La pandémie n'est plus aussi présente à l'esprit ces jours-ci qu'en mars et avril, lorsque le monde commençait à comprendre à quel point la COVID-19 allait être dévastatrice. Mais… pourquoi cela ? Les cas ont augmenté considérablement au cours du mois dernier. La France est même entrée dans une nouvelle phase de confinement. Malgré cela, plus de six mois après le début de cette crise, les gens sont frustrés. Une certaine lassitude due à la COVID s'est installée.
Andrew Cuomo, gouverneur de New York, a évoqué le phénomène lors d'un point presse le mois dernier. Il a décrit un monologue intérieur qui lui est familier : "L'épuisement à l'égard de la COVID est dû au fait que nous faisons cela depuis longtemps. Les gens se disent : 'Je pensais que c'était une situation à court terme, ça dure encore et encore et je suis fatigué de ça, et je suis fatigué de porter le masque, et je suis fatigué de mettre ma vie en pause'", a-t-il déclaré, reconnaissant que cette exaspération peut décourager les gens de suivre les règles de sécurité.
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L'épuisement face à la COVID est lié au burn-out. "Cela provient du fait que nous avons cette longue période de stress intense et prolongé dont nous ne voyons pas la fin", explique Kaye Hermanson, psychologue chez UC Davis Health au sein du département de médecine physique et de réadaptation. Notre cerveau n'est pas câblé pour maintenir un niveau élevé d'anxiété pendant une période prolongée, dit-elle.
Pour décrire comment le cerveau gère habituellement le stress, elle utilise l'exemple d'un accident de voiture. Après avoir été impliqué dans un accident, vous pouvez avoir peur de conduire pendant un certain temps. Lorsque vous reprenez le volant pour la première fois, vous pouvez vous sentir hyper vigilant·e et anxieu·se·x. Mais au fil des jours ou des semaines, vous commencez à désapprendre cette anxiété, explique Hermanson. Un jour, vous vous rendrez compte que vous conduisez normalement et que vous ne pensez pas du tout à l'accident.
Quelque chose de similaire se passe avec la COVID-19. Au début, nos nerfs étaient tendus et nous étions très prudent·es - nous essuyions toutes nos courses avec du désinfectant, peut-être même nous retirions nos vêtements sur le seuil de la porte de notre maison pour ne pas introduire de germes à l'intérieur. Mais avec le temps, nous sommes devenu·es moins stressé·es. Nous avons continué à porter nos masques et à utiliser du désinfectant pour les mains, mais peut-être nous sommes-nous senti·es plus à l'aise en allant au supermarché, ou même en mangeant à l'extérieur. "Pour la plupart des gens, le fait de sortir à nouveau sans que quelque chose de grave ne se produise a fait que leur cerveau s'est mis à se demander : 'Quelle est la gravité de la situation ?'" explique Hermanson.
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Se sentir moins crainti·f·ve et moins stressé·e n'est pas une mauvaise chose. Nous nous adaptons à une nouvelle normalité, qui implique de porter des masques, de se faire tester si besoin, de rester chez soi et de garder nos distances avec les autres lorsqu'on est en public. Des problèmes surgissent lorsque la lassitude face à la COVID nous pousse à rationaliser des actions qui sont clairement risquées. Pour reprendre l'exemple de l'accident de voiture : si l'accident a été causé par une personne qui envoyait des textos au volant, vous espérez qu'elle change définitivement de comportement, et non qu'elle reprenne son ancienne habitude une fois que son stress s'est dissipé.
"Les gens ont recours à différents types d'intellectualisation pour expliquer pourquoi ils peuvent aller faire certaines des choses qu'ils veulent faire, parce qu'ils en ont assez d'être confiné à la maison tout le temps", explique Hermanson. Mais, ajoute-t-elle, "la COVID est toujours là. Nous en savons peut-être un peu plus sur la façon d'aider les gens lorsqu'ils la contractent qu'en mars dernier, mais rien n'a vraiment changé".
La première étape pour vaincre la lassitude de la COVID est de reconnaître qu'elle se produit. Examinez honnêtement vos actions et vos réflexions. Participez-vous à des activités jugées risquées par le gouvernement ? Êtes-vous obligé·e de le faire ? Rationalisez-vous votre comportement ? Si c'est le cas, vous n'avez pas à vous en vouloir. Mais rappelez-vous que la pandémie est toujours en cours, et engagez-vous à nouveau dans les mêmes stratégies qui nous ont aidés au début de cette année.
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Pour changer votre mentalité, dites-vous que c'est temporaire. Le sentiment que les choses ne reviendront jamais à la normale est un facteur clé de l'épuisement face à la COVID. Oui, aujourd'hui, huit mois se sont écoulés depuis que l'OMS a classé le coronavirus comme une pandémie - c'est long. Mais les restrictions ne seront pas toujours aussi strictes qu'elles le sont aujourd'hui. Hermanson suggère de se dire : "C'est juste un moment dans la vie, je vais le traverser et le surmonter". Évitez de spéculer trop longtemps à l'avance sur l'avenir et concentrez-vous sur ce qui se passe pour vous aujourd'hui.
Hermanson suggère également de prendre le temps de vivre de petits moments heureux dans vos journées. Si vous avez des activités appropriées à la pandémie que vous attendez avec impatience, vous aurez moins de chances de vous retrouver à penser, à "tout foutre en l'air" et à répondre "oui" à cette soirée House Party. Essayez de commander dans votre restaurant préféré, d'aller vous promener dans le parc ou de Facetime un·e ami·e que vous n'avez pas vu depuis un certain temps.
Si vous avez l'impression que votre épuisement face à la COVID a un impact sur votre vie quotidienne, pensez à contacter votre médecin pour obtenir un soutien supplémentaire ou quelqu'un à qui parler, suggère Hermanson.
En fin de compte, nous devons faire face au fait que la pandémie n'est pas terminée. Mais il y a une lumière au bout du tunnel. Plusieurs vaccins sont en cours. Alors continuons sur notre lancée.