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Ces photos montrent un visage de la paternité qu’on ne voit que trop rarement

Photographie par Sophie Harris-Taylor.
Matt et Rowan
Lorsque nous abordons le sujet des jeunes parents, nous le faisons souvent à travers le prisme de l'expérience des jeunes mamans. Nous disposons d'un niveau relatif de soutien structurel pour les femmes pendant la grossesse et le post-partum ; des réseaux de soutien sont disponibles et il existe une acceptation culturelle naturelle du fait que le lien mère-bébé est le cœur de cette aventure. Tout cela est essentiel, évidemment, mais comme la plupart des conversations sur la parentalité se centrent sur les mères, les besoins émotionnels et psychologiques des pères sont souvent écartés. 
Dans la dernière série de la photographe londonienne Sophie Harris-Taylor, Present Fathers, l'expérience des jeunes papas occupe une place centrale. Inspirée par le vécu de son partenaire à la vie, Sophie Harris-Taylor a lancé cette série pour susciter un dialogue sur l'absence de soutien ou de visibilité pour les jeunes papas. "Mon partenaire a eu la chance de bénéficier de plusieurs mois de congé de paternité, ce qui nous a permis de nous impliquer tous les deux dès le premier jour", explique-t-elle, "mais quelque temps après la naissance de notre fils, j'ai réalisé qu'il ne savait pas vraiment vers qui se tourner pour obtenir des conseils ou pour explorer et exprimer ce nouveau rôle dans lequel il s'était retrouvé". Elle s'est alors interrogée sur l'expérience de tous les autres nouveaux pères. Où étaient-ils ? Ressentaient-ils la même chose ? "Nous n'entendons pas vraiment parler des pères ou ne les voyons pas vraiment, du moins en comparaison avec les nouvelles mères", poursuit-elle. Cette curiosité est devenue le catalyseur du projet.
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Photographie par Sophie Harris-Taylor.
John et Esme
Photographie: Sophie Harris-Taylor.
Joe et Eli
Armée de son appareil photo et d'une sensibilité à fleur de peau, Harris-Taylor a fait des allers-retours dans le sud-est de Londres, capturant de magnifiques portraits de pères et de leurs jeunes enfants, à la lumière naturelle. Certains d'entre eux étaient des amis et des connaissances ; d'autres étaient des inconnus qu'elle a découverts par le bouche à oreille et en les contactant sur Instagram. Dans ses photos, on voit les enfants traverser le cadre dans un flou de bras et de jambes, grimpant sur leurs pères avec tendresse et affection. Ce sont des images joyeuses et d'une sincérité rafraîchissante, qui accordent une place égale aux moments d'incertitude et d'épuisement et aux scènes de familles où l'on rit ou joue. "Je pense que nous sommes tellement habitués à voir la maternité de cette manière, et les images de mères et de bébés semblent avoir tellement de valeur", explique la photographe. "L'amour et le lien que les pères peuvent avoir avec leurs bébés et leurs enfants ne sont pas différents. Pourtant, nous voyons rarement ce genre d'intimité, ce qui la rend peut-être plus remarquable qu'il ne devrait".
Photo : Sophie Harris-Taylor.
Joe et Eli
Photo : Sophie Harris-Taylor.
Harri et Nara
Photo : Sophie Harris-Taylor.
Genne et Finn
Photo : Sophie Harris-Taylor.
Stuart et Poppy
Parallèlement aux images, Harris-Taylor a recueilli des citations et des réflexions lors d'entretiens avec chaque papa, et leurs mots révèlent une constellation d'angoisses non-exprimées. "Chaque père a partagé avec moi son histoire unique et j'ai beaucoup appris sur leur façon de voir leur rôle individuellement", explique Harris-Taylor. "Beaucoup d'entre eux semblaient craindre d'être perçus comme se plaignant et tenaient à ramener systématiquement le projecteur sur les réalisations de la maman. Bien sûr, elle est importante elle aussi, mais il est dommage que certains aient l'impression que, même si on leur en donne directement l'occasion, la société ne leur permet pas de montrer leur vulnérabilité. Une grande partie des conversations ne faisaient que confirmer les raisons pour lesquelles je voulais faire ce travail : le manque de soutien dont bénéficient les pères, l'isolement qui accompagne le fait de devenir parent et même le fait de pouvoir exprimer l'amour qu'ils ont pour leurs enfants".
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Present Fathers n'est pas le premier projet de la photographe à explorer un aspect de la parentalité. Dans une autre de ses séries, Milk, elle a photographié des jeunes mamans, dévoilant les hauts et les bas de l'allaitement. Ce sont des thèmes qu'elle doute avoir explorés si elle n'avait pas été mère elle-même. "Mon travail personnel est souvent le fruit de mes expériences, de mes préoccupations et de ma vulnérabilité", dit-elle. "Je suppose que souvent, je veux en savoir plus - pour savoir si d'autres personnes vivent ce que je vis et, d'une certaine manière, valider mes propres expériences tout en apprenant des autres".
Photo : Sophie Harris-Taylor.
Misha et Zenon
Photo : Sophie Harris-Taylor.
Matt et Rowan
Grâce au temps passé avec les pères qu'elle a photographiés, et à sa propre expérience en voyant son partenaire devenir père, Harris-Taylor est devenue beaucoup plus à même de comprendre ce qui doit changer dans la façon dont nos sociétés représentent la paternité et en parlent. "Je pense qu'un peu plus d'ouverture d'esprit est nécessaire, en général", dit-elle. "Il semble qu'il y ait tellement de choses pour les mamans - des groupes et des forums en ligne, des activités annoncées uniquement pour la maman et le bébé - sans tenir compte du fait que la dépression post-partum peut aussi toucher les pères. Le simple fait de demander aux pères comment ils se portent et comment ils gèrent la situation peut être très utile. À une époque où les rôles des hommes et des femmes se recoupent et où, espérons-le, la parentalité devient plus égalitaire, il semble juste de mettre en place ces structures de soutien. Surtout maintenant que nous nous rendons compte du nombre d'hommes qui souffrent, sans être suivis".
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Bola, l'un des hommes photographiés par Harris-Taylor pour le projet, fait écho à ce sentiment. "Le soutien était [et] est généralement absent", dit-il. "Tout ce que vous obtenez, c'est un congé de paternité de deux semaines et c'est tout. Ce n'est pas assez pour créer des liens avec votre enfant et soutenir la mère à ce moment critique et important. À ma connaissance, il n'existe même pas d'organisations qui soutiennent les pères. Toutes les aides sont destinées à la mère".
Photo : Sophie Harris-Taylor.
Bola, Jasmine et Ocean
Photo : Sophie Harris-Taylor.
Nathaniel et Nova
L'image la plus chère à Harris-Taylor est celle d'un homme appelé Nathaniel et de son fils, prise sur un fond bleu nuit. Il s'agit d'un portrait saisissant dans lequel il tient son fils agité dans ses bras et fixe directement l'objectif. "Je trouve cette image puissante parce qu'elle semble combiner protection et vulnérabilité", explique-t-elle. "La plupart des clichés de la série dévoilent un peu plus de l'environnement familial, mais celui-ci montre une sorte de simplicité et de franchise, à mon sens. J'ai trouvé l'expression de Nathaniel, ainsi que ses mots si joliment écrits, tellement poignants".
Nathaniel parle ouvertement et franchement de son parcours dans la paternité, et ses mots résonnent bien au-delà de sa propre expérience. "J'encourage tous les pères, et en particulier les jeunes papas, à être plus ouverts et à communiquer sur la façon dont ils font face ou non", dit-il. Plus tard, il ajoute : "Il est également impératif pour notre croissance en tant que pères et pour la relation avec nos enfants que nous fassions le travail nécessaire pour briser/résoudre les maux générationnels que nous avons pu hériter de nos propres pères. Désapprendre est plus difficile qu'il n'y paraît, mais nous devons changer si nous voulons que nos enfants évoluent et aillent plus loin". Prendre ces photos et offrir aux pères qu'elle rencontre un espace de partage sont une manière pour Harris-Taylor de soutenir ce changement.
Photo : Sophie Harris-Taylor.
Gali et Sunny

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