Si je devais choisir une chanson pour représenter l'année écoulée, ce serait certainement "Me, Myself and I" de Beyoncé. Non pas parce que faire des rencontres est devenu un véritable cauchemar, mais parce que je suis "all I got in the end/ That's what I found out". En d'autres termes : je n'ai personne d'autre que moi. Passer du temps à la maison entourée de miroirs, de ma webcam, de la caméra de mon iPhone et d'appels Zoom qui n'en finissent pas implique que je suis exposée à la réflexion de mon visage beaucoup plus souvent que par le passé. J'ai donc remarqué à quel point mes cernes étaient devenues foncées à cause de mes horaires de sommeil irréguliers et j'avais un mal fou à ne pas tripoter mon maskné en me brossant les dents. Je suis passée du maquillage quotidien pour le travail ou les sorties (vous vous souvenez de cette époque ? Oui, moi non plus) à oublier l'existence même de ma trousse à maquillage pendant des semaines. Le soir du Nouvel An, j'ai mis un peu de fard à paupières pailleté pour la première fois depuis des mois, juste pour ressentir quelque chose.
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Et vous savez quoi ? Ça a marché.
Le maquillage m'a rappelé la reine que je suis, même si j'ai passé une grande partie de l'année à l'avoir oublié. Le fard à paupières a disparu dès que l'horloge a sonné minuit, et j'ai de nouveau oublié le maquillage. Mais de temps en temps, c'est agréable de mettre un peu d'anticernes, de fard à joues et de rouge à lèvres pour aller faire une promenade et me sentir moi-même.
J'ai parlé avec cinq autres femmes de la façon dont leur relation avec leur image a changé au cours de la pandémie (et des produits auxquels elles ont recours). De celle qui a décidé qu'elle avait besoin d'injections des lèvres et des joues à la jeune personne de 17 ans qui a commencé à revoir la façon dont elle exprime son genre, voici ce qu'elles m'ont confié.
Mon visage est devenu ma toile.
Mei Pang, 24 ans
En début d'année 2020, j'étais tout fraîchement sobre et j'essayais de comprendre qui j'étais. Avant la pandémie, tout ce que je voulais, c'était m'intégrer. Je vivais ma vie en fonction de ce que les autres pensaient de moi, que ce soit pour l'alcool (j'ai commencé à boire pour faire comme tout le monde) ou pour mon look. Aujourd'hui, j'essaie de continuellement me dépasser pour devenir la meilleure personne possible.
La Vierge que je suis aime être active et, avec un arsenal de maquillage et du temps libre, j'ai commencé à expérimenter avec les tatouages et le maquillage. Mes tatouages et ma garde-robe sont très neutres - principalement du noir, du blanc et cinquante nuances de gris - alors j'ai fait de mon visage ma toile pour me mettre à la couleur. Les maquillages vifs et graphiques me mettent de bonne humeur, et mon style de maquillage est de plus en plus audacieux, pictural et réaliste. Récemment, j'ai créé un mille-pattes géant du haut de mon front jusqu'au menton en utilisant de l'eye-liner en gel.
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Pour moi, le maquillage a réellement un effet thérapeutique ; je me maquille pour moi et pour personne d'autre. Je suis vraiment fière de ce look. Je me suis également fait tatouer vers le mois d'août ; je ne le recommande pas. Mes jambes avaient l'air mal en point, mais je n'avais rien d'autre à faire, alors j'ai tâté le terrain. Dès que les restrictions seront levées, je crois que je vais me faire tatouer les clavicules et les jambes. Bref, tout sauf mon visage.
Produit star du confinement : la palette Sugarpill Build Your Pro. Cette palette est végétalienne, sans cruauté animale et très pigmentée, avec toutes les nuances possibles et imaginables. En plus, elle est personnalisable. Mes teintes préférées sont Tako, Bulletproof et Kim Chi. Les palettes sont énormes, alors j'utilise un pinceau plat pour les appliquer sur mes paupières ou comme fard à joues.
Je n'aurais jamais pensé avoir recours à la chirurgie sur mon visage. J'avais tort.
Kheiana Sharp, 26 ans
Mon aventure fitness a commencé l'année dernière. Au début, c'était pour perdre du poids, mais j'en ai retiré bien plus que je ne l'imaginais. J'ai appris à apprécier mon corps et ma peau flasque, et j'ai retrouvé ma confiance en moi.
J'étais impressionnée par ma nouvelle force, mais j'ai remarqué que mon visage changeait à mesure que je perdais du poids. Mes lèvres n'étaient plus aussi charnues qu'avant parce que mon visage maigrissait. J'ai une jolie bouche, mais ma lèvre supérieure disparaissait dans mon sourire.
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Après avoir parlé à une amie qui avait eu recours à des injections, j'ai décidé de faire la même chose pour mes lèvres. J'ai eu mon rendez-vous en octobre, et je suis retombée amoureuse de mes lèvres ! Leur forme est exactement la même, mais elles sont plus charnues. Deux mois plus tard, j'ai fait des injections des pommettes et à un contourage par canules parce que mon visage perdait de sa définition.
Je n'avais jamais pensé que je serais du genre à avoir recours à la chirurgie esthétique. Pour moi, le faire impliquait que quelque chose n'allait pas dans mon apparence. Maintenant, je me rends compte que je peux m'aimer et vouloir embellir mes traits. C'était un concept difficile à intégrer pour ma mère. Pour moi, la beauté est vraiment le résultat de ce que l'on ressent. La pandémie a été terrible, mais je suis reconnaissante du temps que cela m'a laissé pour parvenir à me sentir belle et bien dans ma peau.
Produit star du confinement : baume pour les lèvres Eucerin Intensive Lip Balm. J'avais l'habitude d'exfolier mes lèvres parce qu'elles ont tendance à se gercer et à desquamer, mais depuis que j'utilise ce produit, mes lèvres sont vraiment douces.
Je me suis servie du maquillage pour gagner des abonnés sur Instagram - puis j'ai abordé des sujets importants.
Delainee Antoine-Tootoosis, 24 ans
En Saskatchewan, les masques de protection n'étaient pas obligatoires au début de la crise sanitaire, alors je me maquillais régulièrement. Lorsque le port du masque est devenu obligatoire, je n'ai plus voulu perdre mon temps avec ça. Personne ne le verrait de toute façon.
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Avant la pandémie, mon maquillage était plutôt couvrant. J'utilisais un primer pour combler les pores, un anticernes épais, un fond de teint liquide et en poudre, une poudre de contouring, du maquillage pour les yeux et du rouge à lèvres liquide. Je mettais du maquillage partout. J'étais vraiment gênée par ma peau, et cela avait un impact sur ma santé mentale. Le maquillage était pour moi un filet de sécurité.
Aujourd'hui, je me contente le plus souvent de coiffer mes sourcils au savon et de mettre des faux cils de la marque Honey Drip Cosmetics de Vancouver. J'étais réellement obsédée par l'idée d'être parfaite pour les réseaux sociaux, et je me suis rendu compte que je ne voulais pas contribuer à la toxicité de ces réseaux. Le maquillage n'est plus une nécessité, c'est maintenant un hobby. Je l'utilise pour attirer l'attention sur Instagram, mais j'utilise ensuite mes mots pour aborder le thème de la santé mentale ou pour présenter des perles ou des bijoux indigènes.
Je pense que, bien souvent, les femmes de notre communauté ne sont pas aussi confiantes qu'elles devraient l'être. La société met une pression sur les femmes indigènes pour présenter des traits européens. J'ai des petites sœurs, des nièces et des cousines, et je veux être un modèle pour elles. Je veux leur faire savoir qu'elles n'ont pas besoin d'être parfaites et qu'elles sont aimées telles qu'elles sont. J'ai réalisé qu'il y a des choses plus importantes sur lesquelles se concentrer en pleine pandémie.
Produit star du confinement : l'eau tonique Lush Tea Tree Water. Je la vaporise partout, y compris sur mon corps, mes cheveux, et même sur mon masque pour le visage. C'est très rafraîchissant et c'est mon produit le plus polyvalent. L'arbre à thé est la seule chose qui soulage mon acné.
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J'expériente avec l'expression du genre.
Jill Tuan, 17 ans
Je me sens vraiment bien dans ma peau depuis la pandémie. Je cachais qui je voulais être depuis un certain temps ; mes ancien·nes ami·es n'acceptaient pas ma non-binarité. Durant le confinement, je n'étais pas entourée de gens tous les jours, ce qui m'a permis de me remettre en question et de pouvoir enfin assumer qui je suis.
Les réseaux sociaux ont été une échappatoire et un endroit où je pouvais être entourée de personnes qui me comprenaient vraiment et vivaient les mêmes combats. Je suis vraiment inspirée par Fecal Matter. C'est un duo créatif de Montréal qui repousse vraiment les limites des caractéristiques humaines.
Le fait d'être non-binaire me donne la liberté de flirter avec la masculinité et la féminité, et j'aime l'idée de me soumettre à l'interprétation. Je ne suis pas quelqu'un que l'on peut mettre dans une boîte. Jouer avec le maquillage pendant le confinement m'a aidé à réaliser qu'il n'y avait pas de règles et m'a donné la liberté de me placer au milieu. J'aime beaucoup l'esthétique futuriste et cyberpunk, et j'ai fait une fois un maquillage à main levée avec des lignes argentées sur mon nez. Pour moi, la beauté est quelque chose qui évolue constamment, et la pandémie m'a appris à ne pas me soucier de ce que les autres pensent de moi.
Produit star du confinement : la palette d'ombres à paupières e.l.f. 18 Hit Wonders. Je peux faire tellement de choses avec cette palette. Je n'ai jamais eu de fards à paupières auparavant, et je peux enfin réaliser les looks que j'ai sauvegardés sur Instagram.
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Je suis contente de ma peau.
Su’aad Hassan, 24 ans
2020 est l'année où j'ai commencé à prendre réellement soin de ma peau. Avant la pandémie, je faisais partie du fan club des recommandations de YouTube. J'ai dépensé une centaine d'euros pour une huile pour le visage que je regrette vraiment d'avoir achetée - pour ce prix, il aurait fallu qu'elle soit magique. Pendant le confinement, je suis passée des tests de nouveaux produits hors de prix chaque semaine à une routine simple de mêmes produits abordables que j'utilisais pendant trois à quatre mois d'affilée. Je mélangeais trop de produits à la fois, ce qui ne leur permettait pas d'être réellement efficaces. Ma routine de soins de la peau comporte maintenant quatre étapes, alors qu'avant, elle en comptait huit.
Je suis reconnaissante d'avoir pu garder mon emploi durant le Covid, ce qui m'a permis d'économiser de l'argent pour un traitement de microneedling professionnel afin de traiter mon hyperpigmentation et mes cicatrices d'acné. J'ai eu ma première et ma deuxième séance en septembre et en octobre, et je suis passée aux injections de PRP (plasma riche en plaquettes) en janvier. J'ai justifié cette dépense de 500 dollars pour trois séances parce qu'il y avait de fortes réductions. De plus, je n'avais plus à dépenser pour des soins de la peau coûteux. Je suis très satisfaite des résultats, car mes cicatrices se sont nettement atténuées et, à certains endroits, elles ont complètement disparu. J'en suis à un point où je suis vraiment contente de ma peau et le confinement m'a appris à me concentrer sur la croissance personnelle d'une manière plus équilibrée.
Ces entretiens ont été révisés par soucis de concision et de clarté.
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