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À tou·tes les célibataires (confiné·es) : “Tout ce que je veux là, c’est un mari”

So fuck you / And your untouchable face / Fuck you / For existing in the first place.” - Untouchable Face, Ani DiFranco, 1996
Commençons pas le commencement : je vais bien. J'ai un endroit sûr où me confiner, l'accès aux produits de première nécessité et le loyer de mai qui dort sur un compte épargne. Je suis tout à fait consciente que, d'une manière générale, la distanciation sociale se fait plutôt facilement pour moi. Les personnes pour qui ce n'est pas facile sont celles et ceux qui travaillent dans le secteur de la santé, les travailleur·euse·s de première et de seconde ligne ou toute personne atteinte du virus. Au cas où vous pensiez que je n'ai aucune idée de ce qui se passe en ce moment, comprenez bien que ce qui suit vient d'un lieu de perspective et de privilège : ma très sûre et très propre table de cuisine à 5 heures du matin. Car, oui, j'écris à 5 heures du matin. Je commence mes journées tôt parce que je préfère lire, cuisiner, puis enregistrer mon podcast, "A Single Serving Podcast", l'après-midi.
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Comme je suis très sensible à la question du célibat et que je défends que célibataire n'est peut-être pas le pire adjectif qui puisse être utilisé pour décrire une femme de plus de 30 ans, on a tendance à tirer certaines conclusions à mon sujet. Je suis une militante de la femme célibataire épanouie et heureuse. Il y a une notion étrange et complètement absurde dans notre société qui veut que le fait d'aimer sa vie de célibataire signifie aussi, d'une certaine manière, qu'on ne veut pas d’une relation. Pour moi, ce n'est pas le cas. Je rêve de vivre une relation merveilleuse un jour, mais je refuse d'être malheureuse en attendant, et je refuse de me contenter de moins, parce que l'alternative (le célibat) ne me fait pas peur. Et puis le coronavirus est arrivé, et depuis, tout ce que je veux, c’est un putain de mari.
La dernière fois que je suis allée au supermarché, quand j'ai quitté le magasin, il y avait une queue dehors qui n'était pas là quand je suis arrivée. C'était le 12 mars, si l'on en croit mon relevé bancaire. Je n'y suis pas retournée depuis parce que je suis tétanisée à l’idée d'attendre dans la file d'attente avec autant de gens, et chaque fois que je fais les 3,5 km aller-retour pour vérifier, la file est toujours là. Quand je suis rentrée de cette dernière séance de shopping, j'ai eu ce que je n'appellerai pas une crise de panique (qui est arrivée plus tard, à l'épicerie sur laquelle je compte maintenant et qui est 3x plus chère que le supermarché), mais plutôt une crise de dépression. Est-ce que ça existe ? Pas sûre. Mais je dirais que oui, du moins pour le moment.
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Le coronavirus est arrivé, et depuis, tout ce que je veux, c’est un putain de mari.

Pour vous résumer l'épisode, j'ai eu l'impression que mon cœur était tombé tout au fond d’un puit sans fond et que je ne pouvais pas le récupérer sans l'aide de quelqu'un. Mais voilà, je suis seule à 100 % dans mon appartement, et dans la vie, alors pour l’aide, on peut repasser. Je n'ai pas le souvenir d'avoir jamais eu un épisode émotionnel si intense. Jamais je n'ai été aussi seule, aussi effrayée et aussi en manque de compagnie de toute ma vie d'adulte.
Avant, mon envie de me mettre en couple était plutôt motivée par l'ego. Je voulais me sentir validée, avoir moins "honte", et je pensais qu'un copain pourrait m'aider à y arriver. Mais ce besoin que je ressens actuellement, c'est une solitude instinctive. Je me sens menacée, terrifiée, j'ai besoin que quelqu'un me prenne dans ses bras, j’ai besoin d’un "compagnon de l’apocalypse", et aucun des deux n'est disponible en ce moment. Je ne sais pas combien de temps je serai seule, et pour la première fois depuis très longtemps, ça me fait peur.
Ce qui a aggravé mon sentiment de dépression, c’est que je suis d'ordinaire parfaitement heureuse d'être célibataire. Alors comment se fait-il que je sois soudainement très malheureuse à cette idée ? C'est peut-être parce que je dois faire face au stress d'une pandémie mondiale, d'une économie défaillante et d'une crise d'identité ? Bordel de merde ! Cette connerie virale ne laisse absolument aucun répit. Non mais sérieusement, est-ce que je me suis cassée quelque chose ? Est-ce que mon codage émotionnel a un bug ? Peut-on se froisser le coeur ? Tout ce dont j'ai envie, c'est QUE QUELQU'UN ME FASSE UN CÂLIN !
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Sauf que... des câlins, chez moi, et bien il n'y en à jamais.
Et les amis, je suis en bonne santé. Vous imaginez si j'avais ne serait-ce qu'un seul des symptômes de ce foutu virus ? Hier, j'ai reçu un e-mail de ma mutuelle dans lequel on m'expliquait les stades et les symptômes du Covid-19 ainsi que des recommandations indiquant quand se déplacer à l'hôpital et quand rester à la maison. L'un des symptômes qui suggérait qu'on devait se rendre à l'hôpital ? "Je suis soudainement confus ou quelqu'un n'arrive pas à me réveiller." Excusez-moi, quelqu'un ? C'est qui ce quelqu'un ? Comment suis-je censée savoir si j'ai du mal à me réveiller ? Mon chat a) n'est pas capable de communiquer efficacement avec le SAMU, même s'il peut se défendre avec le livreur, et b) il n'en a rien à faire. Vous me dites que c'est un virus dont les symptômes doivent être observés en binôme ?! 
J'ai passé les 18 derniers mois à creuser dans les écoles de pensée qui existent au-delà de ce que je connaissais et acceptais auparavant. Essentiellement, je grandis.
Grâce à mes recherches sur Le Système du Design Humain, mon thème astral et simplement une rétrospective de toutes les décisions douteuses que j'ai prises dans ma vie, je peux dire que je suis une personne qui a besoin de se laisser guider à l'instinct. J'ai passé toute ma vie à brider mon instinct et à laisser ma tête s'exprimer, et le fait d'apprendre que je suis censée évoluer dans le monde avec mon instinct m'a donné envie d'acquérir une "vision" parfaite pour la toute première fois. Depuis, je me laisse guider par mes instincts et les choses se passent plutôt bien, honnêtement. Mais depuis le covid-19, c'est différent. Pendant une pandémie mondiale, mon instinct ne distingue pas le cul du coude, et je pense que c'est pour cette raison qu'un formidable besoin de partenaire s'est fait sentir en moi. Mon sens de la logique a effectivement un rôle à jouer ici. Dans la situation actuelle, ma tête doit prendre le relais de mon instinct, et faire entendre raison à mon cœur, afin que toutes les parties de mon corps puissent continuer à fonctionner normalement. 
En toute logique, je sais que si nous restons tou·tes à la maison, si nous nous lavons les mains et si nous restons calmes, nous allons surfer sur cette vague virale et la vie retrouvera son cours normal à un moment donné dans un avenir relativement proche. J'espère que sur le chemin du retour à une vie normale, nous resterons chez nous, pour éviter que des gens perdent des membres de leur famille à cause de ce virus cauchemardesque. J'espère que mes amis soignants s'en sortiront. J'espère que vos amis soignants s'en sortiront. Et dans l'ensemble, je sais que ce n'est pas si difficile d'être seule en ce moment — ni de ressentir ou d'admettre que pour la première fois, je n'ai pas envie de l'être.
Une chose est sûre : nous allons tou·tes sortir de cette épreuve changé·e·s. Nous allons approcher chaque situation avec une perspective différente et les évaluer avec de nouvelles connaissances et expériences. J'apprends des choses que je ne savais pas sur moi-même et je découvre des besoins qui ne me semblaient pas pertinents. Une chose dont je ne savais pas que j'avais vraiment besoin ? Un partenaire. Et je ne sais pas vraiment pourquoi je suis surprise. Il se passe des choses bien plus étranges tous les jours. 

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