à autre chose, malheureusement, c'est de rencontrer quelqu'un d'autre, alors seulement je peux quitter l'ancienne personne pour la nouvelle.
Ça peut sembler malsain. C'est malsain. Mais nous avons tous des raisons d'agir comme nous le faisons."
Du point de vue de Bea et Katrina, les stéréotypes associés aux monogames en série - sauter d'une relation à l'autre dans l'espoir que la suivante sera meilleure, la peur d'être seul - semblent traduire un simple désir d'être aimé et soutenu. Et bien qu'elles reconnaissent le caractère épineux de cette habitude, ni l'une ni l'autre n'expriment de regret quant à leurs relations passées. Comme le dit Béa : "Les sentiments que j'ai eus pour chacun de mes partenaires ont été authentiques - je n'ai donc aucune raison de les regretter".
Après tout, nous rappelle Donna, une relation heureuse peut apporter soutien affectif, confiance en soi, amour et une vie sexuelle épanouie. Nous devons simplement nous assurer que nous nous y engageons (ou en sortons) pour les bonnes raisons.
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