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À nos ami·es qui sont toujours sur leur téléphone mais ne répondent jamais

photo par Lauren Maccabee.
L'autre jour, j'ai vu un tweet qui circulait qui a définitivement attiré mon attention. Disons que le sujet a touché une corde sensible. "Vous avez déjà remarqué que la personne qui s'excuse de ne pas répondre aux textos est celle qui ne pose jamais son téléphone lorsque vous êtes en sa présence ?" pouvait-on lire.
On a tou·tes·s cet·te ami·e. Cette personne qui a un million et une excuse pour vous laisser un "vu" (ou sans "vu", si elle est rusée) sans réponse. "Mon téléphone n'a plus de batterie" est l'une de ses excuses favorites. "J'étais débordé·e" en est une autre.
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Et vous savez quoi ? Neuf fois sur dix, on s'en fiche. On est tou·tes·s nul·le·s pour répondre aux textos. Être disponible sur tous les réseaux sociaux tout le temps est épuisant. La plupart des batteries de smartphones sont merdiques. Et oui, on est tou·tes·s débordé·e·s. Il est difficile de travailler, et encore plus difficile de maintenir une vie sociale, surtout lorsque nous traversons les montagnes russes d'émotions que la pandémie a provoquées.
Cependant, certaines personnes vont trop loin. Et ce qui énerve la plupart des gens à propos de ce genre d'ami·e, c'est que lorsque vous passez du temps ensemble, iel ne pose jamais son téléphone.
Les smartphones sont addictifs. On le sait. Plusieurs personnes ayant contribué à l'invention des réseaux sociaux nous l'ont dit. Les applications nous attirent avec des notifications, des "likes" et des "follows" qui font circuler la dopamine et stimulent les émotions. Le fait que des personnes que nous n'avons jamais rencontrées s'intéressent à notre vie est flatteur ; le fait d'avoir une trace tangible et numérique de notre popularité est séduisant. Mais pendant que notre ami·e construit son profil en ligne, on est là. Littéralement. Assis à côté d'ellui. On regarde maladroitement par la fenêtre pendant qu'iel fait défiler les photos de la fashion week, des influenceu·r·se·s beauté, des mèmes sur des chiens qu'iel ne rencontrera jamais.
Le problème majeur est que si c'est le genre de relation qu'une personne entretient avec son téléphone - collé à sa main - alors elle doit avoir vu la photo qu'on lui a envoyée la semaine dernière pour lui demander si ce rouge à lèvres nous allait. Pareil pour le message qu'on lui a envoyé hier soir, lui demandant s'iel voulait aller dîner. La dure vérité, c'est qu'on n'est pas aussi important·e·s que ce qui se passe sur son téléphone.
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Et ça fait mal. Bien sûr que ça fait mal. Ça nous donne l'impression d'être chiant·e. On a l'impression d'être sans valeur. On a l'impression que notre relation commune ne tient qu'à un fil.
Quand cette personne finit par nous envoyer des textos, on n'ouvre pas ses messages. Au lieu de cela, on décide, par dépit, de lui faire la même chose, de la laisser transpirer et de voir ce que cela fait d'attendre. On sait pertinemment que, contrairement à nous, elle ne s'attarde pas sur nos non-réponses, se sentant de plus en plus insignifiante à chaque minute qui passe. Et on sait aussi que lorsqu'on finira par craquer et qu'on lui enverra en retour des textos secs et froids, elle pensera juste qu'on manquait de temps et qu'on a du mal à répondre aux messages. Elle pensera "On est tou·tes·s les deux dans le même bateau" et ne comprendra pas que nous essayions d'exprimer subtilement de l'agacement au lieu de faire preuve de courage et de lui dire ce que nous ressentons vraiment.
Parce qu'on ne veut pas confronter notre ami·e. On ne veut vraiment pas. S'il est si difficile d'obtenir une réponse de leur part aujourd'hui, que se passera-t-il si on se dispute avec ellui ? Que se passera-t-il si on a l'air d'être dans le besoin ?
Voici donc ce qu'on se dit : les gens ont toujours été nuls pour répondre. C'est juste qu'aujourd'hui, on sait quand on se fait ghoster. L'identification de l'appelant nous donnait le choix de décrocher ou non le téléphone fixe et la personne qui appelée vivait joyeusement dans le déni du fait que lo destinataire avait mieux à faire que de discuter avec elle à ce moment-là.
Car il n'y a aucune chance, surtout avec nos ami·e·s accros au téléphone, qu'iels aient manqué nos messages. On doit donc accepter qu'iels ne soient pas prêt·e·s à parler en même temps que nous. Ne pas répondre immédiatement ne signifie pas "je te déteste", mais "je ne suis pas prêt·e à parler à quelqu'un maintenant".
Et on y croit un peu. Enfin, on essaye. Si seulement iels répondaient juste un peu plus.

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