Près de trois décennies séparent les activistes Janaya Future Khan et Ilyasah Shabazz, mais ces deux personnes sont liées par le même objectif : celui de la libération noire. Shabazz n'était qu'une enfant lorsque son père, l'icône des droits civiques Malcolm X, a été assassiné en 1965 (en sa présence ainsi que celle de sa mère enceinte et de trois de ses sœurs). Depuis, elle a consacré sa vie à perpétuer l'héritage de son père en tant qu'éducatrice, conférencière et auteure.
C'est un héritage qui a inspiré Khan à chaque étape de son travail avec Black Lives Matter (iel* est l'une des figures du mouvement au niveau international et l'un·e des co-fondateur·ices du chapitre canadien), et bien que la mort de Malcolm X soit survenue des années avant la naissance de Khan, il est indéniable que son esprit continue de vivre à travers le travail de cette figure charismatique et directe. La série Instagram "Sunday Sermon" créée par Khan a été saluée par Vogue comme "le lieu où l'action politique et la libération spirituelle se rencontrent". Chaque semaine, Khan, qui est né·e à Toronto et habite à Los Angeles traite de sujets que l'on pourrait très bien imaginer abordés par Malcolm X avec la même ferveur, le même respect et la même urgence s'il était un militant disposant d'un compte Instagram en 2021.
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Depuis son domicile new-yorkais, Shabazz souligne que son père est cité "537 000 fois chaque heure sur les réseaux sociaux", ce qui n'est pas un choc pour Khan, qui avoue avoir "dévoré chaque page" de L'autobiographie de Malcolm X et avoir iel-même cité le pionnier. En tant que millennial queer non conforme au genre et spécialiste en justice sociale, les positions de Khan peuvent sembler en contraste avec celles de Shabazz, une professeure de la génération du baby-boom, mais leurs échanges se font avec aisance et sont visiblement basés sur un respect et une admiration mutuels.
En écoutant Khan et Shabazz se parler, il est difficile de ne pas penser aux tristes parallèles entre les deux mouvements - l'ère des droits civiques et Black Lives Matter - et à tout le travail qu'il reste encore à accomplir. Si l'on s'en tient à Twitter, les générations semblent être en constante opposition. Dans cet article, nous nous tournons autant vers le passé que vers l'avenir afin de reconnaître que le passé et l'avenir ne peuvent exister l'un sans l'autre. Le changement prend du temps. Et la lutte pour la libération est laborieuse, quel que soit l'âge, c'est pourquoi nous avons réuni ces deux leaders de pensée extraordinaires pour creuser le discours et avoir une véritable conversation sur les progrès, le but ultime et la quête de la paix dans l'activisme.
Dans une conversation intime qui ne manquera pas de vous inspirer, de vous réconforter et, parfois, de vous émouvoir, Khan et Shabazz évoquent l'héritage de Malcolm X, des avantages et des pièges des réseaux sociaux, et comment préserver la motivation pour continuer à se battre.
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Janaya Future Khan : "J'ai lu des articles sur le travail de Malcolm X. Je peux avoir une interprétation personnelle et me faire ma propre idée de la personne qu'il était et de ce qu'il voulait dire, mais je n'ai pas à vivre dans son sillage ni à en ressentir la pression que cela représente. Comment le fait d'être sa fille vous a-t-il façonné en tant que personne ?"
Ilyasah Shabazz : "C'est ce que j'ai toujours été. Je suis tellement reconnaissante envers ma mère [Betty Shabazz] parce qu'elle était jeune quand elle a vu son mari se faire assassiner. Une semaine plus tôt, sa maison avait été incendiée. C'était un jeune couple. Ma mère avait une vingtaine d'années. Son mari en avait 39. Ils avaient plusieurs enfants, et elle était enceinte. J'ai l'habitude de voir sa vie non pas du point de vue d'une fille, mais simplement en regardant cette jeune sœur qui était la partenaire de Malcolm X et l'épouse d'un homme qui a défié le gouvernement qui avait été historiquement injuste envers son peuple.
Je lui suis reconnaissante de nous avoir élevés dans une bulle d'amour. Elle a fait en sorte que nous aimions les femmes, les personnes de la diaspora africaine et les musulmanes que nous étions. En grandissant, je n'ai jamais vraiment ressenti cette pression, car je n'étais que moi. Quand je suis allée à l'université, les gens ont commencé à me dire : "Tu es la fille de Malcolm X". Et c'est là que j'ai réalisé : "Whoa, qu'est-ce qui se passe ?" Je me souviens avoir appelé ma soeur aînée pour lui demander ce que j'étais censée faire. Elle m'a dit : "Tu n'as pas à passer de test pour être la fille de Malcolm, tu l'es déjà. Si tu peux te regarder dans le miroir et aimer la personne que tu es, c'est tout ce qui compte".
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JFK : "C'est très juste."
IS : "Je sais que le mouvement Black Lives Matter est né de compassion, de passion et d'un post Facebook. Ce que votre génération a que mon père n'avait pas, et que je n'avais pas non plus, c'est la capacité de communiquer avec des personnes du monde entier en un clic. Janaya, comment avez-vous utilisé les réseaux sociaux comme outil pour organiser tout ce beau travail que vous faites aujourd'hui ?
JFK : "Les réseaux sociaux peuvent être rudes. Je n'ai pas un rapport facile avec eux. Nous avons vu, grâce aux réseaux sociaux, naître des mobilisations massives plus rapidement que jamais. Nous sommes passés du mouvement Occupy, qui n'était que le tout début de ce à quoi cette mobilisation de masse pouvait ressembler, à Black Lives Matter, à Standing Rock, à la Women's March, à No Muslim Ban, à Parkland et à #MeToo. Tous ces mouvements ont été réellement organisés et galvanisés autour des réseaux sociaux. Tout cela est dynamisant, mais cela permet aussi à l'autre camp de s'organiser de manière inédite. On en a eu l'exemple avec l'attaque du Capitole qui est indéniablement le résultat des réseaux sociaux".
"Nous avons pu nous organiser d'une manière particulière, mais l'extrême droite bénéficient de bien plus de latitude que les manifestant·es pour la libération des Noir·es n'en ont jamais eu. Les réseaux sociaux nous ont changé la vie bien au-delà de ce que nous, en tant que peuple, en tant qu'humains, aurions pu imaginer. Je pense que les implications de cette époque sur nous, sur notre psyché et sur notre organisation restent encore à déterminer. Je suis reconnaîssant·e pour ce que nous apportent les [réseaux sociaux]. Mais en toute transparence, j'ai aussi peur de ce que cela représente pour notre avenir".
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IS : "Et que pensez-vous que cela signifie ? Il me semble que tant de jeunes ont été politisés par des actions directes, des rassemblements et des manifestations l'été dernier en raison de la pandémie mondiale et de la négligence d'une administration défaillante. J'ai trouvé que c'était un excellent rappel - non pas que nous en ayons besoin, mais il me semble que c'est utile à beaucoup d'autres personnes. Ce mouvement de la jeunesse a attiré pour la première fois un soutien global aux Etats-Unis, puis dans 18 pays à l'étranger, où les gens se sont réellement impliqués. J'allais courir le matin et je voyais ces panneaux de fortune dans ma communauté qui disaient "Black Lives Matter". Et c'était si beau".
JFK : "Il y avait des panneaux partout qui disaient "Black Lives Matter". C'était sur les murs. C'était sur les t-shirts. Il y en avait sur les pelouses devant les maisons. Aussi infimes que ces choses peuvent paraître, et je sais que beaucoup de gauchistes purs et durs auront des critiques à ce sujet, moi, j'ai adoré. Cela me plaît parce que ça permet de créer un lien. Et une fois que ce lien est créé, on peut le transformer en engagement".
IS : "Absolument. Il est important de maintenir cette génération informée. Mon père est cité 537 000 fois par heure sur les réseaux sociaux. Et les jeunes découvrent que ce qu'ils ont appris à l'école est faux".
JFK : "C'est vrai. Comme des millions de personnes, j'ai lu la collaboration d'Alex Haley avec votre père sur L'autobiographie de Malcolm X et j'en ai dévoré chaque page. Il y a une période qui a tendance à être moins présente dans ce livre, et c'est celle où il est en prison. Je sais que votre nouveau livre [The Awakening of Malcolm X] se concentre vraiment sur ces années d'adolescence qui sont éclipsées par ce qu'il est devenu, pas par la façon dont il a évolué. Pourquoi est-il si important pour vous de capturer cette période aujourd'hui ?
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IS : "En 2012, les États-Unis ont dépensé 81 milliards de dollars (près de 70 milliards d'euros) du contribuable pour les établissements pénitentiaires. Depuis 1970, la population carcérale a augmenté de 700 %, et cela concerne nos jeunes. Pour moi, il s'agissait d'abord de reconnaître pourquoi Malcolm est allé en prison - la société dans laquelle nous vivons et comment elle a été conçue - et de montrer qui était Malcolm à l'âge de 16 ans. Ce n'était pas un adulte. Il a été assassiné à 39 ans. Il est mort jeune et a eu cet impact durable. Je voulais m'assurer que nous nous concentrions sur l'humanité de ces jeunes gens qui sont incarcérés. Bryan Stevenson a dit : "Nous ne serons pas jugés sur la façon dont nous traitons les riches et les célébrités. Nous serons jugés sur la façon dont nous traitons les pauvres et les personnes incarcérées.
[Mon père] était à la tête d'un groupe de débat lorsqu'il était dans cette prison. Il a toujours été un jeune homme brillant, grâce aux valeurs que lui ont inculquées ses parents. Je veux m'assurer que les jeunes comprennent que l'on ne va pas en prison pour devenir miraculeusement Malcolm X. On va en prison et l'on devient Malcolm X grâce à des fondations solides et à notre 'village', et nous nous devons de fortifier ce village".
JFK : "Oui, exactement."
IS : "Je veux vous interroger sur les discussions en ligne concernant les différences entre la façon dont les générations précédentes abordent la libération noire et la façon dont les jeunes abordent le mouvement de libération noire. Le stéréotype est que les jeunes sont plus radicaux. Et que les anciens le sont moins. Alors dites-moi, pensez-vous que c'est vrai ?"
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JFK : "Je vais vous dire ceci : j'appartiens à la génération Y. Et pour être honnête, je ne comprends pas la moitié des choses que dit la génération Z sur les réseaux sociaux. Les repères culturels sont différents. La Gen Z est très critique à notre égard. Les réseaux sociaux font bouger les choses si vite de nos jours que le discours change et évolue. Souvent, les millennials ne sont pas assez radicaux pour la Génération Z, de la même façon que nous pensons que les Boomers et la Génération X ne sont pas aussi radicaux que nous. Cela ne m'intéresse pas vraiment de savoir quelle génération est la plus radicale. Je pense qu'il s'agit de reprendre là où l'autre génération s'est arrêtée et de continuer à avancer. Je pense que c'est exactement ce que nous sommes censé·es faire. Il peut être frustrant de ne pas arriver aussi loin que nous le souhaiterions, mais voici la question : quelle part de cela allons-nous faire peser sur les personnes opprimées ? Et quelle part allons-nous attribuer au système actuel qui façonne les normes et le statu quo ?
"Black Lives Matter" est un mouvement qui est largement dirigé par des femmes et des personnes queer et trans, et ce, à dessein. Beaucoup de dirigeants du mouvement des droits civiques et de personnes qui nous ont précédés nous ont dit que nous n'étions pas présentables. Qu'on ne s'habillait pas comme il faut. Pourquoi voulions-nous absolument intégrer la sexualité et le genre au débat ? Et il y a eu beaucoup de critiques et de réticences de la part des grands médias qui voulaient désespérément une voix masculine que nous avons simplement refusé de leur donner. Ils voulaient quelqu'un à qui ils pourraient dire : "Vous êtes le nouveau Malcolm X. Vous êtes le nouveau [Nelson] Mandela. Vous êtes le nouveau Martin [Luther King Jr.]." Avons-nous rencontré des personnes issues de ce que l'on pourrait considérer comme "la vieille garde" qui n'ont que des critiques à faire sans prendre la peine de faire des propositions ? Oui. Et je sais qu'au sein de ma génération, il y a une croyance selon laquelle les gens de l'ère des droits civiques ne toléreaient pas l'homosexualité et ne toléraient pas le genre et la sexualité. Si je crois que ces choses sont vraies, je sais aussi que la société ne veut pas non plus les tolérer et que cela doit changer. Je me demande si j'aurais pu être leader à cette époque dans les années 60 et 70 comme je suis ? Probablement pas".
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IS : "Et pourquoi pas ?"
JFK : "Je crois en ma force personnelle. Il m'a fallu beaucoup de temps pour y arriver, mais j'y crois. Mais il faut que ce soit le pouvoir politique. Martin, par exemple, n'était pas juste une personne sortie de nulle part. Martin a été choisi. Il a été choisi par un groupe de femmes noires très intelligentes et sophistiquées qui savaient très bien ce qu'elles faisaient. Elles l'ont regardé, elles ont vu son charme et sa façon de parler. Il y avait toute une administration dans ce mouvement derrière ce choix. Et pourtant, c'était un mouvement très misogyne. Nous avons vu cela se produire également au sein du Black Panther Party où les femmes noires étaient mises en marge à cause de facteurs tels que le patriarcat et la misogynie. Et nous ne parlons même pas du domaine de la sexualité. Je sais qu'à l'époque, il aurait été difficile, voire pratiquement impossible pour moi d'avoir la même influence que celle que j'ai aujourd'hui, parce que tant de systèmes jouaient contre moi d'une manière qui était complètement normalisée et acceptée, même au sein de nos mouvements. On croyait que les femmes devaient être mises à l'écart et que les personnes LGBTQ devaient se faire discrètes.
Je pense que pour notre génération, il n'est tout simplement pas possible que [les personnes queer soient mises à l'écart. Mais en termes de changements philosophiques, avez-vous noté des changements majeurs se produire autour de questions comme le genre, l'inclusion et la sexualité ? Que pensez-vous qu'il reste à faire ?"
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IS : "Je sais que mon père a dit que nous ne faisons pas l'objet de discriminations parce que nous sommes chrétiens, juifs, parce que nous sommes des femmes, que nous sommes gays ou parce que nous sommes hétéros. Nous sommes discriminés parce que nous sommes Noirs. Et je pense que ce qui se passe, c'est que nous laissons en quelque sorte ces tactiques de division continuer à nous empêcher d'aller de l'avant. Pour moi, c'est une distraction. Lorsque nous nous concentrons, comme l'a dit mon père, sur ce que nous avons en commun et sur notre objectif ultime - débarrasser le pays de ce fanatisme et de ce système terroriste qui existe - nous pouvons y parvenir. Mais il semble que nous continuons à nous laisser distraire par toutes ces questions qui n'ont que peu d'importance. En fin de compte, le pouvoir des Noirs n'est pas excluant. Il affirme simplement que nous revendiquons notre place dans la famille humaine.
Dans les années 50, lorsque mon père est arrivé sur la scène des droits civiques et que les jeunes manifestaient et protestaient pour une existence de qualité, Malcolm est arrivé et a dit : "Nous exigeons nos droits humains en tant que frères, nous exigeons nos droits humains ordonnés par Dieu". Nous ne nous concentrons pas sur les choses qui n'ont pas d'importance. Si nous restons là à nous chamailler sur nos différences au lieu de nous concentrer sur ce que nous avons en commun, nous ratons le coche. Au bout du compte, ça n'a pas d'importance. Parce que nous n'atteindrons pas notre objectif qui est intergénérationnel. Ce sont ceux qui nous ont précédé qui ont fait ces réalisations importantes pour nous. Nous nous tenons sur leurs épaules. Nous devons donc les accepter".
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JFK : "Je pense que certaines des choses dont vous avez parlé sont très importantes. L'une d'entre elles est la manière dont la position de Malcolm X a été déformée. Je peux vous dire personnellement que des gens ont manipulé les paroles de votre père pour essayer de me faire taire, pour dire que je délégitimisais le mouvement. Et Black Lives Matter a été fortement rejeté par de nombreux hommes noirs hétérosexuels cisgenre. Ils ne veulent pas nous suivre. Ils pensent que nous représentons la fin du modèle de la famille noire. C'est ce qui arrive quand on accepte de se soumettre à un imaginaire colonial. Quand nous acceptons ces idées comme si elles étaient les nôtres. Je pense que c'est ce que nous combattons en général.
Nous rejetons l'idée que nous sommes tou·te·s né·es dans un scénario précis et qu'il y a une seule façon de vivre, une seule façon de se comprendre et une seule façon de faire les choses. Si nous acceptons certaines de ces conditions, on accepte aussi toutes les autres. Accepter l'idée que je ne devrais pas exister parce que je suis queer ou parce que je suis trans, c'est la même logique qui dit que les Noirs ne devraient pas exister pour la simple raison qu'ils sont Noirs".
IS : "C'est plutôt cela qui nous a été imposé. Ce sont les cicatrices psychologiques et le syndrome post-traumatique de l'esclavage dont parle le Dr Joy DeGruy".
JFK : "C'est vrai. Et il y a une pression pour faire avancer notre peuple que seule une femme noire peut connaître. Je pense à Zora Neale Hurston, et je vais ajuster un peu le langage, mais elle a dit, "la femme noire est la mule du monde", et il y a des moments où je vous vois et je vois Bernice King, je pense à Mama Harriet [Tubman], Rosa [Parks], et Angela Davis. Nous nous tournons constamment vers vous pour obtenir des réponses. Vous êtes notre réponse. Vous êtes censées être la boussole morale du monde, alors que vous en portez tout le poids. Alors, que faites-vous pour rester à flot, pour continuer, pour vous inspirer, ou simplement pour vivre ?"
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IS : "Ayant perdu mon père comme ça, ou ma mère, j'ai toujours été reconnaissante de l'amour de soi que ma mère a fait en sorte que j'aie. C'est pourquoi, lorsque j'ai commencé à donner des cours particuliers à des jeunes filles dans un foyer spécialisé, j'ai dû apprendre à comprendre ce que je découvrais. Je n'avais jamais connu de jeunes gens qui ne s'aimaient pas. Et qui n'avaient pas cette lumière sur la vie. J'ai toujours pensé que nous avions besoin d'un meilleur système éducatif, que chaque enfant devrait avoir la chance de savoir qu'il est digne d'amour et qu'il mérite une éducation de qualité. Ils sont dignes de prendre part à la société de la manière qu'ils souhaitent. Ce qui me fait avancer, c'est de savoir que c'est la responsabilité des adultes de s'assurer que tous les enfants disposent de ces choses".
JFK : "J'étais l'un de ces enfants de foyers d'accueil. C'est là que j'ai passé mes années lycée et ça n'a pas été facile. Je n'avais pas quelqu'un comme vous sur qui compter. Cela rendait la vie insupportable dans ces moments-là parce que tout ce que l'on voit dans le monde nous raconte une histoire qui n'a aucun sens. Il est insupportable pour un enfant de croire qu'il ne vaut rien. Cela vous change de l'intérieur et on peut passer une vie entière à essayer de recoller les morceaux de soi-même. Si ce n'était pas pour ce travail dont nous parlons, et le fait d'avoir trouvé ces histoires et nos peuples dans les livres, où j'ai trouvé refuge, je ne serais peut-être pas ici. Il m'a fallu beaucoup plus de temps pour trouver un mentor. Et même ce mentorat était en grande partie dans l'imagination que j'ai créée à partir des œuvres de personnes comme votre père. Il était là pour moi dans ce moment de vide".
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IS : "Quand je vous regarde, je ne vois que du dynamisme. Je vois de la grandeur, et je suis très fière de vous. Quand je regarde les jeunes enfants, c'est cela que je veux donner, parce que c'est comme ça que ma mère m'a élevée. Je suis reconnaissante envers mes ancêtres. Je suis très appaisée lorsque je pense à la génération à venir.
Malcolm avait dit que ce serait cette jeune génération qui reconnaîtrait que ceux qui sont au pouvoir ont fait un mauvais usage de ce pouvoir, et qu'ils seraient prêts à retrousser leurs manches et à faire en sorte que ce changement se produise. C'est quelque chose que je vous vois faire à travers votre travail, et j'en suis vraiment très fière. Je suis fière de vous. Mais je suis aussi très protectrice. Que faites-vous pour prendre soin de vous ? Parce que je sais que ce travail est exigeant".
JFK : "Je boxe. Mon club de boxe me manque. Ça a été la chose la plus difficile avec la crise sanitaire. C'était en quelque sorte ma thérapie. Je suis aussi une thérapie par la parole, et c'est utile, mais le corps se souvient et intériorise les choses très différemment de l'esprit et du mental. L'activité physique est extrêmement importante pour moi. J'ai même un sac fixé dans du béton derrière la maison pour que je puisse sortir et boxer.
Pour moi, c'est aussi une question de communauté. J'ai eu le privilège inouï de pouvoir parler après avoir passé des années sans savoir comment le faire, sans jamais savoir quoi dire. Et j'ai eu le privilège de trouver cette [voix] et de m'exprimer. Et j'ai la chance que, pour une raison quelconque, les gens m'écoutent, parfois. Je ne gâcherai jamais cette chance. J'ai l'impression d'avoir une grande dette envers le monde et je ne veux jamais en perdre un seul instant. Lorsque je me sens au plus bas et que j'ai envie de m'allonger par terre et de regarder le plafond dans une crise existentielle, je me donne une dizaine de minutes pour le faire. Et puis je me souviens qu'il y a encore trop de choses que je dois accomplir".
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IS : "Cela revient toujours au travail. C'est ce qui compte. Mon père était organisé et stratégique, car il s'assurait que tout le monde comprenne l'objectif ultime, à savoir que ce que nous avions en commun allait nous rassembler. On se concentre sur notre objectif et on ne gaspille pas notre énergie avec ce qui n'a pas d'importance, les choses comme les personnes. J'ai hâte de discuter davantage et de trouver comment nous pouvons atteindre certains de ces objectifs que vous et moi avons en commun. Cela a été un tel plaisir de vous parler. Vous pouvez m'appeler à tout moment. Je serai toujours là".
JFK : "Merci infiniment".
*Janaya Future Khan est non conforme au genre (gender-nonconforming) et utilise le pronom they en anglais.
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