J'ai gardé le silence pendant si longtemps, mais je dois dire ma vérité. Devoir mélanger ses groupes d'ami·e·s, c'est de la merde, et je ne veux pas entendre le contraire.
Bon ok, c'est peut-être un peu dramatique, alors laissez-moi reformuler : si vous vous sentez déjà peu à l'aise dans les situations sociales, cette anxiété est double lorsque vous devez mélanger vos différents groupes d'ami·e·s et vous inquiéter que ces personnes s'entendent bien (ou se critiquent mutuellement plus tard). C'est la raison pour laquelle, au lieu de faire une grande fête le jour de mon anniversaire, je préfère le célébrer en plus petits groupes sur quelques jours.
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Alors que certain·es voient dans le fait de présenter des ami·e·s à d'autres personnes une occasion de rendre honneur au dicton "plus on est de fous, plus on rit", je ne vois que la perspective angoissante de silences gênants et d'une quête de quelque chose, n'importe quoi, que ces personnes pourraient avoir en commun et dont elles pourraient parler.
Je dois admettre que l'animosité que j'éprouve à l'égard de la fusion de mes groupes d'ami·e·s provient en grande partie d'expériences avec des ami·e·s qui étaient réticent·e·s à l'idée de se fréquenter. Une fois, j'ai demandé à une amie si je pouvais inviter quelqu'un d'autre à une pièce de théâtre que nous allions voir, ce à quoi elle a répondu par l'affirmative. Le soir de la pièce, elle a invité une autre de ses amies sans rien dire (même si ce n'était pas nécessaire !) et a décidé de m'ignorer pendant le reste de la soirée. Inutile de dire qu'elle n'était probablement pas aussi favorable qu'elle le disait pour que j'amène quelqu'un d'autre.
Une autre fois, j'ai présenté quelqu'un à un autre groupe d'ami·e·s, et elle a passé la majeure partie de la soirée à s'isoler avec son téléphone - ce qu'elle était libre de faire. Mais cela n'a fait qu'amener mes autres ami·e·s à penser qu'elle "n'avait pas l'air si sympa", ce qui m'a fait me sentir : a) mal que ces personnes n'aient pas eu l'occasion de la rencontrer sous son meilleur jour, et b) généralement responsable du fait qu'elles s'entendent (ou ne s'entendent pas, dans ce cas).
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"Nous avons tendance à nous sentir responsables, lorsque nous organisons un événement, de ce que nos invités ressentent, de l'expérience qu'ils vivent", explique Ali Mattu, docteur et professeur adjoint au Columbia University Medical Center. "Et cela peut être anxiogène à bien des égards".
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Nous avons tendance à nous sentir responsables, lorsque nous organisons un événement, de ce que nos invités ressentent, de l'expérience qu'ils vivent.
Ali Mattu, docteur
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Au-delà de la difficulté de faire en sorte que tout le monde s'entende, le Dr Mattu explique que nous avons tendance à changer de code avec les personnes de notre entourage, c'est-à-dire que nous changeons notre façon de parler en fonction de notre interlocuteur. En d'autres termes, la façon dont vous interagissez avec vos ami·e·s du lycée sera probablement différente de la façon dont vous parlez à vos collègues de travail. Si vous devez réunir ces personnes, il est normal d'être nerveu·se·x, non seulement à propos de la façon dont elles interagissent, mais aussi de la façon dont vous allez vous comporter avec elles.
Ce n'est pas comme si je cachais tou·tes·s mes ami·e·s les un·e·s des autres parce que je mène secrètement une double vie d'espionne (sérieusement, j'aimerais que ma vie soit aussi intéressante). Mais comme le dit le Dr Mattu, nous avons des ami·e·s pour tellement de raisons différentes, et ces personnes sont forcément différentes les unes des autres. Ce n'est pas parce que vous êtes leur lien commun et qu'elles vous apprécient que la logique veut qu'elles s'apprécient aussi. Et peut-être que c'est très bien comme ça.
"Chaque fois que l'on rencontre quelqu'un de nouveau pour la première fois, c'est bizarre et gênant", explique le Dr Mattu. Peut-être vos ami·e·s trouveront un centre d'intérêt commun, ou vous pouvez glisser dans la conversation qu'elles ou ils aiment tou·tes·s deux The Walking Dead, en espérant qu'une conversation s'ensuivra. Mais si ce n'est pas le cas, ce n'est pas grave non plus. Vous devrez peut-être vous contenter d'accepter que vos ami·e·s soient gêné·e·s les un·e·s par rapport aux autres ou que ces personnes ne s'entendent pas du tout.
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Pour info, j'aime que mes ami·e·s soient tou·tes·s si différent·e·s les un·e·s des autres, et j'ai la chance de connaître tant de gens formidables. Mais, à l'exception de ma seule amie qui a une personnalité tellement incroyable qu'elle peut établir une relation avec n'importe qui, de mon camarade de lycée à une amie rencontrée sur Internet, je m'inquiète de les réunir tou·tes·s et d'essayer de leur faire apprécier le moment. Parce que je veux simplement que tout le monde passe du bon temps et je me sens coupable si ce n'est pas le cas.
"Ne laissez pas la crainte que les gens ne s'entendent pas bien vous empêcher d'organiser cette fête, car il s'agit d'événements importants, et vos amis veulent être là pour vous célébrer", déclare le Dr Mattu. "Ce n'est pas grave s'ils viennent, passent la plupart de leur temps avec vous et des amis communs, et repartent. Plus on vieillit, moins on a de temps pour les amis, alors il se peut qu'ils veuillent juste vous voir, vous. Ce n'est pas grave si tout le monde ne parle pas à tout le monde".
Avec ça en tête, je vais peut-être organiser une plus grande fête d'anniversaire cette année. Mais disons que je ne suis pas pressée de combiner mes groupes d'ami·e·s juste pour le fun.
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