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Un lit, deux couettes : le secret pour une meilleure nuit ?

Photo by Senni P_yry/EyeEm
Je ne me souviens pas quand exactement j'ai découvert le principe des deux couettes pour un lit double, mais je sais qu'au début, je n'étais pas fan. Ça devait être pendant la première année de ma relation avec ma petite amie danoise (aujourd'hui ma femme), lorsque nous avions une longue distance à parcourir entre mon université et Londres et que nous étions souvent restreintes à un lit simple lorsqu'elle restait dormir. Alors quand nous sommes allées rendre visite à sa famille au Danemark, je me réjouissais de passer une nuit dans un grand lit.
Cependant, j'ai rapidement appris que l'intimité physique (ce que ma compagne appellerait probablement "monopolisation de l'espace" et "collant") est aussi importante pour moi que la possibilité de reposer tous mes membres sur le matelas en même temps. J'ai l'habitude d'enlacer ma partenaire en cuillère pour m'endormir donc les couettes séparées me semblaient inhabituelles et étrangères. Je me suis retrouvée à faire passer la mienne par-dessus la sienne pour imiter une grande couette. Quel pourrait être exactement l'intérêt de dormir de cette façon ? C'était sûrement une tradition, pas une préférence ?
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J'avais à moitié raison. C'est une tradition que l'on retrouve dans toute la Scandinavie, en Allemagne et en Autriche, mais elle n'est pas préservée juste pour la forme - les couples qui dorment de cette façon semblent adorer. Une recherche rapide sur Google indique qu'il s'agit d'une coutume scandinave ou allemande et renvoie à des pages de blogs qui en font l'éloge. Il y a même eu des campagnes Ikea spécifiques qui affirment défendre les meilleures conditions de sommeil en vendant deux couettes séparées.
Au début, j'ai refusé cette idée parce que j'étais tellement habituée à la façon de dormir avec une couette partagée que je ne comprenais pas comment faire autrement. En d'autres termes, j'avais l'esprit peu ouvert et j'étais réticente à changer, pensant que ma façon de faire était la seule possible. Évidemment ! Mais ce qui est aujourd'hui la norme en matière de sommeil en France est en fait un phénomène qui n'a pas toujours existé. Selon Neil Stanley, expert indépendant en sommeil et auteur de How To Sleep Well, partager un lit, était lié à la richesse (ou au manque de richesse). "Dormir ensemble est un phénomène très moderne, et il n'est en fait pas naturel… Ce sont seulement les pauvres qui dormaient ensemble historiquement, parce que si vous étiez riche, vous aviez assez d'espace pour ne pas dormir ensemble". Pourtant, c'est devenu si rare que dormir séparément est une tendance en soi, souvent appelée "divorce du sommeil".
En France, l'usage de la couette a commencé au Moyen-Âge et servait de surmatelas sur lequel les personnes dormaient. Puis, petit-à-petit, on s'en est servi comme literie surtout en hiver pour les jours très froids. Aujourd'hui, elle est devenue le couchage standard alors que jusqu'à là nous étions une nation pro draps (ce qui est encore le cas pour certain·es français·es). Estimée comme étant plus chaude ou plus légère et plus pratique pour faire son lit, les français·es ont adoptés la couette double pour le lit deux places comme c'était déjà le cas avec les draps ou couvertures que l'on achetait en fonction de la taille du lit. (Et surtout dans une vision d'un couchage plus matrimonial).
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Nous sommes donc arrivés à un point où partager un lit, une couette et les prédilections d'une autre personne est la façon dont les couples sont censés dormir. Parallèlement, selon une enquête de l’Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV) de 2016, 73 % des Français déclarent se réveiller au moins une fois par nuit, dont 26 % dorment en couple, ce qui trouble le sommeil d’un quart d’entre eux. Neil prétend que c'est encore plus élevé. "J'ai publié un article en 2005 montrant que dormir avec un partenaire cause environ un tiers de vos troubles du sommeil. Donc, bizarrement, quand ils bougent, vous bougez ; quand ils se réveillent, vous vous réveillez ; quand ils ronflent, vous êtes agacé".
De nombreux éléments de notre mode de sommeil peuvent perturber une nuit paisible et ne sont exacerbés que lorsque vous devez tenir compte des besoins de quelqu'un d'autre. Prenez la taille d'un lit double. Si vous êtes dans un lit double standard, donc un lit double d'un mètre quarante de large, vous avez chacun vingt centimètres de moins d'espace pour dormir que votre enfant dans un lit simple. Ensuite, il y a les différentes préférences que nous avons tou·tes, qui s'entremêlent inévitablement - de l'heure à laquelle vous aimez aller au lit et de la température que vous aimez avoir dans la pièce, aux troubles chroniques du sommeil comme les ronflements et l'insomnie.
Cela n'affecte pas seulement notre sommeil, mais aussi nos relations. Le Dr Sheri Jacobson, psychothérapeute à la retraite et fondatrice de la Harley Therapy, m'explique que la façon dont nous dormons affecte nos relations avec les autres parce qu'elle a un impact sur la quantité d'énergie dont nous disposons, ainsi que sur notre niveau de bien-être général. "Cela affecte notre humeur individuelle et a donc un impact sur toutes nos relations, que ce soit avec nos collègues, nos amis ou nos partenaires". Si votre sommeil est affecté négativement, vous êtes plus susceptible d'être impatient·e et irritable, ce qui aura le plus d'impact sur les personnes les plus proches de vous. Contrairement à l'attente culturelle selon laquelle le partage d'un lit témoigne de la force de votre relation, si cela vous empêche de dormir, ça pourrait vous séparer. Selon Neil : "Il y a en fait un lien étroit entre les troubles du sommeil et les taux de divorce, donc rester au lit avec quelqu'un qui vous agace va probablement vous amener à avoir une relation plus pénible plutôt que d'être un point fort de votre relation".
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Ce qui nous ramène à la méthode de sommeil dite scandinave : un matelas, deux couettes, deux dormeu·seuses·rs heureu·ses·x. Avec une couette séparée, vous évitez nombre des perturbations communes au partage d'un lit, le plus évident étant de devoir se battre pour la couette. Vous pouvez choisir la chaleur et le volume de la couverture que vous préférez, et vous serez moins perturbé·e par les mouvements de quelqu'un d'autre. Neil est d'accord sur ce point : "Les lits sont assez bons pour amortir les mouvements, et c'est en fait l'air froid ou le tiraillement de la couette qui va probablement vous réveiller".
Rebecca, cofondatrice de Scandinavia Standard, vit à Copenhague et partage un lit avec des couettes séparées avec son mari depuis plus de dix ans. Elle déclare : "J'adore dormir avec ma propre couette ! Cela a amélioré la qualité de mon sommeil dans le sens où je me réveille moins souvent parce que j'ai froid ou que je lutte pour avoir assez de couette". La chaleur est une chose importante pour elle. "J'aime pouvoir mieux contrôler la température de mon corps et pouvoir enrouler la couette autour de moi comme je le souhaite. Mon mari et moi avons des couettes à chaleurs différentes ; la mienne est une couette thermique et la sienne est beaucoup plus fine. Nous sommes tous les deux très heureux d'avoir une couverture qui répond à nos besoins !"
Felix, qui partage un lit avec deux couettes depuis plus d'un an, est d'accord. Il dormait déjà bien, mais il préfère nettement sa configuration actuelle. "Je pense que c'est simplement l'option de l'indépendance dans un espace partagé ; être capable de maintenir une intimité tout en affirmant un niveau de contrôle sur quelque chose qui est relativement personnel est, du moins à mon avis, une décision propice à la relation". Cela dit, ceci double la quantité de linge à laver et il peut être plus difficile de rendre le lit "joli". La solution de Rebecca est d'avoir un grand dessus de lit qui recouvre les deux couettes. "Cela permet au lit d'avoir l'air bien fait, et c'est une belle couverture supplémentaire à avoir sous la main pendant les nuits très froides".
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Quant à l'idée (qui n'est pas rare) qu'elle va faire obstacle à l'intimité - comme je le pensais moi-même lors de ma première nuit au Danemark - elle est fondée sur le sable. Rebecca affirme que cela n'a été que positif pour son sommeil et sa relation. "Certaines personnes diront des choses comme 'Mais j'aime faire des câlins à mon partenaire', comme si cela n'était pas possible avec deux couettes. Cela n'a rien à voir avec quoi que ce soit au lit, à part le temps de sommeil réel".
En fin de compte, c'est ce qu'il en ressort : le sommeil. Ne pas partager un lit, ne pas dormir en cuillère, ne pas faire l'étoile, mais dormir. Et le sommeil est égoïste. Comme me dit Neil : "Le lit est un espace très significatif en termes d'intimité, en termes de couplage, et donc quelque chose comme des couettes séparées peut menacer ce sentiment d'unité ou d'intimité en raison de la norme culturelle que nous nous imposons. Mais la chose la plus importante dans le sommeil est justement d'avoir une bonne nuit de sommeil. Le sommeil est la chose la plus égoïste que l'on puisse faire. Vous pouvez changer votre intimité mais vous ne pouvez pas partager votre sommeil. Et nous savons que si un partenaire dans une relation a une mauvaise nuit de sommeil, vous manquez d'empathie, vous avez plus de disputes, vous avez plus de sentiments négatifs envers votre partenaire le lendemain. Ce n'est pas une recette pour une relation heureuse. Quand vous dormez, donnez la priorité à votre sommeil ! Tout le reste du temps, donnez la priorité à votre relation".
Quant à la façon dont vous donnez la priorité à votre sommeil, c'est à vous de décider. Si des lits séparés peuvent être la solution, beaucoup d'entre nous n'ont tout simplement pas l'espace nécessaire, ce qui signifie que des couettes séparées sont le compromis idéal. Comme le dit Sheri : "Tout arrangement possible pour dormir n'est pas anormal. Il s'agit simplement de différentes façons de faire. Tant que les deux partenaires n'en souffrent pas, qu'ils ne sont pas bouleversés, tout est possible".
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