« I am not afraid, I can hardly wait.» - Spin The Bottle, Juliana Hatfield, 1994
Laissez-moi commencer par vous dire que je suis un peu folle. Je ne voudrais surtout pas que vous pensiez avoir affaire à une personne saine d'esprit en me lisant. Je me réveille généralement à 4h30 du matin en semaine, sans même avoir besoin d’un réveil, et il y a certaines décos d'Halloween qui ne quittent pas mon appartement de l'année. Je ne vous cache pas, chères lectrices, que je me fais tout de même du souci. Je suis une femme célibataire qui vis seule par choix (mais qui n’est pas nécessairement célibataire par choix, coucou messieurs !), et je m'impose donc certaines précautions que l’on pourrait qualifier de paranoïaques, et elles occupent peut-être un peu trop mon esprit. Quand il n'y a personne pour me juger, ça peut vite devenir très bizarre. Ou alors, est-ce que tout ne deviendrait pas simplement plus sûr et sécurisé ? Faisons le point.
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Je pose la question le plus sérieusement du monde : SI JE VENAIS À MOURIR, QUI S’EN APERCEVRAIT ?
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Ce que j’entends par paranoïaque ? Je pense qu'il pourrait être utile d'apporter une preuve simple et claire de la façon dont mon existence en solitaire contribue à mon sentiment d’anxiété. Laissez-moi vous donner un exemple : les meubles de ma cuisine font 1,80 m de haut ; ils vont jusqu'au plafond. Je peux à peine atteindre la première étagère, et encore moins la deuxième, la troisième ou la quatrième. Une personne normale se contenterait d’un passage au magasin de bricolage le plus proche pour investir dans un escabeau, et l’histoire s'arrêterait là. Oui, mais voilà, je ne suis pas une personne normale. Et je ne peux m’empêcher de m'imaginer tomber de l'escabeau, subir une grave commotion cérébrale et rencontrer ma mort prématurée, seule dans mon appartement. Je ne m'aventure jamais à grimper sur autre chose que mon pouf de haut de 15 cm, et la plupart de mes étagères sont donc vides. Voilà ce que je veux dire par paranoïaque.
Je pose la question le plus sérieusement du monde : SI JE VENAIS À MOURIR, QUI S’EN APERCEVRAIT ? Pensez-y deux secondes : je travaille de chez moi, c’est moi qui décide de mes horaires, et techniquement, je n’ai pas besoin de sortir de la maison avant jeudi prochain. Si je devais tomber raide morte devant mon ordinateur portable, là tout de suite, combien de temps pensez-vous qu'il faudrait pour que quelqu'un le remarque ? Trop longtemps, les gens. TROP LONGTEMPS.
Et ce n'est pas comme si ça changeait quelque chose pour moi, dans ce scénario je suis morte je vous rappelle. Mais j'ai chez moi un chat de 13 ans qui ne mange que de la nourriture sèche et qui est sujet à une insuffisance rénale lorsqu'il est déshydraté. Qu’arriverait-il à mon chat !?
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La question du soin aux animaux en cas de décès d'une personne célibataire n'est pas aussi drôle que mon mécanisme de défense humoristique tente de le faire penser. Récemment, dans mon groupe Facebook pour célibataires, une femme a eu un accident grave. (Je vous rassure, elle va bien.) Cet événement l'a rendue extrêmement préoccupée par la sécurité de ses animaux de compagnie dans le cas où elle serait gravement blessée ou pire. Elle a demandé conseil au groupe et, étant les warriors absolues que nous sommes, des suggestions ont été faites pour toutes sortes de précautions qui me rendent fière de notre ingéniosité et infiniment reconnaissante envers les artisans d'Etsy. Mais certaines questions restent sans réponse, et je ne vous cache pas que le simple fait d'y penser me rend triste.
Si je venais à mourir, qui s’en rendrait compte ? Qui prendrait soin de mon chat ? Comment est-ce que ma mère l'apprendrait ? (Maman, si tu lis ces lignes, ne t’inquiète pas, tout va bien et je t’appelle demain.) Voilà les pensées qui traversent constamment mon esprit. Et si j'étais en couple, et que quelqu'un venait me voir tous les soirs à la maison, je pourrais avoir un escabeau aussi haut que je le voudrais et savoir que Jules (bon, il ne s’appellera pas Jules), me trouverait assez rapidement et saurait où est rangée la nourriture du chat.
La mort, c’est une chose, mais qu’en est-il des autres scénarios catastrophes ? Je parle des choses qui ne vont pas me tuer, mais qui me font quand même très peur — et à deux doigts d’enfiler une combinaison digne des Hunger Games et entrer en mode survivaliste. Je parle d’incendies, d’inondations, d’invasions de sauterelles ou autres plaies que l’on peut trouver dans la Haggadah de Pessah. J’ai une peur noire des catastrophes naturelles. Au cas où vous vous poseriez la question, si je devais faire un classement, la moins pire serait le blizzard, et celle qui me fait le plus peur serait la tornade. Marcher sur la neige, ça reste possible avec les bonnes chaussures. Mais une tornade, ça sort de nulle part, c’est imprévisible et pourraient littéralement arracher votre maison et la déposer dans un autre arrondissement. Si cela ne suffit pas à vous faire peur et à vous inciter à vous préparer au pire, je ne sais pas ce qui le fera. Pendant qu’on y est, j'ai aussi une peur irrationnelle des tsunamis.
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Enfin voilà…
Dans la mesure du possible, je fais de mon mieux pour me tenir à ma stratégie d'urgence en cas de catastrophe. Cela implique de toujours avoir des bouteilles d'eau d'urgence, des denrées alimentaires non-périssables et du papier toilette en quantité suffisante. (Je sais, le truc du papier toilette est bizarre, mais imaginez être bloquée chez vous sans... ) Le plan consiste à rester à l’intérieur jusqu'à ce que les conditions s'améliorent. Lorsque ce n'est pas possible, je garde également un sac à dos toujours prêt et rempli de documents importants, de vêtements de rechange et de chaussures, d'articles de première nécessité comme ma radio à manivelle, ma lampe de poche, mon chargeur de téléphone portable (on trouve ça sur Amazon, si ça vous intéresse) et de la nourriture pour chats, car là où je vais, elle va.
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Est-il possible que j'ai le sentiment d'avoir besoin de quelqu'un pour me sentir en sécurité et, qu’en l'absence de cette personne, j’en sois venue à surcompenser en essayant de me préparer à toutes les éventualités ?
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Que les choses soient claires, si je parle de ma folie, ce n’est pas pour recevoir une forme d’approbation, ni dans l’espoir de me faire interner. Ce serait plutôt dans le but d’approfondir la question pour moi-même. Une question se pose : aurais-je moins peur si je n'étais pas seule ? La présence d'un être humain dans ma vie permettrait-elle de calmer mes angoisses, me ferait-elle me sentir davantage capable de surmonter une catastrophe, ou alors m'offrirait-elle simplement une voix de raison apaisante me disant de ne pas acheter ce kit d'urgence à 200 EUR sur lequel je louche depuis plus d’un an ?
Est-il possible que j'ai le sentiment d'avoir besoin de quelqu'un pour me sentir en sécurité et, qu’en l'absence de cette personne, j’en sois venue à surcompenser en essayant de me préparer à toutes les éventualités ? La réponse à ces questions est évidemment oui, et peut-être que de l'admettre à haute voix m'aidera à trouver un sentiment de sécurité physique, ou au moins à me mettre sur la bonne voie. Je suis une personne relativement indépendante sur le plan émotionnel, financier et social, mais physiquement, j'ai tendance à très vite paniquer.
Je ne trouve pas triste que ces pensées et ces soucis existent pour moi en premier lieu. Le caractère unique de la vie de célibataire n'est, pour moi du moins, rien de nouveau et il n’y a rien de mal à ça. J'ai réussi à résister à la pression de la société à me mettre en couple, mais je me sens tout de même obligée d'avoir quelqu'un à mes côtés au cas où je tomberais sous la douche. J'ai dû me demander pourquoi je me sens, non pas moins enclin au danger, mais moins effrayé par celui-ci, quand il y a quelqu'un d'autre avec moi. Je pense que c'est peut-être parce que je suis humaine, et que je suis célibataire, car en couple ou autre, il est tout à fait normal d'avoir besoin de la présence des autres et d'être réconforté par elle.
Et en attendant que je rencontre ce quelqu’un, je suppose qu'il ne tient qu'à moi de trouver ce qui me fait peur exactement, et soit d'identifier la cause profonde de mes craintes — soit de tenter de les résoudre via Amazon Prime. Je ne me sens pas coupable de me sentir en sécurité en pensant qu'un jour, j'aurai un partenaire. Car cette partie de moi sait aussi que même sans partenaire, je m'en sortirai probablement très bien.
Et en attendant que je rencontre ce quelqu’un, je suppose qu'il ne tient qu'à moi de trouver ce qui me fait peur exactement, et soit d'identifier la cause profonde de mes craintes — soit de tenter de les résoudre via Amazon Prime. Je ne me sens pas coupable de me sentir en sécurité en pensant qu'un jour, j'aurai un partenaire. Car cette partie de moi sait aussi que même sans partenaire, je m'en sortirai probablement très bien.
Mais sérieusement, s'il m'arrivait quelque chose, pensez à nourrir mon chat.
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