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Covid-19 : Célibataire depuis 7 ans je n’ai jamais été aussi seule

J'ai 35 ans et ça fait sept ans que je suis plus ou moins célibataire. Durant cette période, j'ai dû assister seule à des mariages, des enterrements de vie de jeune fille et des réunions de famille ; et pourtant, mon célibat ne m’a jamais autant pesé qu'en ce moment.
Alors que le monde est en proie à la pandémie de coronavirus, je suis confrontée au fait qu'en cas de confinement, je risque de me retrouver coincée dans mon appartement toute seule. Et solitude mise à part, si je tombe malade, personne ne pourra prendre soin de moi.
Rien qu’à cette idée, mon anxiété est à son paroxysme. Je prône souvent les bienfaits de la solitude, il est donc difficile pour moi de l’admettre, mais en ce moment, une partie de moi aimerait avoir un partenaire qui soit forcé de rester à mes côtés dans la santé comme dans la maladie.
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Il est difficile pour moi de l’admettre, mais en ce moment, une partie de moi aimerait avoir un partenaire qui soit forcé de rester à mes côtés dans la santé comme dans la maladie

Comme beaucoup d'entre vous, j'ai passé ces derniers jours scotchée à l'actualité. Et si j'ai vu défiler de nombreux articles riches en conseils pour faire face au confinement quand on vit en colocation ou avec des enfants, je n'ai pas vu grand-chose pour les quelque 10 millions de personnes vivant seules en France.
Apparemment, on semble penser que l'isolement ne devrait pas trop nous poser de problèmes. J'aimerais simplement que les gens aient une pensée pour celles et ceux qui vivent seuls, parce qu’une période de confinement ou de quarantaine est d’autant plus terrifiante si vous n'avez personne à vos côtés pour la surmonter.
Et on peut dire que je les cumule : je travaille en free-lance, je vis seule et je suis célibataire. Je m’efforce donc de prévoir régulièrement des rendez-vous au café, des dîners ou des verres avec des amis et d'autres événements sociaux pour être sûre d'avoir une raison de sortir de chez moi et un minimum d'interactions. Après la Chine et l'Italie, c'est la France qui est en confinement depuis le 16 mars dernier. Et j’ai l'horrible sensation que le filet se referme doucement sur moi. Si j'ai la chance de ne pas faire partie de l'une des catégories les plus vulnérables — je suis jeune et en bonne santé — je sais aussi ce qui se passe lorsque je reste trop longtemps seule.

Si j'ai vu défiler des tas d'articles riches en conseils pour faire face au confinement quand on vit en colocation ou avec des enfants, je n'ai pas vu grand-chose pour les quelque 10 millions de personnes vivant seules en France.

Il y a quelques années, je me suis installée à Berlin pour une courte période. C'était durant l'une des pires périodes de dépression de ma vie. Le déclencheur a été un arrêt maladie. Je me suis retrouvé coincée à la maison dans mon petit studio. Je ne connaissais presque personne dans la ville et je n'avais pas particulièrement envie de me faire de nouveaux amis, alors je suis restée seule dans mon coin. La semaine m'a semblé interminable, mais quand je me suis sentie mieux, impossible de quitter mon lit, et pas pour des raisons de santé. Je faisais un stage pour lequel je n'avais pas réellement besoin d'aller au bureau. J'ai donc profité de cette possibilité. J'aurais finalement presque préféré qu'on m'oblige à venir au bureau parce que j'ai passé les semaines suivantes allongée sur mon lit, à regarder Gilmore Girls tout en mangeant des plats à emporter et en me sentant si seule que c'en était physiquement douloureux — si si, je vous jure.
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Ce n'est que lorsque deux de mes meilleurs amis sont venus me rendre visite que je me suis reprise en main. Je suis peut-être célibataire et indépendante, mais ça ne veut pas dire que je n'ai besoin de personne. 
Si tou·tes les célibataires ne souffrent pas forcément de problèmes de santé mentale, la solitude et l'isolement social ont des conséquences sérieuses. Les recherches montrent que l'isolement peut avoir d'énormes répercussions sur la santé mentale et physique. Une étude américaine a révélé que la solitude est aussi nocive que 15 cigarettes par jour.
Il y a aussi les questions pratiques à prendre en compte. Peu de temps après m'être installée à Londres, j'ai attrapé une horrible gastro. Lorsque les vomissements se sont calmés, j'ai retrouvé l'appétit, mais je n'avais rien dans les placards ni au frigo. Le magasin était juste de l'autre côté de la rue, mais j'étais si faible que je n'avais pas la force de me déplacer, alors j'ai dû écrire à un ami pour qu'il m'apporte à manger. Le simple fait de voir son visage à la porte et de savoir que quelqu'un était là pour moi m'a remonté le moral. L'idée de revivre cette expérience complètement seule me donne des cauchemars.

Dans ses conseils aux personnes souffrant de troubles mentaux, l'association Mind suggère d'envisager de rester chez des amis ou de la famille si possible.

Selon une étude de la Fondation de France, un adulte sur dix a peu de relations sociales. Ces personnes déclarent n’avoir pas ou très peu de contacts au sein de leur réseau familial, professionnel, amical ou de quartier ,et un cinquième d'entre elles déclarent ne pas avoir d’échanges avec leurs voisins.
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Malheureusement, je rentre dans cette catégorie, car bien que je sois amie avec mon propriétaire qui habite en bas de l'immeuble, le seul autre voisin que je connaissais est décédé récemment.
Il est inquiétant de constater que dans la situation actuelle, une grande partie de la population n'a déjà personne sur qui compter en cas de crise, et c'est sans compter tou·te·s celles et ceux qui ne pourront pas compter sur leurs proches s'ils devaient être infectés par le coronavirus.
Alors que la population se met au télétravail et à faire des réserves de papier toilette, je me demande s'il ne faudrait pas prendre la mesure drastique de décamper chez mes parents à la campagne en attendant que ça se tasse. Dans ses conseils aux personnes souffrant de troubles mentaux, l'association Mind suggère d'ailleurs d'envisager de séjourner chez des amis ou de la famille si possible. J'ai la chance d'avoir cette option, mais ce n'est pas le cas de tout le monde.

Les réseaux sociaux ont souvent mauvaise presse, mais en ces temps étranges, ces réseaux d'entraide en ligne prennent une valeur inestimable.

Dans ses conseils, Mind souligne également l'importance de rester en contact avec ses proches et de fixer des horaires pour les appels vidéo. On voit fleurir en ce moment sur les réseaux sociaux des groupes d'entraide, comme le groupe Facebook Coronavirus Entraide France où certain·e·s proposent d’aider leurs voisins âgés ou fragiles en faisant leurs courses durant le confinement — « gratuitement bien sûr et sans contact physique ».
Les réseaux sociaux ont souvent mauvaise presse, mais en ces temps étranges, ces réseaux d'entraide en ligne prennent une valeur inestimable. J'ai récemment créé un groupe sur Facebook intitulée The Single Supplement en lien avec ma newsletter. Le fait d'apprendre que d'autres personnes vivent et ressentent la même chose que vous vous aide vraiment à vous sentir moins seul·e. Encore une fois, garder le contact grâce à internet n'est pas donné à tout le monde. Certaines personnes n'ont pas internet chez eux — voire même pas de chez eux du tout. Et quand la bibliothèque locale ferme ses portes, ces personnes se retrouvent sans accès, et donc isolées. Mes pensées vont vers ces personnes en ce moment. 
En dehors de cette recherche, l'autre chose que j'ai faite pour me calmer est de partager ce que je ressens avec mes amis proches. Tout le monde est inquiet pour différentes raisons. Certains ont des parents avec des problèmes de santé sous-jacents qui pourraient être à risque, d'autres sont de nouvelles mamans ou sur le point d'accoucher, tandis que d'autres encore s'inquiètent pour des proches qui vivent dans des régions éloignées du pays.
Parler à vos amis ce que vous ressentez à l'idée de vous retrouver seul·e dans un moment comme celui-ci peut vraiment contribuer à atténuer le sentiment de solitude — et si vous êtes en couple, n'oubliez pas de prendre des nouvelles de vos amis célibataires. À mesure que nous nous confinons de plus en plus, trouver de nouveaux moyens d'aller vers les autres et de leur offrir une forme de soutien peut vraiment faire toute la différence.
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