Une amie à moi, qui est mariée, a donné naissance à son premier enfant il y a de ça quelques semaines. Un jour après être devenue maman, elle m’a envoyé ce message : « Si personne ne te l’a dit récemment, tu es une rockstar ! Je ne sais pas comment tu arrives à t’en sortir toute seule. C’est un boulot monstre ! » « Rockstar », c’était une première. D’autres mères mariées dans mon cercle m’avaient déjà qualifiée de « super-star » ou de « super-héros ». Ou, comme me l’avait dit une proche, les mains sur mon ventre rond de 7 mois, scrutant l’absence d’alliance à mon doigt : « Tu es bien brave ma petite. »
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Une idiote plutôt ! C’est ce que je me dis les jours où être un parent solo semble être une mission impossible. Des jours comme celui— quelques heures avant de recevoir ce fameux message— où une femme m’a hurlé que mon bébé pleurait parce qu’il avait trop chaud et était déshydraté, qu’il devait être porté en écharpe et que sa fontanelle (la partie souple sur le dessus du crâne) était affaissée. Autant vous dire que ce jour-là, alors que je sanglotais à la station de métro en cherchant à prendre rendez-vous en urgence chez un docteur pour m’assurer qu’elle avait tort (et elle avait tort), je n’avais pas vraiment l’impression d’être un super-héros.
Je n’ai jamais entendu personne avancer que d’avoir un bébé est un jeu d’enfant et je suis bien consciente de la chance que j’ai d’avoir un bébé en bonne santé et les moyens de me payer une baby-sitter. Mais devoir tout faire toute seule complique encore un peu plus une tache déjà difficile— un peu comme faire de l’origami une main attachée derrière le dos. La responsabilité, comprendre que ce petit être si vulnérable dépend entièrement de vous, est un défi colossal. Vous ne disposez d’aucun back-up, personne vers qui vous tourner en cas de doute. La solitude est parfois insupportable et vous devez par-dessus le marché essuyer les critiques incessantes de votre situation familiale non-traditionnelle.
Paradoxalement, je me suis bien sentie pousser des ailes durant ma grossesse. Alors que je rêvais d’une vie simple comme celle décrite par Gwen Stefani dans sa chanson avec les No Doubt "Simple Kind Of Life"— avant que son mari, Gavin Rossdale se tape la nounou — les années avaient passé sans que je ne trouve un homme avec qui j’aurais envie de partager ma vie. C’est alors que j’ai décidé que je n’avais pas besoin d’un homme et je me suis tournée vers la FIV. Bien évidemment, je ne me suis pas reproduite seule — je salue l’embryologiste et le donneur de sperme au passage — mais le processus m’a donné une impression de pouvoir, comme si j’avais conjuré cet être magnifique de nulle part. Je me suis occupée des injections tous les soirs moi-même. J’ai été aux échographies et assisté aux cours de préparation seule. J’aimais l’idée d’avoir cette petite chose rien que pour moi. J’étais un peu dans un spleen de mère battante qui a disparu à la naissance du bébé.
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Bien que ce soit ma nature indépendante qui m’ait poussé à faire un bébé toute seule, je ne m'étais jamais sentie aussi perdue et dépendante
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Bien que ce soit ma nature indépendante qui m’ait poussée à faire un bébé toute seule, je ne m'étais jamais sentie aussi perdue et dépendante. Ce n’est pas simplement le fait de n’avoir personne pour prendre le relai la nuit ou même juste tenir le bébé le temps que j’aille aux toilettes ; je n’ai pas la moindre famille de ce côté de l’Atlantique. J’ai pleuré des jours durant quand ma mère a dû retourner aux État Unis deux semaines après la naissance du bébé. J’avais besoin d’aide, j’étais en manque de sommeil et je n’avais aucune idée de comment obtenir l’un ou l’autre. Mais voilà ce que j’ai découvert : si vous fondez en larmes quand une personne vous demande comment ça va, ladite personne risque de s’alarmer au point de faire n’importe quoi pour que vous arrêtiez— rester toute la nuit éveillée avec vous, vous apporter des gâteaux maison, aller faire un tour avec le bébé— ce qui vous évite le malaise d’avoir à demander.
Les professionnels de la santé posent beaucoup de questions qui peuvent être irritantes quand on est un parent solo— quand on vous demande quel moyen de contraception vous utilisez le plus simple reste de pointer au bébé qui hurle— mais j’aurais aimé comprendre ce que voulait dire le docteur quand elle m’a demandé si je disposais du soutien dont j’avais besoin. Je me souviens avoir pensé Je suis bien entourée. On m’a organisé deux baby shower ! Ce qu’elle voulait dire, c’était : est-ce que j’avais des personnes qui pouvaient prendre le relai, pour faire bouillir de l’eau ou changer une couche ?
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Apprendre à demander de l’aide à ces personnes — en tant que supposée « super-héros » avec des pouvoirs bien à moi — m’a appris à être modeste, mais c’est ce qui m’a permis de garder la tête en dehors de l’eau. Ces amis pourront aller chercher de l’ibuprofène à la pharmacie ou sortir les poubelles pour vous ; des voisins dont vous ignorez même le nom pourront vous aider à monter la poussette dans les escaliers quand l’ascenseur est hors service. La première et dernière chose que je demande aux personnes qui viennent nous rendre visite sont : « tu peux porter le bébé le temps que j’aille aux toilettes ? » Ces derniers temps, avoir quelqu’un qui s’occupe de mon bébé le temps pour moi de me laver le visage en paix est l’équivalent d’un bon massage.
Mais ça ne suffit pas malheureusement. Cet été, mon bébé et moi retournons habiter au Texas, où mon cercle de soutien permettra de m’alléger un peu la tâche. Est-ce que je m’imaginais retourner vivre chez ma mère avec mon bébé à 40 ans ? Pas le moins du monde. Est-ce que je compte les jours qui nous séparent du déménagement avec une anticipation non dissimulée ? Sans l’ombre d’un doute.
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Devenir maman solo m’a forcé à ravaler ma fierté, mais cela ne veut pas dire que je ne suis pas fière. Je repense au nombre de fois où je me suis dit que je n’y arriverai jamais et réalise que d’une manière ou d’une autre, j’y suis arrivé.
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Devenir maman solo m’a forcée à ravaler ma fierté, mais cela ne veut pas dire que je ne suis pas fière. Je repense au nombre de fois où je me suis dit que je n’y arriverai jamais et réalise que d’une manière ou d’une autre, j’y suis arrivée. Je l’ai fait, je le fais et je vais continuer de le faire. Cela ne me donne peut-être pas le statut de super-héros mais ça vaut bien une bonne tape dans le dos— ou mieux, de rester coucher.
Je ne suis pas la seule. Avec la fête des mères qui approche à grands-pas — une fête qui ne résulte que trop rarement en une journée au spa pour celles d’entre nous qui n’ont pas de partenaire pour la planifier — de nombreuses mamans solo vont se sentir isolées. Alors oui, un est le chiffre le plus solitaire, mais il est important de se souvenir que nous sommes nombreuses et qu’ensemble, nous pouvons faire en sorte d’y arriver.