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Pourquoi j’ai décidé de renoncer à la « Fast-Fashion »

Photo: Courtesy of Birdsong.
J’avais 3 ans quand ma mère a accepté de me laisser m’habiller toute seule. J’ai choisi pour l’occasion une blouse Mickey à imprimé hawaiien et un legging tout aussi bariolé. Depuis ce jour, la mode a toujours été pour moi un moyen d’exprimer ce que je n’avais pas le courage de dire tout haut. Même si le message était simplement, « eh oh, je suis mignonne – regardez-moi ! »
La mode permet de créer des liens. Elle est un moyen d’expression. Elle permet d’exprimer son identité sexuelle, son identité de genre, ses convictions politiques et bien plus encore. Lorsque je sors de chez moi avec mon sac orange vif au slogan antifasciste, j’ai l’impression de réduire d’au moins 5 % mon impuissance face au Brexit ou à Trump en plus d’avoir un style fabuleux.
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J’étais une ado mal dans sa peau et la mode de grande distribution me donnait le sentiment d’appartenir à une communauté. C’est adolescente, lors de mes premières sessions shopping, que j’ai appris à aimer les tendances et je chéris encore tous les souvenirs d’amitiés forgées dans les cabines d’essayage, ainsi que les moments qui m’ont aidée à forger mon identité. Topshop était pour moi comme un refuge. Je pouvais passer des heures à chercher les boucles d’oreille qui exprimeraient parfaitement ma personnalité.
La discussion autour de la fast-fashion est culturelle. Grâce à elle, on apprend à aimer les aspects de notre personnalité que l’on choisit d’exprimer avec une tenue. Mais c’est également épuisant.
Non-content d’être l’une des industries les plus polluantes au monde — la seconde selon Eileen Fisher – la fast-fashion peut être source d’anxiété, nous forçant à suivre son rythme effréné. Grâce à la mode, on apprend à présenter une meilleure version de soi, mais on crée également un besoin incessant.
Photo: via @alice_avalon.
On parle de plus en plus souvent de la mode comme d’une question féministe, mais il ne s’agit pas uniquement d’un problème de discrimination à la taille. Environ 80 % des ouvriers de l’industrie textile dans le monde — ce qui représente des millions de personnes – sont des femmes âgées de 18 à 35 ans. Des femmes comme vous et moi. Il est facile d’oublier lorsque l’on reçoit son beau colis que celui-ci ne nous tombe pas tout droit du ciel, envoyé par un alien aux goûts impeccables. Ce vêtement que vous tenez entre vos mains a été confectionné par une autre femme. Une femme qui a probablement le même âge que vous, une femme de couleur, une femme qui travaille dans des conditions difficiles. En tant qu’activiste, je n’arrivais pas à digérer à cette idée.
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Pas besoin de voir le documentaire The True Cost, ni d’apprendre que des enfants syriens sont employés au noir dans des usines textiles en Turquie, pour ressentir de la culpabilité à consommer ces produits tant éphémères. Cependant, je pense que l’argument qui nous pousserait à y renoncer repose sur les alternatives existantes. Depuis que j’ai renoncé (en grande partie) aux vêtements de la fast-fashion, j’ai beaucoup appris.

Disposer d’options limitées est fun

Je passe beaucoup de temps à rechercher des tenues en fouinant sur eBay pour dénicher des combinaisons aux possibilités infinies. M’habiller est devenu un hobby. J’ai dû économiser trois mois avant de pouvoir m’acheter les baskets de mes rêves, mais je les aime bien plus que les Nike Air que rêvais d’avoir à l’âge de 12 ans au point d’en pleurer et que j’ai fini par récupérer d’une amie à qui elles n’allaient plus.
Acheter moins ajoute de la valeur aux objets dans lesquels on choisi d’investir. Un t-shirt oublié par un ancien amour à beaucoup de valeur, tout comme une robe empruntée à une amie, preuve d’un goût commun. Les chaussures qu’on enfile pour soulager ses pieds endoloris après une soirée sont portées temporairement, comme si on se mettait dans la peau d’un nouveau personnage. Il existe de nouvelles façons de dépasser l’ennui du dressing.

Vous apprendrez à apprécier les détails

J’adore me balader dans les rayons d’une boutique vintage et de m’imprégner des sensations procurées par les différentes matières. Cela me donne l’impression d’avoir une sorte de super pouvoir. J’ai appris à apprécier chaque pli, chaque poche, chaque boutonnière pour le travail impliqué. Depuis que j’ai essayé une robe résille dans un grand magasin qui m’a donné une éruption de boutons, je prends le temps d’apprécier la douceur d’un t-shirt propre, ou le luxe que j’ai ressenti à l’acquisition de ma première veste réellement imperméable.
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Lorsque j’ai commencé à mieux gagner ma vie, j’ai investi dans les deux manteaux éthiques de mes rêves. Au départ j’avais l’impression qu’ils faisaient trop vieillot, trop adulte. Mais je savais que je voulais investir dans la personne d'influence que j’allais devenir dans les dix années à venir, et non la personne qui achetait ces manteaux en croisant les doigts pour que la transaction passe. L’un des manteaux était composé de nylon recyclé et il m’a protégé comme une armure, durant des années éprouvantes passées en bord de mer du Nord.

La marque devrait avoir une signification.

Beaucoup de marques tentent de nous vendre une idéologie, presque autant que la matière et le design. J’ai appris à juger les marques avec un regard sceptique en raison de la manière dont elles traitent leurs employés, mais je crois que c’est une bonne chose.
Pepsi est un excellent exemple de tout ce qui peut mal tourner lorsqu’on tente de détourner un fait important dans le simple but de vendre un produit. Les sous-cultures existent et s’épanouissent comme un moyen de participer aux grandes discussions en marge de l’économie générale, mais on peut se demander si un perf’ en cuir fait vraiment de nous des rebelles, s’il est fabriqué dans des conditions d’exploitation. On assiste bien trop souvent au détournement d’idées politiques qui nous sont revendues sous forme de tendances.

Acheter des produits bas de gamme revient plus cher à long terme.

Alors que le fossé entre les plus riches et les pauvres se cesse de s’élargir, la survie devrait revêtir plus d’importance que la façon dont on choisit de consommer. La véritable injustice est que la mauvaise qualité coûte plus cher. Des chaussures de mauvaise qualité s’abiment plus facilement, et doivent être plus souvent remplacées qu’une alternative plus chère, mais de meilleure qualité.
Avoir le choix et les moyens représente un énorme privilège. Un privilège qui n’est pas à la portée de tou·te·s. Ceci dit, le prix n’est pas toujours gage de qualité. A moins que l’étiquette indique clairement le contraire, il y a de fortes chances pour que vos vêtements soient fabriqués dans d’odieuses conditions. Il existe de nombreuses façons de trouver des marques plus éthiques, en passant par des applications, des sites internet ou des blogs, comme le mien. J’ai rencontré des activistes, fervents défenseurs des droits des ouvriers du textile, qui insistent sur le fait que le boycott n’est pas une solution. Au final, je choisis de consommer éthique, car j’aime investir mon budget limité dans une chose qui m’aide à me sentir bien et j’ai le privilège de pouvoir me le permettre. Quels que soient les facteurs qui vous retiennent d'acheter éthique, il existe également des facteurs positifs. Les options se font toujours plus nombreuses et variées et il n’a jamais été aussi simple de consommer éthique.
Je veux participer au développement d’économies basées autour des communautés et non autour de marques despotiques et avides de profit. Bien que je n’aie que peu d’argent à investir, je refuse de donner ce dont je dispose à un riche collectionneur de yacht. Courrons plutôt acheter le nouvel album de notre ami·e. Supportons notre voisin·e artiste. Vivons notre existence en investissant dans les idées qui nous tiennent à cœur. Pour moi, cela veut dire acheter mes vêtements chez des personnes qui prennent soin de celles·ceux qui les fabriquent.
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