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Stéréotype de la blonde écervelée : pourquoi le cliché persiste ?

Photo by KMazur/WireImage.
Être blonde, mon dieu ce que ça peut être pesant. Apparemment on peut être blonde de luxe comme Gwyneth Paltrow. Blonde rock, comme Debbie Harry. Blonde sexy, comme Marilyn Monroe. On peut être la blonde qu’on veut — tant qu’on reste dans le cliché de la blonde superficielle.
Photo by Tracy Bennett/Mgm/Kobal/REX/Shutterstock.
Mettons les choses en perspective : sur la liste de toutes les discriminations auxquelles font face les femmes, la blonde superficielle reste assez minime, surtout si l’on considère ce à quoi sont confrontées les femmes de couleur. Mais ce stéréotype ne semble pas s’essouffler. J’ai été blonde durant la plus grande partie de ma vie d’adulte et une bonne partie de mon enfance. Comme beaucoup de bébés caucasiens, je suis née blonde. Jusqu’à six ou sept ans, j’ai profité des mèches caramel dont m’avait fait cadeau mère nature. À partir de là, mes gènes italiens ont pris le dessus. J'ai dû attendre d'avoir 18 ans pour me teindre les cheveux comme je le souhaitais. J’ai commencé par faire un demi-balayage, puis je suis passée à la tête complète. Pour celle d'entre vous qui ne seraient pas initiées, ça veut dire allez chez le coiffeur toutes les 12 semaines pour l’entretien. Mais je ne me suis pas arrêté là. J’ai ensuite décidé que voulais être encore plus blonde, ce qui m'a propulsé dans le camp des « retouches racines toutes les six semaines. »
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Ça m'a vite fatigué et quelques années plus tard, la nuque bien fatiguée, et je me suis rabattue sur un balayage demi-tête, qui n’a besoin d’être retouché que tous les quatre mois à peu près.
Je n’ai pas vraiment le souvenir d’avoir jamais été touchée par le fait qu’on me considère comme une fille superficielle (quand on annonce à quelqu’un qu’on travaille dans l'industrie de la beauté, on peut les voir réduire notre QI de quelques points avant même de finir la phrase, et si je dois être honnête, je me fiche pas mal de l’opinion d’une personne qui est superficielle au point de s’arrêter aux apparences). Mais je n’oublierai jamais le jour où, après avoir passé une charmante soirée à discuter avec un homme, celui-ci m'a alors fait cadeau de la phrase culte : « C'est marrant, tu n’as pas l’air très intelligente. »
On pense que les cheveux blonds existent depuis plus de 10 000 ans et sont le résultat d’une mutation génétique. Le pigment plus clair des cheveux blonds laisse davantage de lumière du soleil pénétrer dans le cuir chevelu, ce qui signifie (en théorie) une meilleure absorption de la vitamine D, ce qui était utile dans les régions du monde froides et sombres. C'était quelque chose de rare, et comme toutes les choses rares, c’est devenu une caractéristique très désirée.
Les historiens s'accordent à dire que la notion de blonde idiote remonte à une pièce de théâtre intitulée Les Curiosités de la Foire, créée il y a quelques 250 ans, basée sur les méfaits de la légendaire courtisane Rosalie Duthé, dans laquelle les blondes étaient à la fois stupides et disponibles sexuellement.
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On avance jusqu'en 1953, moment où les Hommes préfèrent les blondes débarque au box-office, avec Marilyn Monroe dans le rôle de Lorelei, une blonde un peu écervelée. Présentée comme distraite et vénale. Certaines des phrases les plus célèbres de Lorelei ne font que souligner le stéréotype : « Je sais être intelligente, mais la plupart des hommes n'aiment pas ça. » En revanche, sa co-star Dorothy (une brune), est intelligente et plus « douée ».
Outre les Hommes préfèrent les blondes, Hitchcock, a avoué qu'il préférait inclure les blondes dans ses films, car il trouvait que le public s’en méfiait moins que des autres personnages.
Mais le cliché de la blonde écervelée transcende la culture populaire, comme nous le rappelle Shona Pickersgill, responsable des études marketing chez Refinery29. « Lors d’entretiens, on me regarde parfois l’air choqué lorsque j’explique que j’ai fait ma thèse sur la saillance du terme « terrorisme » dans le conflit israélo-palestinien, et je ne parle pas vraiment d’un choc positif.
Le cas de Shona n’est malheureusement pas isolé. Liz Kyneur, directrice de production, raconte : « Cela me rend dingue qu’on me colle l’étiquette de blonde écervelée. » J'ai travaillé dans une entreprise avec beaucoup d'hommes et à chaque fois que je questionnais leur raisonnement ou que je suggérais une approche différente, j’avais droit aux blagues sur ma blondeur. Ceci dit, j’avais toujours une bonne réplique sous la main. Le plus triste, c'est que dès que je plaisante à propos de ma blondeur, j'ai l'impression qu’on n’accorde pas la même valeur à mon opinion et je pense que c’est fait sans même que les gens le réalisent ! »
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Fait intéressant : il semble que ce stéréotype dangereux se soit enraciné jusque dans l'esprit des femmes blondes, ajoute Jess Commons, rédactrice chez R29. « Il y a des moments où je me suis sentie stupide à cause de mes cheveux blonds. Souvent, j'ai l'impression de ne pas paraître aussi intellectuelle que les femmes aux cheveux courts et bruns, comme si on me jugeait bête et peu sophistiquée — mais ce n’est peut-être pas le cas. »

Je n’oublierai jamais le jour où, après avoir passé une charmante soirée à discuter avec ce jeune homme, il m'a fat cadeau de la phrase culte : « Mais tu n’as pas l’air très intelligente.

Photo by REX/Shutterstock.
Au fil du temps, le cliché de la blonde écervelée s’est transformé en opposition entre « beauté et intelligence », ce qui remet au moins en question l’intelligence d’un autre type de femmes. Ce n’est pas vraiment un progrès, même si ça signifie s’éloigner légèrement des standards de beauté occidentaux. Traiter une blonde d’idiote est une excellente manière de saper sa confiance en elle et en ses compétences. C’est assez pour nuire à son épanouissement. Mais si on pense à Valencia dans Crazy Ex-Girlfriend ou à Gretchen dans Lolita malgré moi, ce n’est pas leur blondeur qui en fait des filles stupides, c’est leur beauté. Si le blond est considéré comme le standard de beauté, (et pour info, je crois sincèrement que les normes de beauté eurocentristes sont un violent bourrage de crâne, mais je m’écarte un peu du sujet), alors, comme on nous l’a montré avec tous ces clichés, une jolie blonde videra votre compte en banque (Rebecca Romijn dans Femme Fatale), détruira votre mariage (Glenn Close, dans Liaison Fatale) et ira même peut-être jusqu'à vous prendre la vie (Sharon Stone dans Basic Instinct).
Le stéréotype de la blonde écervelée s’inscrit dans la longue lignée des stéréotypes qui ont pour but de mettre les femmes sous silence et de les humilier. Sur le diagramme logique des stéréotypes, la blondeur se trouve entre la stupidité, la promiscuité, la vénalité et l’intérêt. Mais comme le dit si bien Dolly Parton : simplement parce que je suis blonde, ne crois pas que je suis stupide, parce que cette stupide blonde n'est dupe de personne.

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