Le stress est partout. Pour de nombreuses personnes, c'est un état quotidien. Surtout en cette période de pandémie. D'après la cinquième édition de l'Observatoire Place de la Santé de la Mutualité française, la santé mentale des Français·es s'est quelque peu dégradée depuis le début de la pandémie. Une personne sur cinq (13 millions de personnes) serait touchée par un trouble psychique. La distanciation sociale combinée au télétravail représentent en effet des facteurs d'isolement importants ; et, selon OpinionWay, les cas de burn-out auraient doublé en France depuis l'année dernière pour atteindre 2 millions de personnes en burn-out sévère.
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La pandémie a révélé à quel point le stress peut être néfaste et débilitant. Si, comme de nombreuses personnes, j'ai apprécié de ralentir la cadence un moment avec le confinement, je ressens une grande anxiété pour ma santé au moins une fois par semaine. Lorsque je suis très stressée, je dors mal, j'ai du mal à me concentrer, je suis irritable et j'ai l'impression que chaque seconde de ma journée est un combat. Mais, en même temps, j'ai réalisé que le stress est mon moteur. Après 16 mois de cette pandémie, les stress normaux et quotidiens sont les bienvenus dans ma routine. Contrairement aux grosses angoisses comme la santé, la perte d'emploi et les incertitudes financières, les facteurs de stress "normaux" me rendent généralement plus productive. Je trouve un moyen de tenir le coup même si mon emploi du temps est très chargé. Récemment, j'ai remarqué qu'après avoir coché toutes les cases de ma longue liste de rendez-vous et de réunions en ville, je me sentais forte, productive et motivée. Tout cela à cause du stress.
Est-il possible que, malgré la myriade d'aspects négatifs que le stress apporte dans ma vie, je sois un peu accro ?
Le stress fait partie de l'évolution humaine. Il déclenche notre réponse "combat-fuite", qui a pour effet de faire monter l'adrénaline, le rythme cardiaque et le niveau de vigilance. Cette réaction était particulièrement utile aux hommes des cavernes, pour fuir des situations telles que se faire piétiner par un mammouth. De nos jours, la plupart d'entre nous ne sont pas confronté·es à de tels dangers, mais la réponse est restée la même.
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La réponse de combat-fuite s'accompagne d'un puissant cocktail d'hormones : norépinéphrine et épinéphrine, cortisol et adrénaline à un niveau plus élevé, palpitations cardiaques et transpiration. Votre corps se prépare à fuir.
Est-il possible de modifier cette réponse corporelle et de l'utiliser à son avantage ? Jodie Cariss, thérapeute et fondatrice de Self Space, me dit qu'il existe en effet un "bon stress" et un "mauvais stress". " On peut distinguer le stress qui est bénéfique et motivant, du stress qui submerge et conduit au burn-out. Le stress est une explosion d'énergie qui nous indique essentiellement ce que nous devons faire."
Comme l'explique Cariss, le stress à petites doses peut nous motiver et nous aider à atteindre nos objectifs ou à accomplir nos tâches, et peut même stimuler la mémoire. Pour conserver le "bon stress" dans nos vies, dit-elle, nous devons continuer à faire tout ce que nous oublions de faire lorsque la balance penche vers le "mauvais stress", comme bien dormir et boire suffisamment d'eau. Lorsque nous sommes submergés et que le stress persiste pendant des semaines ou des mois, il peut conduire à la fatigue et à l'anxiété. "Avec le mauvais stress, il arrive que l’arbre cache la forêt - son impact est tellement présent dans nos vies que nous ne le remarquons même pas."
Neil Shah est le fondateur d'International Wellbeing Insights et le directeur du département "stress" de TheStress Management Society. Je l'interroge sur les effets du stress prolongé et il me répond que "si vous êtes continuellement dans un état de stress, après un certain temps, vous commencez à l'accepter comme un état normal. Ce n'est pas sain. Ce n'est pas viable. Le stress n'est pas toujours négatif, mais s'il est constant, il devient un problème mental et physique. Le stress chronique peut épuiser notre énergie, créer des problèmes de mémoire, provoquer des douleurs dans la poitrine, de l'acné, le syndrome du côlon irritable, la dépression et bien d'autres choses encore.
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Le stress est interne et sa cause est le choix conscient ou inconscient que nous faisons face à une circonstance externe. Cela n'a rien à voir avec la circonstance ou l'événement lui-même.
Neil Shah, Stress Management Society
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Tout comme il existe différents types de stress, la réponse au stress peut varier grandement d'une personne à l'autre. Les gens vivent le stress de différentes façons ; tout dépend de la façon dont nous gérons une situation stressante. Comme Shah me l'a expliqué, le stress est interne et sa cause est le choix conscient ou inconscient que nous faisons face à une circonstance externe. Cela n'a rien à voir avec la circonstance ou l'événement lui-même.
C'est pourquoi certaines personnes, moi y compris, aiment être très occupées. Comme me l'a expliqué Cariss, "être occupé crée une certaine forme de dépendance". Cela est influencé par le fait que lorsque nous accomplissons des tâches, notre cerveau libère de la dopamine, une hormone du plaisir, qui procure un sentiment de bien-être." Ces sentiments sont liés à l'idée qu'occupé = succès et peu occupé = échec, ce qui crée ensuite du stress. Nous nous rendons également occupés en essayant d'éviter les émotions "négatives", explique Cariss. Mais lorsque nous allons trop loin et glorifions le fait d'être "occupé", cela peut très vite devenir dangereux, car c'est lié au stress, au surmenage et, inévitablement, à un burn-out.
Compte tenu de la façon dont le stress peut nous affecter, est-il possible de développer une dépendance ? Bien que le stress ne crée pas vraiment de dépendance, explique Shah, nous nous sommes désensibilisés : "Nous pensons qu'il est normal d'être stressé et sous pression, alors qu'en réalité, ce niveau de stress ne devrait se produire que si l'on est attaqué par un tigre". C'est là que le stress devient nuisible.
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Si, comme moi, vous avez l'impression d'être accro au stress, ne vous inquiétez pas (!) il existe des moyens de le combattre. Mais la première étape est de le reconnaître ; vous devez comprendre que votre niveau de stress doit diminuer, pour le bien de votre santé physique et mentale.
Selon Shah, le meilleur moyen de contrer cette réponse fuite-combat est de faire du sport. Vous pouvez canaliser votre stress en bougeant, car cela produit des hormones du bonheur (les endorphines), puis en vous concentrant sur le passé ou l'avenir. En recentrant notre attention sur le présent, nous pouvons détendre notre esprit et nous aider à reprendre le contrôle de notre vie. Je vous recommande de lire Le Pouvoir de l'instant présent pour en apprendre davantage sur cette notion.
Aux antipodes de la pleine conscience, Cariss mentionne la pratique du "niksen", venue des Pays Bas, qui consiste à ne rien faire. "Donnez-vous la permission de ne rien faire. Trouvez un espace dans votre maison, de préférence avec une fenêtre, lâchez toutes les distractions, et contentez-vous d'exister. Commencez par cinq minutes, puis dix, et augmentez progressivement ; après cela, vous reviendrez à vos activités plein d'énergie."
Et surtout, essayez de repérer dans quelles circonstances le "mauvais stress" se manifeste. Cariss conseille d'être attentif·ve aux problèmes de concentration, de sommeil et d'appétit, aux problèmes de santé plus fréquents, aux maux de tête et à l'irritabilité. Lorsque cela se produit, il est temps d'effectuer un recalibrage.
Trouver l'équilibre n'est pas chose facile, mais il est possible d'utiliser le stress de manière productive. En vous appuyant sur les techniques mentionnées ci-dessus, en fixant des limites et en apprenant à dire "non", vous pouvez commencer à vous ménager et à accepter que vous faites de votre mieux, quel que soit votre niveau de stress.
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