S’entortiller les cheveux : une habitude pas si inoffensive

Qu'il s'agisse de se ronger les ongles ou de s'arracher la peau, une poignée de facteurs physiques peuvent être liés au stress et à l'anxiété, mais l'un des indicateurs les moins connus est le fait de s'entortiller les cheveux. Vous pourriez vous surprendre à enrouler une mèche de cheveux autour de votre doigt lorsque vous travaillez sur votre ordinateur portable ou lorsque vous vous prélassez devant Netflix. Mais quand est-ce que cela cesse d'être une habitude inoffensive ?

Faire tournoyer ou entortiller ses cheveux, c'est les enrouler autour de son doigt en un cercle, explique Simone Thomas, experte en perte de cheveux. "Nous le voyons surtout chez les enfants", ajoute Simone, "mais les adultes sont connus pour le faire aussi". Selon la trichologue Stephanie Sey, jouer avec ses cheveux est une habitude assez courante. "On peut s'entortiller les cheveux pour plusieurs raisons, du simple ennui au soulagement du stress ou de l'anxiété", dit-elle. Cependant, Stephanie ajoute que le fait de s'entortiller les cheveux n'est pas en soi un signe d'anxiété ou de comportement nerveux.

"La trichotillomanie est un trouble du contrôle des impulsions de l'arrachage des cheveux", explique Simone. "Tirer les cheveux de façon répétée sur la tête entraîne la calvitie et la perte de cheveux". Bien que l'on ne connaisse pas les causes de la trichotillomanie, il existe plusieurs théories. "Certains experts pensent que le fait de s'arracher les cheveux est une sorte de dépendance, selon laquelle plus on s'arrache les cheveux, plus on a envie de continuer à le faire", explique Simone. "La trichotillomanie peut également être un mécanisme d'adaptation à un problème de santé mentale, comme le soulagement du stress ou de l'anxiété".

Stephanie convient qu'entortiller ses cheveux est une condition complètement différente de la trichotillomanie, qui voit des individus arracher des cheveux de leur cuir chevelu, de leurs cils, de leurs sourcils et d'autres zones, mais elle affirme que les deux peuvent coexister. "Certaines personnes peuvent tournoyer et jouer avec leurs cheveux avant de sélectionner un cheveu à arracher", explique Stephanie.

"Entortiller ses cheveux pourrait être exacerbé selon la cause", explique Stéphanie. Et est particulièrement important en période de pandémie mondiale, où les cas de perte de cheveux se multiplient. "Si une personne s'entortille les cheveux parce qu'elle est anxieuse, alors cette phase d'incertitude actuelle peut conduire à des niveaux plus élevés de cette manie", ajoute Stephanie.

Pour Rose, graphiste, l'anxiété est le déclencheur de sa manie d'entortiller ses cheveux. "Je me tortille les cheveux depuis que j'ai 7 ou 8 ans et on m'a crié dessus pour ça", explique-t-elle à R29. "Ma famille pensait que c'était juste une habitude d'enfant mais maintenant que j'ai 20 ans, je peux vous dire que c'est 100 % lié à l'anxiété". Rose souffre de TDAH et de troubles bipolaires, qui peuvent s'accompagner de problèmes sensoriels. "J'aime beaucoup les textures et le toucher car ce sont des choses sensorielles auxquelles je me raccroche le plus". Mais cela a aggravé le problème. "Faire tournoyer mes cheveux m'apporte en quelque sorte du réconfort. Je peux continuer à entortiller jusqu'à ce que mes cheveux s'emmêlent ou tombent en boule". Rose a même perdu quelques cheveux et a dû couper certaines mèches après que la torsion de ses cheveux ait rendu ses pointes irrécupérables.

Pour Sarah, écrivaine et illustratrice, le fait d'entortiller ses cheveux est lié à ses TOC. "Je souffre de TOC, d'anxiété et de phobie sociale depuis l'âge de 6 ans environ - c'est un phénomène familial - et un déménagement a exacerbé tous ces symptômes. Quand j'ai commencé à me tortiller les cheveux, c'était majoritairement lié à mes TOC et je devais le faire un certain nombre de fois. En vieillissant, cela a cessé d'être une compulsion et est devenu une habitude".

Sarah note que le fait d'entortiller ses cheveux augmente lorsqu'elle est stressée ou anxieuse ; c'est une habitude inconsciente. "Je commence juste à le faire", dit-elle à R29. "Je préfère faire des torsions du côté gauche de ma tête avec les cheveux les plus proches de la nuque. J'ai toujours eu des cheveux courts au même endroit parce que les tordre cisaille les pointes et crée parfois des nœuds que je dois couper. J'ai essayé en vain de m'arrêter et de les laisser pousser pour qu'ils soient homogènes avec le reste de mes cheveux, mais l'habitude est tellement ancrée que ça ne dure jamais longtemps". Pour Sarah, se faire couper les cheveux est donc une source d'anxiété. "Je ne peux pas prétendre qu'il s'agit de cheveux de bébé, c'est une partie trop épaisse. Un styliste m'a demandé si quelque chose était arrivé et j'ai répondu que c'était un accident. La vérité me semble être une information inutile".

Pour Whitney, s'entortiller les cheveux est également lié à l'anxiété. "C'est une habitude que je prends tous les jours", a-t-elle déclaré à R29 sur Twitter. Bien que Whitney n'ait pas remarqué d'effets secondaires sur les cheveux, elle pense que tortiller ses cheveux est liée à d'autres comportements nerveux. "Une autre chose que je fais à cause du stress, c'est de me mordre l'intérieur de la joue. J'ai aussi découvert que j'aime toucher et faire tournoyer mes cheveux parce qu'ils sont doux, donc si j'ai quelque chose d'autre de doux à toucher, c'est en gros la même chose".

Selon le degré de torsion, il peut potentiellement endommager la tige du cheveu, explique Stephanie. "Tournoyer et entortiller les cheveux peuvent endommager la couche de cuticules, entraînant des cassures et des pointes fourchues. Ceci peut également entraîner des nœuds". Stephanie poursuit en disant que si les cheveux sont entortillés jusqu'au cuir chevelu de manière très serrée, cela peut provoquer des plaques chauves dues à des tractions répétées. "C'est en fait un type d'alopécie de traction", dit-elle.

Mais entortiller ses cheveux n'endommage pas seulement les cheveux et le cuir chevelu, car Sarah signale aussi des problèmes d'ongles. "Quand je tortille mes cheveux, ils passent sous mes ongles". Elle plaisante : "Bien que je puisse faire des boucles étonnantes, ceci appuie sur le lit unguéal. En conséquence, j'ai des lits d'ongles bizarres sur mes doigts que j'utilise pour tournoyer mes cheveux, qui peuvent vraiment faire mal". Selon la American Academy of Dermatology, le fait d'arracher ou de repousser les cuticules des ongles du pouce peut entraîner la formation de sillons ou de stries. Bien que ce ne soit pas dangereux, si vous pensez que cela peut être provoqué par le fait de s'entortiller les cheveux, il est préférable de consulter votre médecin généraliste ou un dermatologue pour obtenir des conseils.

Simone mentionne que pour les adultes, il peut être plus difficile d'arrêter cette habitude, surtout si vous l'avez fait toute votre vie. Elle recommande d'essayer de découvrir le problème sous-jacent, qu'il s'agisse de stress ou d'anxiété. A partir de là, vous pourrez essayer plusieurs techniques, à commencer par des thérapies comme la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), selon Simone et Stephanie. Elles recommandent également de prendre rendez-vous chez votre médecin généraliste pour discuter des différentes options.

Simone suggère que les clients confrontés au stress et à l'anxiété essaient de pratiquer la pleine conscience, y compris la méditation et l'exercice. Les techniques de distraction sont également utiles pour éviter de s'entortiller les cheveux, explique Stephanie. "En général, cherchez des moyens d'occuper vos mains. Je vous suggérerais d'acheter un bracelet de jeu avec lequel vous pouvez jouer à la place de vos cheveux, par exemple". Simone ajoute : "Tresser vos cheveux ou mettre un chapeau vous empêchera de les faire tournoyer, mais dans un monde idéal, il serait plus judicieux de traiter la cause et non pas la masquer avec un pansement".

Pour Rose, les distractions saines sont utiles. "Mon anxiété est grandement réduite lorsque je ne suis pas à la maison", poursuit-elle. "Je pense que mon anxiété provient en grande partie de ma famille, donc plus je suis à la maison, plus je dois trouver des distractions ou des alternatives. J'adore faire tourner une ficelle ou jouer d'un instrument pour m'empêcher de me tortiller les cheveux et je vous recommande vivement de trouver des loisirs qui vous soulageront de votre anxiété".

Sarah a également réussi à ne pas entortiller ses cheveux lorsqu'elle est distraite par d'autres choses. "Habituellement, il s'agit de participer à des projets que j'aime, car je suis écrivaine et illustratrice, mais ce n'est pas une garantie", ajoute-t-elle. "J'ai les cheveux longs, donc si je relève mes cheveux et que j'attache les cheveux errants de mon cou, cela m'empêche de le faire. J'ai aussi demandé à mon copain de me faire remarquer s'il me voit jouer avec mes cheveux, mais même lui sait que c'est peine perdue ! J'ai en quelque sorte accepté que je ferai probablement cela pour le reste de ma vie".

Les groupes de soutien ou les forums en ligne peuvent également vous être utiles. Mais prendre rendez-vous avec votre médecin généraliste ou un trichologue qualifié pour discuter des différentes possibilités et façons de gérer le fait d'entortiller ses cheveux peuvent certainement être un bon début.