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Comment je suis allée de l’avant après que mon ex m’ait transmis le VIH

Photographie : Kevin Short
Grâce au drame It's A Sin qui fait sensation outre-Manche et qui sera bientôt diffusé sur Canal+, le sida revient à la une. Une belle opportunité de nous remémorer les plus de 35 millions de personnes dans le monde qui sont mortes de maladies liées au sida depuis le début de l'épidémie au début des années 80. C'est aussi une occasion de se tourner vers l'avenir et de sensibiliser le public au VIH et au sida et de réduire la stigmatisation qui entoure cette maladie.
En 2016, on estimait à 172 700 le nombre de personnes vivant avec le VIH en France, dont 31 % sont des femmes - un groupe de patients séropositifs souvent oublié, en partie parce que le sida a été initialement diabolisé comme étant un "cancer gay".
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D'énormes progrès ont été faits en matière de traitement ces dernières années, et un rapport de 2017 suggère que les jeunes qui prennent les derniers médicaments contre le VIH ont maintenant une espérance de vie presque normale. Becky, une coach sportive, qui vit avec le VIH depuis six ans, nous fait part de son histoire.
Simon et moi, nous sommes rencontrés fin 2011 à la salle de sport. Il m'a beaucoup aidée lorsque j'ai commencé à faire de la muscu, alors nous sommes allés prendre un café et il avait l'air sympa. On s'est mis en couple peu de temps après, mais j'ai pu constater très tôt qu'il avait quelques soucis. Il me disait des choses du genre : "Si jamais tu me quittes, je me tue". Il pouvait être très difficile à gérer.
Je suis une personne plutôt responsable, alors au début, on s'est protégés. Puis il a commencé à dire : "J'ai vraiment du mal avec les capotes" et m'a rassurée en me disant qu'il n'avait rien. J'ai donc décidé d'avoir des rapports sexuels non protégés avec lui en me basant sur les informations qui m'avaient été données. Après tout, nous étions des trentenaires dans une relation monogame. Je n'avais aucune idée à l'époque qu'il avait décidé d'omettre une information très importante à son sujet. Mais on ne peut pas toujours penser que les gens nous mentent, non ?


Six mois après le début de notre relation, j'ai reçu un message de l'une des ex de Simon me disant qu'il était séropositif depuis des années.

Environ six mois après le début de notre relation, j'ai reçu un message sur Facebook de l'une des ex de Simon me disant qu'il était séropositif depuis des années et qu'il ne prenait pas ses médicaments correctement. J'étais tombée malade quelques semaines auparavant, alors au fond de moi, je savais. Je suis allée chez le médecin et j'ai fait un test sanguin, et sans trop de surprise, j'ai été testée positive au VIH.
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Notre relation ne s'est pas terminée immédiatement, car à ce moment-là, je pense que j'étais encore sous le choc. Il était très manipulateur et n'arrêtait pas de dire des choses comme : "Il doit y avoir quelque chose qui cloche chez toi, parce que je n'ai jamais infecté qui que ce soit d'autre avant". Mais j'ai fini par m'éloigner de lui et quelques années plus tard, il est allé en prison pour nous avoir infectées, moi et une autre femme. Il avait commis un acte de violence, à savoir des coups et blessures graves.
Quand j'ai été diagnostiquée, ma première pensée a été : j'ai toutes ces compétitions de cyclisme et de course à pied à venir, je ne veux pas être malade. Le médecin m'a dit que tout irait bien, mais que l'aspect mental et émotionnel serait le plus difficile à gérer. J'étais en colère, confuse, et je ne savais pas comment en parler à ma mère et à mes amis. Je n'arrivais pas à croire qu'il m'avait volé mon droit de choisir ma façon de vivre ma vie.

J'étais en colère, confuse, et je ne savais pas comment en parler à ma mère et à mes amis.

Lorsque je leur ai annoncé, beaucoup de mes amis m'ont dit : "Comment ça a pu t'arriver à toi ? Tu mènes une vie tellement saine et raisonnable". Ma mère a eu le cœur brisé quand je lui ai annoncé. Elle m'a dit : "En tant que mère, j'aimerais pouvoir t'enlever ça, mais je ne peux rien faire." Elle n'aimait pas particulièrement Simon et était tellement en colère qu'il ait pu me faire ça. Mais avec le temps, je pense qu'elle a fini par être assez fière de la façon dont j'ai géré la situation.
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Je suis une personne assez obstinée, alors je me suis contenté d'aller de l'avant. Je savais que je devais trouver un moyen de surmonter cette épreuve, parce que sinon quelle serait l'alternative : me replier sur moi-même ? J'aime la vie, donc ça ne risquait pas d'arriver. Je pense que ma passion pour le sport m'a aidée à accepter mon diagnostic. J'ai continué à enseigner le spinning et les exercices de kettlebell et à diriger des groupes de running. Je savais que je voulais continuer à vivre normalement.
Six ans plus tard, je continue à faire tout ce que je faisais avant ; j'ai juste plus de choses à prendre en considération : je prends une pilule tous les jours maintenant, et je prendrai cette pilule toute ma vie. Avec mes nouveaux partenaires, j'ai toujours été très ouverte au sujet de ma séropositivité. La dernière fois que j'ai eu une relation, c'était avec quelqu'un que je connaissais depuis longtemps, donc ça n'a pas posé de problème. Il savait que j'étais responsable et prenait mes médicaments, donc il n'était pas du tout inquiet. Il était juste très triste que ça m'arrive.
Je pense qu'il y a encore beaucoup de stigmatisation autour du VIH. Je me suis blessée à la jambe en faisant du vélo il y a quelques années, et le médecin des urgences a vu que j'étais séropositive sur mes notes et m'a demandé si je me droguais par voie intraveineuse - devant ma mère. J'étais vraiment choquée, car un professionnel de la santé comme lui aurait dû savoir qu'il ne fallait pas faire ce genre de suppositions. S'il avait lu correctement mes notes, il aurait su comment j'avais été infecté.
Certaines personnes pensent encore que l'on peut attraper le sida, ce qui est évidemment complètement faux. Le sida n'est pas quelque chose que l'on attrape, le VIH oui. On continue à penser que si l'on est séropositif·ve, on va mourir. On peut voir ce regard de pitié dans les yeux des gens. Mais je ne veux pas de votre pitié - je continue à vivre ma vie comme si de rien n'était, merci bien. Et grâce aux médicaments que je prends, mon espérance de vie est exactement la même que la vôtre.
Je pense que beaucoup de femmes pensent que le VIH n'est pas un problème qui les concerne. Avant d'être diagnostiquée, je ne me doutais pas que le VIH puisse avoir un impact sur ma vie. Mais il ne faut jamais présumer, et si vous avez le moindre doute, allez vous faire tester. Comme je l'ai découvert très vite, j'ai pu me faire soigner avant de tomber malade. J'ai pu prendre le contrôle de la situation et continuer à vivre ma vie comme je le veux.
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