Vous passez une mauvaise journée au travail, alors vous décider de vous prendre un kebab et des frites sur le chemin du retour. Vous êtes découragée par les infos toujours plus déprimantes, alors vous dégommez un paquet de chips. Vous devez passer une nuit blanche pour terminer un projet, pas le temps pour cuisiner, alors vous commandez une pizza. Commander un repas à emporter ou manger un snack peut être pratique lorsqu'on est stressé·e et qu'on a pas le temps de cuisiner. Mais manger pour se réconforter quand on est dans une situation stressante, ce que l'on appelle « l'alimentation émotionnelle », sert un but psychologique plus profond que la faim en elle même.
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« L'alimentation émotionnelle a beaucoup de sens du point de vue de l'évolution, » affirme Malina Malkani, porte-parole de l'Académie de nutrition et diététique. Dès l'enfance, on apprend que si on pleure, on nous donne du lait. « C'est très réconfortant pour nous, et on apprend ainsi que manger permet d'apaiser notre malaise, » dit-elle. En grandissant, nous pouvons développer d'autres mécanismes d'adaptation en réponse au stress, mais l'alimentation émotionnelle demeure courante, dit-elle.
L'alimentation émotionnelle peut être définie comme le fait de manger pour toute autre raison que la faim physique, dit Malkani. Il peut s'agir de manger pour se réconforter, éviter une situation stressante ou inconfortable, combler un vide ou même d'utiliser la nourriture comme récompense, dit-elle. (Soyons clairs : « l'alimentation émotionnelle » est différente de l'hyperphagie boulimique ou d'autres troubles du comportement alimentaire.) En vérité, tout ce que nous mangeons est « émotionnel », parce que la nourriture nous apporte du plaisir et fournit une expérience sociale, donc ce n'est pas une mauvaise chose en soi. Mais l'alimentation émotionnelle peut souvent se transformer en culpabilité et en honte, et c'est alors qu'elle peut devenir problématique.
Bien que l'alimentation émotionnelle puisse procurer un soulagement temporaire, elle ne traite pas le stress ou l'anxiété sous-jacents. Dans bien des cas, le fait de manger pour soulager le stress peut aggraver votre état, dit Malkani. Cela tient en partie à notre vision générale de l'alimentation émotionnelle. « Nous attachons un sentiment de culpabilité et de honte à celle-ci, ce qui perpétue le cycle, » dit-elle. « Quand on a honte, on a tendance à s'isoler, ce qui peut déclencher plus de stress et d'émotions. » (C'est semblable au cycle qui tend à se produire à la suite d'un régime amaigrissant). L'élimination de la « partie honteuse » de l'équation est une façon de s'attaquer à la cause sous-jacente de votre stress, dit-elle.
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Il est tout aussi important, cependant, de mettre en place d'autres mécanismes de gestion du stress sur lesquels on peut se reposer de temps à autre, dit Malkani. Il peut s'agir de se livrer à une activité physique, de parler avec un ami ou de prendre le temps de réfléchir lorsque vous ressentez un malaise, dit-elle. Si vous trouvez que vous utilisez constamment la nourriture comme béquille, suivre une thérapie peut être utile et vous aider à comprendre d'où vous vient cet instinct, explique Angel Planells, diététicien nutritionniste professionnel à Seattle et porte-parole de l'Academy of Nutrition and Dietetics.
Développer une sorte de routine ou de structure autour des repas, et une meilleure conscience de son niveau de faim (ou de satiété) sont deux autres stratégies qui pourraient vous être utiles, dit Malkani. « Lorsque vous mangez pour calmer vos émotions, il est très difficile d'identifier les véritables indices physiques de faim et de satiété, » dit-elle. « Les recalibrer, c'est un moyen de reprendre contact avec soi-même. » L'utilisation d'une échelle de la faim ainsi que la tenue d'un journal des émotions (et non de vos calories ou de votre alimentation) lorsque vous êtes obligé·e de stresser sont quelques façons de le faire, dit-elle.
Ce dont il faut se rappeler, c'est que la nourriture est censée être quelque chose d'agréable et de satisfaisant. Trouver des moyens efficaces de composer avec le stress peut prendre toute une vie, mais il vaut la peine de trouver des comportements sains qui vous conviennent, et non ceux qui vous font culpabiliser. « Il faut du temps, de la patience et de la compassion envers soi-même pour établir une relation vraiment saine avec la nourriture, » dit Malkani. « Il n’y a pas de solution parfaite pour changer de comportement. »
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