Je me souviens très bien de la première fois où j'ai percé un bouton. J'avais environ dix ans, j'étais debout sur un tabouret et je regardais mon visage dans le miroir de la salle de bain, en touchant une bosse sombre sur mon nez. Après quelques pressions, j'ai essayé de le faire sortir, sans vraiment savoir ce que j'espérais qu'il se passerait. Mais voilà que le point noir a éclaté. J'étais en admiration. Le trou rouge foncé sur mon nez, la boule dur de ce que je croyais être de la cire était maintenant dans ma main, la profonde satisfaction que de percer le bouton m'avait procurée. J'étais si excitée, si fière et si curieuse que j'ai couru en bas pour montrer et raconter le nouveau trou sur mon visage. À partir de ce moment, je me suis mise à presser et à percer ma peau grasse et rugueuse.
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Bon, ok. Je sais que de nombreuses personnes qui auront lu ce premier paragraphe seront outrées. Et peut-être qu'elles ont raison et que j'ai tort. Mais je sais aussi qu'il y en a beaucoup d'autres comme moi qui trouvent un plaisir pervers, presque compulsif, à percer ses boutons. Et même si cela n'a certainement pas commencé avec le Dr Pimple Popper, elle a contribué à normaliser ce besoin de percer (désolée) et a ouvert le monde à ce que nous, les gens boutonneux, avons toujours su : tripoter notre peau n'est peut-être pas bon pour nous, mais c'est certainement satisfaisant.
Cependant, mon habitude de percer s'est compliquée au début de la vingtaine. Mon acné d'adolescente est devenue kystique dû au syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), que je n'ai que récemment diagnostiqué. En même temps, je me débattais avec ma santé mentale et je passais d'un plaisir coupable à une compulsion anxieuse. Ma peau s'est donc considérablement détériorée, tandis que ma capacité à faire face aux pensées et aux compulsions intrusives dépendait, au moins en partie, du fait de me percer la peau. Les cicatrices se sont aggravées, ma peau a empiré, mon anxiété s'est amplifiée et ce qui était un vilain petit secret était maintenant écrit en gros sur mes joues crevassées et pigmentées.
Il m'a fallu au moins cinq ans pour mettre en place une routine qui a au moins permis de contrôler ma peau. En cours de route, je faisais des tentatives pour éviter de percer mes boutons, sachant que c'était mauvais pour ma peau, mais pendant longtemps, je ne voyais pas de différence. Ma peau était horrible de toute façon ! Et comme ça me libérait du stress ou de l'anxiété, même momentanément, je ne pouvais pas m'en défaire.
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Je prends aujourd'hui une combinaison de pilules, de crèmes prescrites et de quelques autres compléments dont je suis assez satisfaite en tant que routine de soins de la peau. Par conséquent, en août, ma peau n'a jamais été aussi belle depuis l'âge de 19 ans (quand je vivais dans la phase heureuse de l'après-adolescence, avant le SOPK), à l'exception d'une hyperpigmentation que j'essaye d'atténuer et de cicatrices plus profondes que je m'efforce d'accepter. Je n'ai que très rarement des boutons kystiques douloureux alors qu'ils étaient autrefois quotidiens, et l'acné subclinique qui rendait mon front inconfortablement bosselé est depuis largement sous contrôle.
J'ai donc pensé que le moment était venu de vraiment essayer de me défaire d'une de mes anxieuses habitudes en vue de contrôler ma peau. Je voulais également déterminer l'impact de mon cycle sur la peau. Même si je prends maintenant la pilule combinée pour le SOPK afin de réguler ma peau et l'acné, je subis toujours les fluctuations hormonales et je voulais voir si le fait de percer mes boutons en était la cause ou si cela aggravait la situation. Ou si c'était juste cette maudite progestérone. J'ai donc décidé de ne pas toucher mes boutons pendant 30 jours.
Semaine 1
La première semaine a été étonnamment dure, ne serait-ce que par le nombre de fois où je me suis retrouvée à graviter de plus en plus près d'un miroir, à fixer les points noirs sur mon menton. Je me penchais automatiquement dessus avant de réaliser ce que je faisais et de m'obliger à m'arrêter. C'est en fait assez embarrassant.
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Cependant, j'étais aussi au tout début de mon cycle quand ma peau est au meilleur de sa forme, donc je me sentais capable de résister à l'impulsion de percer. Je n'avais pas de boutons blancs et rien de kystique ou de douloureux et je voudrais que cela reste ainsi, merci beaucoup.
Je devais donc m'en tenir à ma routine de soins de la peau, qui est bien rodée mais assez simple. J'utilise le gel moussant de CeraVe deux fois par jour, que j'adore pour sa douceur et son efficacité sur ma peau. J'ai alors une rotation d'acides, de sérums ou de rétinols topiques que j'alterne entre eux, parce que cela garde ma peau dans un bon équilibre. Le matin, je vais soit utiliser la poudre de niacinamide de The Ordinary (qui est la seule chose que j'ai trouvée qui traite efficacement l'acné sous peau), suivie de la crème fluide SPF 50 de Heliocare 360, soit du Duac (une crème au peroxyde de benozyle) prescrite sur ordonnance que j'applique sur les zones cibles, suivie du sérum C-Tetra de Medik8 (qui aide à adoucir l'hyperpigmentation et me fait me sentir belle et rayonnante) puis d'un SPF. Le soir, j'alterne entre ma prescription de rétinol (différine), l'acide azélaïque de The Ordinary (qui aide vraiment à corriger les imperfections de la peau) ou un traitement à base d'acide. J'adore le sérum Good Genes de Sunday Riley, et le masque à l'acide salicylique 2% de The Ordinary. L'avantage de travailler depuis la maison est que je peux laisser les produits agir avant d'en appliquer un autre, et je peux faire un masque facial à tout moment.
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Il faut également noter que je prends désormais la pilule combinée (Microgynon) pour gérer les symptômes du SOPK. Cela a énormément aidé pour mon acné kystique, qui était entièrement hormonale et ne pouvait pas disparaître, peu importe ce que j'utilisais sur ma peau. Ce n'est évidemment pas une option pour tout le monde.
Semaine 2
Je pourrais prendre mes désirs pour des réalités, mais dès la deuxième semaine, j'ai déjà l'impression de voir une différence. En tout cas, ma peau n'est pas pire. Mes joues sont ma zone à risque dues à mes pores tellement ouverts et bien que je vois des points noirs se former, je profite de l'absence de douleur sur mon visage pour ne pas y toucher. J'ai toujours considéré que chaque fois que je perçais un point noir ou un bouton blanc (surtout au niveau des joues), cela finissait toujours par être encore plus désastreux, avec une infection qui à la fois faisait mal et semblait bien pire qu'auparavant.
Le Dr Zainab Laftah est dermatologue consultante au HCA The Shard. Elle confirme que cette théorie est correcte. "Bien qu'il soit difficile de résister à cette envie de percer, le fait de presser vos boutons peut entraîner l'apparition d'autres boutons, une décoloration de la peau et des cicatrices". En particulier, le fait de presser un bouton peut pousser et propager l'infection autour de la peau, au lieu de la faire sortir. Dans le cas des kystes en particulier (qui sont une accumulation de pus, de cellules mortes et de sébum sous la peau), "le fait de presser peut faire pénétrer les bactéries et le sébum plus profondément dans la peau, ce qui entraîne un gonflement et une infection, augmentant ainsi le risque de cicatrices".
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Bien que je sache tout cela, j'ai encore du mal à me défaire à l'idée qu'il faut faire sortir l'infection pour qu'elle guérisse. Cependant, le Dr Laftah souligne que ce n'est pas le cas. "À court terme, le fait de percer régulièrement vos boutons entraîne une inflammation, une douleur et la formation de kystes, tandis que les effets à long terme comprennent une décoloration de la peau et des cicatrices".
Avec ces connaissances et les résultats payants de la semaine, je me prépare à relever le défi de la troisième semaine, où je m'attends à subir un double problème : l'envie de percer à nouveau et l'acné du syndrome prémenstruel.
Semaine 3
Cher·e lecteur·rice, ça n'a pas loupé. La photo ci-dessus a été prise au début de la semaine, avant que tout ne tourne mal, mais ma peau n'était plus aussi belle à la fin. Le lendemain de cette photo, j'ai commencé à avoir une bosse sur la mâchoire gauche qui ne voulait pas disparaître. Je me suis retrouvée à ne penser qu'à ça pendant que je travaillais, en m'efforçant de ne pas la toucher ni la percer. Elle était rouge et douloureuse, mais je ne l'ai pas touché.
On est soudain samedi soir, je suis saoule au vin rouge, mon SPM fait des siennes et je suis dans la salle de bain sur le point d'utiliser du fil dentaire. Avant que je ne puisse m'arrêter, je me suis penchée près du miroir et j'ai commencé à me faire la peau. Après le premier bouton, je n'ai pas pu m'arrêter et j'ai percé tout ce que je pouvais voir - sur mon nez et mon menton et, plus désastreux encore, sur mes joues. L'euphorie ressentie cède rapidement la place à la culpabilité, alors que je regarde fixement mon visage rouge et enflammé.
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Je me suis traitée de stupide conne et je me suis mise au lit.
Le Dr Sheri Jacobson, fondatrice de la Harley Therapy, me dit que nous développons des habitudes pour tenter d'apporter du plaisir ou de soulager la détresse. "Des choses comme percer les boutons seront souvent une tentative d'apaisement ou de diminution de l'inconfort ou de la détresse. Il pourrait donc s'agir d'un malaise par rapport à sa propre apparence. En général, on regarde le côté esthétique et tout ce que cela signifie pour une personne, parce que pour certaines personnes, cela n'a aucune incidence".
Vu mon état d'esprit, il est logique que je n'aie pas pu maintenir la patience dont j'avais fait preuve les semaines précédentes et que j'ai craqué. Et une fois que j'ai commencé, je me suis dit que de toute évidence, c'était moche dans les deux cas, alors pourquoi s'arrêter là ?
Selon Sheri, cette situation est souvent liée à une forme d'autoflagellation. "Nous savons que cela n'aide pas, mais nous continuons à le faire. Cela pourrait être dû au fait que le processus est tellement enraciné et qu'il est très difficile de rompre complètement les habitudes, mais aussi parce que c'est une forme d'autoflagellation ou d'automutilation. À un niveau inconscient, cela pourrait se traduire par des choses comme 'peut-être que nous ne méritons pas mieux'".
Ok. Elle m'a eu là !
Semaine 4
Ce qui aurait dû être une dernière semaine triomphante est au contraire une leçon d'humilité, car mes transgressions me sont rappelée quotidiennement. Un nouveau bouton douloureux s'est formé sur ma pommette, ainsi que deux points blancs sur ma joue. Le bouton sur ma mâchoire est maintenant une tache rouge foncé et ma peau est une variété de roses. Comme vous pouvez le voir sur les photos, l'hyperpigmentation commence à peine à s'estomper - je sais par expérience qu'il faudra des semaines, voire des mois, pour qu'elle disparaisse complètement.
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Mais je suis toujours aussi enthousiaste devant les résultats de l'expérience. Les boutons que je développe sont directement liés aux points noirs que j'ai pressés dans cette frénésie sauvage la semaine précédente et, à part celui qui a tout déclenché, j'aurais probablement eu peu de changement tout au long de mon cycle menstruel.
Cependant, je me suis rendu compte que l'effet secondaire que mon cycle a sur moi mentalement (surtout en ce qui concerne l'image corporelle, l'humeur et l'autoflagellation générale) est beaucoup plus important. Parler avec Sheri m'a fait réaliser à quel point ma santé mentale et ma peau sont liées : ma compulsion de percer est due à mes TOC, mon acné a un impact sur l'image que j'ai de moi-même, mes angoisses et ma mauvaise humeur alimentent le sentiment d'autoflagellation.
Le fait que je sois contrainte de percer des boutons est autant lié à la volonté de conserver une peau relativement nette, pour laquelle j'ai consacré tant de temps, qu'au fait de ne pas me détester pour avoir dérapé. Il s'agit autant de surveiller mon humeur que les boutons eux-mêmes. Je n'aurai jamais la peau de quelqu'un qui n'a jamais eu d'acné kystique et je peux vivre avec ça. J'espère qu'avec le temps, je trouverai des moyens d'arrêter de me punir pour cela au cours d'une crise de SPM.
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