Ce n'estt quand j'ai compris ce qu'impliquait le "mot" trans que j'ai réellement senti un changement dans ma vie et dans mon corps. "Trans" est mon étiquette, mon compagnon, celui qui partage mon lit et mon confident.
J'ai maintenant les clés de ma maison trans et j'ai pris possession des putains de lieux. Je me sens enfin plus beau · lle que je ne l'ai jamais été pendant mes cinquante ans d'existence. Je sais qu'à cet âge, on est censé se lamenter sur la perte de la jeunesse, mais ce n'est pas le cas. Je me délecte de la gloire de ma quiétude et de ma transsexualité. Pour être honnête, j'ai l'impression d'exister en dehors de mon âge. J'ai appris à toucher mon corps intimement, sexuellement et avec beaucoup de soin. Je respecte mon identité et j'ai même appris à aimer, à accepter et à caresser les poils duveteux autour de mon trou de cul. Voilà le chemin que j'ai parcouru. Je n'évite aucune partie de mon corps. Le mot " trans " est celui qui me va maintenant comme un gant. Comme un beau gant de cuir doux et ancien. C'est comme si je n'avais jamais été que ce mot "trans", même si pendant de nombreuses années je ne le connaissais pas. Né · e trans, né · e comme ça.
Mes organes génitaux ont-ils jamais été vraiment sexués ou ont-ils toujours été simplement transgenres, avec la capacité de changer ? Mon corps a-t-il toujours été un corps trans, jamais binaire, jamais sexué ? Quand je pense à tous ces apprentissages normaifs auxquels j'ai dû me conformer pour éviter les attaques. On m'a appris à ne pas être naturel · le, mais à agir pour plaire aux autres en jouant la comédie. Même tout au long du processus de transition, j'ai dû me battre pour me faire plaisir et ne pas faire plaisir à ceux qui, en dehors de moi, me jugent pas assez bon · ne, trop effrayant · e ou tout simplement pas réel · le (souvent d'autres trans qui me voient comme transgressif · ve et gênant · e). J'ai besoin de sentir que les mots que j'utilise pour moi et mon corps englobent et embrassent complètement tout mon processus, ma lutte et le cœur même de mon identité, le cœur même de mon être.
C'est ce qu'incarne parfaitement le mot "trans" pour moi. Je n'ai pas envie de me répéter continuellement "je suis une femme, femme, femme " ou que "je suis réelle" pour rentrer enfin dans le cadre binaire du genre. Je ne me sens pas plus "en accord avec moi-même" ou "reconnue" maintenant que je suis passée la chirurgie de réattribution. Je me suis toujours sentie comme un · e étrangèr · e. Jusqu'à ce que le terme "trans" soit nommé et qu'il me permette de m'appréhender réellement.
Je ne trouve pas ma valeur dans le mot "femme", et pourtant, j'ai vraiment essayé. Même si ça ne dépend maintenant plus que moi, ça n'a rien changé au fond. Je ne me retrouve que dans le mot "trans". Toute ma valeur - érotique, spirituelle, conceptuelle, réelle et économique - se reflète dans le mot "trans".
J'ai honnêtement l'impression que ma chirurgie de réattribution m'a rendue plus trans, et pas plus femme. Tout ce qui a servi à façonner mon "antre" était déjà là, en moi. Dans leur nouvelle forme, mes organes génitaux me permettent simplement d'accéder à ma signification inhérente, une signification qui échappera toujours aux cadres. Ma chirurgie va plus loin que le fait d'avoir une chatte.
Les hormones que je prends chaque jour rendent mon caractère trans plus exquis et nuancé, pas plus féminin. Elles permettent à mon corps et à mon sens du moi d'être emmenés vers de nouvelles acceptations, dans une direction complètement différente : pas vers le genre féminin, pas vers le genrez masculin, mais vers un lieu inconnu auquel je n'ai pas encore été habitué · e. Au quotidien, mes hormones réitèrent ma transesthésie, ce beau voyage complexe et pourtant si simple qui a toujours été le mien.
J'ai maintenant les clés de ma maison trans et j'ai pris possession des putains de lieux. Je me sens enfin plus beau · lle que je ne l'ai jamais été pendant mes cinquante ans d'existence. Je sais qu'à cet âge, on est censé se lamenter sur la perte de la jeunesse, mais ce n'est pas le cas. Je me délecte de la gloire de ma quiétude et de ma transsexualité. Pour être honnête, j'ai l'impression d'exister en dehors de mon âge. J'ai appris à toucher mon corps intimement, sexuellement et avec beaucoup de soin. Je respecte mon identité et j'ai même appris à aimer, à accepter et à caresser les poils duveteux autour de mon trou de cul. Voilà le chemin que j'ai parcouru. Je n'évite aucune partie de mon corps. Le mot " trans " est celui qui me va maintenant comme un gant. Comme un beau gant de cuir doux et ancien. C'est comme si je n'avais jamais été que ce mot "trans", même si pendant de nombreuses années je ne le connaissais pas. Né · e trans, né · e comme ça.
Mes organes génitaux ont-ils jamais été vraiment sexués ou ont-ils toujours été simplement transgenres, avec la capacité de changer ? Mon corps a-t-il toujours été un corps trans, jamais binaire, jamais sexué ? Quand je pense à tous ces apprentissages normaifs auxquels j'ai dû me conformer pour éviter les attaques. On m'a appris à ne pas être naturel · le, mais à agir pour plaire aux autres en jouant la comédie. Même tout au long du processus de transition, j'ai dû me battre pour me faire plaisir et ne pas faire plaisir à ceux qui, en dehors de moi, me jugent pas assez bon · ne, trop effrayant · e ou tout simplement pas réel · le (souvent d'autres trans qui me voient comme transgressif · ve et gênant · e). J'ai besoin de sentir que les mots que j'utilise pour moi et mon corps englobent et embrassent complètement tout mon processus, ma lutte et le cœur même de mon identité, le cœur même de mon être.
C'est ce qu'incarne parfaitement le mot "trans" pour moi. Je n'ai pas envie de me répéter continuellement "je suis une femme, femme, femme " ou que "je suis réelle" pour rentrer enfin dans le cadre binaire du genre. Je ne me sens pas plus "en accord avec moi-même" ou "reconnue" maintenant que je suis passée la chirurgie de réattribution. Je me suis toujours sentie comme un · e étrangèr · e. Jusqu'à ce que le terme "trans" soit nommé et qu'il me permette de m'appréhender réellement.
Je ne trouve pas ma valeur dans le mot "femme", et pourtant, j'ai vraiment essayé. Même si ça ne dépend maintenant plus que moi, ça n'a rien changé au fond. Je ne me retrouve que dans le mot "trans". Toute ma valeur - érotique, spirituelle, conceptuelle, réelle et économique - se reflète dans le mot "trans".
J'ai honnêtement l'impression que ma chirurgie de réattribution m'a rendue plus trans, et pas plus femme. Tout ce qui a servi à façonner mon "antre" était déjà là, en moi. Dans leur nouvelle forme, mes organes génitaux me permettent simplement d'accéder à ma signification inhérente, une signification qui échappera toujours aux cadres. Ma chirurgie va plus loin que le fait d'avoir une chatte.
Les hormones que je prends chaque jour rendent mon caractère trans plus exquis et nuancé, pas plus féminin. Elles permettent à mon corps et à mon sens du moi d'être emmenés vers de nouvelles acceptations, dans une direction complètement différente : pas vers le genre féminin, pas vers le genrez masculin, mais vers un lieu inconnu auquel je n'ai pas encore été habitué · e. Au quotidien, mes hormones réitèrent ma transesthésie, ce beau voyage complexe et pourtant si simple qui a toujours été le mien.
Trans Power : Own Your Gender de Juno Roche (Jessica Kingsley Publishers) est maintenant disponible à la vente.
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