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LGBTQ+ : quand choisir sa propre famille prend tout son sens à Noël

Photo par Anna Jay
Noël peut être une période de l'année éprouvante pour un certain nombre de personnes, et ce pour plusieurs raisons, notamment celles qui ont perdu quelqu'un au cours de l'année, celles qui vivent avec une dépression ou d'autres problèmes de santé mentale, et celles qui luttent contre une addiction à l'alcool. La saison est également particulièrement difficile pour les personnes LGBTQ+ qui ne sont pas toujours en mesure d'être pleinement elles-mêmes à la maison, ou qui ont été rejetées par leur famille biologique pour avoir tenté de le faire.
Noël, comme toute autre fête à caractère familial, est un moment où les personnes queer comptent sur leur famille choisie comme source de force. La ressource ethnographique Queer Queries définit une famille choisie comme "un groupe d'individus qui se choisissent délibérément pour jouer un rôle important dans la vie de chacun". Les membres d'une famille choisie n'ont pas besoin d'être biologiquement liés et offrent souvent le soutien et l'affirmation que les familles biologiques ont refusé aux membres de la famille queer.
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Bekah a récemment dû cesser toute communication avec sa mère et ses frères et sœurs aînés, dont elle était proche jusqu'à ce que sa relation avec sa partenaire devienne sérieuse. "Ma partenaire et moi avons emménagé ensemble et sommes maintenant fiancées, mais ma famille n'a pas bien pris la nouvelle", raconte-t-elle à Refinery29. "Ma mère a dit qu'elle n'avait pas donné naissance à une enfant gay et qu'elle n'assisterait jamais à un mariage gay, tandis que ma sœur aînée (auparavant ma plus proche alliée) a refusé de rencontrer ma partenaire, invoquant toutes sortes de raisons ridicules". Les agissements de Bekah ont été comparés à "la vente de drogue" et elle a été accusée de "faire passer son bonheur avant la famille".
Elle souligne que le fait de passer du temps avec des membres de la famille qui croient que la queerness est déviante et contre nature crée une situation unique pour les personnes LGBTQ+ pendant les fêtes. "Vous devrez généralement atténuer les aspects de votre personnalité qui pourraient choquer les membres de votre famille, vous ne pourrez pas parler des personnes que vous fréquentez ou être pleinement vous-même. Faire semblant d'être quelqu'un que l'on n'est pas pendant une période qui est censée être remplie de connexion et de joie authentiques est un poids sur votre humeur et votre santé mentale".
Bekah va passer Noël avec d'autres personnes de son quartier qui sont seules pour la période des fêtes, mais elle est loin de se sentir seule. "J'ai un groupe de discussion rempli de personnes que j'ai rencontrées lors d'un voyage résidentiel de Stonewall pour les jeunes militant·e·s QTIPOC (Queer, Trans, or Intersex, Person of Colour, ou personnes de couleur queer trans ou intersexe en français) au début de cette année. Je peux m'appuyer sur ces personnes à chaque fois que j'en ai besoin, car nous avons compris que nous nous soutiendrons toujours les un·e·s les autres, même si nous sommes tou·tes·s dispersé·e·s à travers le Royaume-Uni. Le groupe WhatsApp est comme un sanctuaire".
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Ce Noël, Alex*, une personne genderfluid, devra également compter sur un soutien extérieur à sa famille biologique et sera hébergé·e dans la famille de sa petite amie pendant la période des fêtes, car iel n'a plus de relation avec ses parents. "Ma mère m'a balancé à mon père, qui m'a dit à plusieurs reprises que j'étais une abomination, que j'allais aller en enfer et que j'étais une honte pour la famille". Son père s'est rapidement excusé et a affirmé qu'il allait s'améliorer, cependant, lorsqu'Alex a ramené sa copine, après deux ans de relation, chez ses parents, il n'a pas voulu les laisser entrer. Iel poursuit : "Il y a quelques mois, ma mère a tenté de renouer le contact et de dîner avec moi, mais c'était en réalité une embuscade homophobe où elle a amené un homme que son pasteur connaissait pour me dire que j'avais des problèmes émotionnels et que deux femmes ne devraient pas être ensemble".
Une grande partie des difficultés rencontrées par Alex est liée à l'acceptation conditionnelle qu'il a connue de la part de sa famille biologique, ainsi qu'au fait de savoir que les festivités saisonnières qu'il partageait autrefois appartiennent au passé. "Noël est difficile pour moi parce que j'ai de si bons souvenirs de Noël avec mes parents, mais ensuite je me fait à l'idée que je ne pourrai plus me faire de nouveaux bons souvenirs avec eux avant longtemps".
Certaines personnes LGBTQ+ noires, comme Shane*, passeront Noël avec leur famille avec lesquelles elles n'ont pas pu faire leur coming-out. "Mes parents jamaïcains sont homophobes et transphobes, entre autres choses", dit-iel. "Je trouve Noël difficile en particulier parce que c'est censé être cette période où l'on est entouré de sa famille, où l'on célèbre le passage à la nouvelle année et où l'on compte les bénédictions, mais il y a toujours une tension lorsque nous sommes tous dans la même pièce - nous ne savons pas de quoi parler". C'est encore plus difficile de voir des cadeaux et des cartes pour iel qui portent le mauvais terme. "C'est déjà bien assez que mon identité non-binaire soit invalidée par eux tous les jours, mais ça fait vraiment mal quand je lis 'ma fille'. J'aimerais pouvoir dormir pendant tout ce temps et me réveiller en janvier". Shane estime que sa famille choisie lui a permis de rester sain·e d'esprit et en vie tout au long de cette période de sa vie. "Je pense que je ne serais pas là sans elle ; elle est davantage une vrai famille que ma famille biologique".
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Tanya Compas, travailleuse et organisatrice d'événement auprès des jeunes LGBTQ+ au Royaume-Uni, cite également l'importance cruciale de la famille choisie comme raison de son existence. "Ma famille choisie m'a soutenu, appuyé et encouragé alors que je ne savais pas que j'en avais besoin, que ce soit en m'offrant un canapé, un lit, en me préparant à manger ou avec simplement des mots d'encouragement".
"Mon thérapeute fait souvent référence à la famille choisie comme à une famille logique, par opposition à la famille biologique", ajoute Compas. "La famille choisie, ce sont les personnes qui ont du sens pour vous et les personnes qui vous aident à avoir du sens pour vous-même".
*Les noms ont été changés pour protéger l'identité des personnes interrogées.

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