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Cette artiste crée des moulages corporels de victimes d’agressions sexuelles

Pour Ali Waller, TikTok n'est pas seulement un espace pour les mèmes et les tendances virales. C'est un moyen pour elle d'aider les autres à guérir.
Waller, une artiste de 23 ans basée à Chattanooga, dans le Tennessee, voyage à travers le pays pour réaliser des moulages de corps en plâtre de survivant·e·s d'agressions sexuelles. Avec plus de 150 000 followers et 6,6 millions de likes, il y a de fortes chances que vous ayez déjà vu ses TikToks sur votre page Pour toi. Mais elle transmettait un message bien avant que son compte TikTok ne décolle. Faire des moulages corporels est le travail à plein temps de Waller. 
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Waller était à l'origine peintre mais a commencé à mouler des plâtres en 2020 après avoir regardé le documentaire Jeffrey Epstein : pouvoir, argent et perversion sur Netflix, qui interroge des survivantes des abus d'Epstein. Une partie de l'inspiration pour le moulage de corps est également venue d'un séjour dans une Église catholique, ce qui, selon Waller, est ironique puisque son projet est sexuellement libérateur et que l'Église n'est, comme elle le dit, "pas ça du tout". À l'origine, Waller avait pour objectif de réaliser 200 moulages, mais lorsqu'elle a commencé à publier son processus sur TikTok un an plus tard, elle avait dépassé ce chiffre de plus de 100. À ce jour, Waller a réalisé plus de 1 000 moulages.
Soucieuse de son propre parcours de guérison, Waller n'avait initialement pas choisi de mouler des hommes cisgenres, mais elle a par la suite élargi la portée de son projet pour inclure tous les genres afin de refléter le fait que les agressions sexuelles touchent tout le monde, quelle que soit leur identité de genre. En octobre 2021, elle a posté son premier TikTok mettant en scène le moulage d'un homme cis - qui était en fait son grand frère Chase - et la vidéo est devenue virale. Aujourd'hui, la vidéo compte plus de 13 millions de vues. "Ma première pensée a été : sérieusement, c'est moi qui fais un moulage pour un homme", s'amuse-t-elle lors d'un récent appel Zoom avec Refinery29.
@refinery29 Welcome to #thefloorisyours, where we spotlight the creators behind the meaningful content on your fyp @alicewaller0 #plastercast #sasurvivor ♬ Emotional and epic film based Epic Orchestra - Tansa
Selon Waller, les survivant·e·s trouvent que le moulage est bénéfique à leur guérison, car le fait d'être entendu·e·s et cru·e·s leur redonne une partie de leur autonomie et de leur pouvoir. Les ami·e·s proches de Waller, qui ont été les premier·e·s à être moulé·e·s, l'ont aidée à trouver la meilleure façon d'honorer et de respecter les corps et les expériences de chaque survivant·e qui entre dans son studio. Waller commence chaque séance de moulage en demandant "Quelle est votre relation avec votre corps ?" pour donner aux survivant·e·s la possibilité de prendre le contrôle de l'interaction intime. Elle termine chaque séance en disant : "Vous êtes cru·e, compris·e et respecté·e. Laissez ce dont vous avez besoin dans le plâtre pendant que je l'enlève". Waller tient également à ne pas exploiter les survivant·e·s et leurs expériences. Elle ne publie que des vidéos de moulages de personnes qui ont signé des formulaires de consentement et protège leur identité en ne montrant pas leur visage ou d'autres caractéristiques identifiables, à moins qu'elles ne donnent leur permission explicite. Les survivant·e·s qui souhaitent être moulé·e·s par Waller peuvent s'inscrire en cliquant sur un lien dans sa bio Instagram.
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Pour Waller, le projet est également personnel. Elle a elle-même été victime d'abus alors qu'elle était mineure, et la création de cette communauté sur TikTok lui a montré et rappelé combien de jeunes sont également des survivant·e·s d'abus. Le fait de poster en ligne a aidé Waller à aller de l'avant après sa propre agression. "Je me suis sentie tellement à l'aise de partager mon expérience d'agression à travers mes œuvres d'art", confie-t-elle. "Le partage a été presque comme un niveau à atteindre, cette expression extérieure de ce que j'ai ressenti si profondément doit se produire pour que je puisse guérir. Pour certaines personnes, c'est une pratique beaucoup plus privée".
Faire défiler la page de Waller, c'est bien plus que de regarder de l'art. C'est un regard brutalement honnête et intime sur la réalité de la survie aux abus. Vous y verrez des séquences d'expositions artistiques et des extraits de sa lecture du livre The Body Keeps the Score : Brain, Mind, and Body in the Healing of Trauma de Bessel van der Kolk. Elle a également élargi son projet en plâtrant d'autres parties du corps, telles que des bouches et des mains, pour signifier les multiples couches d'abus.
Les vidéos de Waller ne reculent pas devant la rage, la liberté, l'incrédulité ou la joie ; elles nous montrent toutes les facettes du deuil et de la guérison. Ce qui est si particulier dans le TikTok de Waller, c'est la connexion authentique qu'elle a établie avec une communauté incroyablement mal desservie et la façon dont elle a pris l'expérience physique et hors ligne d'être moulée dans le cadre de son projet artistique pour la traduire, avec respect et authenticité, en ligne.
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Mais il a également été difficile de faciliter les conversations importantes sur les agressions sexuelles et de créer un safe space pour les survivant·e·s sur une plateforme sociale où tout le monde peut charger une vidéo, et où 15 secondes peuvent sembler être une éternité. Waller en est bien consciente, et c'est pourquoi elle a dû s'abstenir d'interagir sur TikTok pendant quelques semaines au printemps dernier. "Je recevais tellement de messages et ma page TikTok était quelque chose de si nouveau par rapport à l'intention du projet, j'avais l'impression que cela enlevait de l'intimité à tout cela", dit-elle. "Ce n'est pas un projet qui, selon moi, est destiné à ce que tout le monde puisse le commenter". Lorsque Waller a décidé de reprendre la plateforme au printemps 2021, elle a apporté quelques changements cruciaux à son processus. "Je filtre mes commentaires, mais je les lis quand même, et j'en ai rarement qui sont du gaslighting grossiers ou méchants. Ma page a trouvé les bonnes personnes".
Waller est fière de la communauté qu'elle a créée et attribue à sa plateforme la raison pour laquelle elle a pu diriger un groupe de soutien virtuel bihebdomadaire pour les survivant·e·s via Zoom. "Presque tout le monde a découvert le projet grâce aux réseaux sociaux, et je ne les aurais jamais rencontrés autrement. Ces personnes ont partagé leur histoire. Elles sont les seules dans ce projet à avoir entendu mon histoire complète". Waller voit l'opportunité de développer son projet afin de mieux défendre les survivant·e·s, que ce soit en obtenant une certification en tant que professionnelle de santé mentale afin de fournir un soutien clinique aux survivant·e·s, en apprenant la médiation de groupe, en participant à davantage d'expositions artistiques ou en voyageant pour donner aux survivant·e·s du monde entier l'opportunité d'être moulé·e·s et entendu·e·s par elle.
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Ce n'est que le début pour Waller - qui a fait de ce projet de pandémie le voyage de toute une vie - et pour la communauté de survivant·e·s et d'audit·eur·rice·s qui l'ont trouvée. "Je pense tout le temps à mes 90 ans et au nombre de moulages que j'aurai faits à ce moment-là", sourit-elle. "Peut-être un million de moulages, qui sait ? Mais je pense surtout à toute la sagesse que j'aurais absorbée et que j'ai déjà absorbée". 
Si vous avez subi des violences sexuelles de quelque nature que ce soit, veuillez consulter le site Arrêtons les violences ou appeler le numéro d'écoute Violences Femmes Info au 3919.
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