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A tout·es les célibataires : arrêtons d'avoir honte de voyager en solo

« On est bizarre monsieur, je vous le dis. » The Craft, 1996
Ah, la peur, cette vieille amie… La peur pour moi, c’est cette force supérieure qui m’ordonne de capituler et rester là où je suis. Un sentiment qui diminue, qui rend lâche et fait se sentir toute petite. Quand j'ai peur de quelque chose, j'en arrive même à me détester, parce que je réalise que je manque cruellement de courage et que ce monde sait très bien en profiter.
Quand il s’agit de voyager, cette peur se matérialise par mon inertie.
Pendant des années je suis restée à la maison plutôt que de partir en vacances. Ça, c’était avant. Je trouvais ça pathétique en fait, de voyager tout seul. C’était vraiment pour moi quelque chose à faire en « dernier recours », quelque chose que je ne ferais qu’en cas d’extrême nécessité, parce que pour moi voyager tout seul c’était forcément voyager moins bien. J’associais le fait de voyager seul à une sorte de prophétie, qui me ferait réaliser que je serai seule toute ma vie. « Oh je vais attendre encore quelques petits mois, le temps de rencontrer quelqu’un. On voyagera ensemble. »
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Ça vous arrive de vous rappeler de vous il y a quelques années, et de vous dire que vous êtes tellement contente de ne plus être cette personne ? Moi oui. Parce que l’ancienne moi ne vivait qu’à moitié. La nouvelle moi elle va en Europe une fois par an (oui, j’habite aux Etats-Unis au fait, je vous ai pas dit).
Tout le monde connaît ce déclic, ce moment charnière où l’on décide de prendre le taureau par les cornes plutôt que de laisser l’anxiété, la peur ou la honte prendre le dessus. Parce que ça vous est trop souvent arrivé. Parce qu’il est temps de regarder les choses en face.
Ce moment pour moi, c’était Instagram. J’étais en train de faire défiler mon fil d’actualité quand je suis tombée sur cette photo d’un coucher de soleil. C’était le coucher de soleil de trop. Et si ça n’avait pas été un coucher de soleil, ça aurait été la photo d’un spa quelque part dans l'Arizona, ou d’un petit-déjeuner servi dans un hôtel de Londres. J’en avais trop vu, des photos de vacances qui font envie. Et à chaque fois, la même réaction : j’étais prise de colère.

Je parle souvent de la société comme si elle rejetait constamment les femmes seules, un peu comme des parias. Mais en réalité, le fait que je n’avais jamais pris l’avion était entièrement de ma faute.

Pourquoi est-ce qu’ils ont la chance de voyager eux ? Pourquoi est-ce qu’ils s’amusent et pas moi ? Pourquoi est-ce qu’ils vont aux quatre coins du monde tandis que tout ce que je vois moi, c’est le métro et mon bureau, autrement dit tout ce qui se situe entre ma porte d’entrée et celle de mon taff ? Non mais c’est qui ces têtes de cons ?
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En vérité, ce n’était pas des cons, c’était juste des couples. Qui se trouvaient simplement être en couple quand moi j’étais célibataire. Il n’y avait rien en eux qui les prédisposait à voyager plus que moi.
Je parle souvent de la société comme si elle rejetait constamment les femmes seules, un peu comme des parias. Mais en réalité, le fait que je n’avais jamais pris l’avion était entièrement de ma faute. C’est moi qui me l’interdisait. Ma peur et ma honte étaient en train de me ruiner la vie. Et la colère prenait peu à peu le dessus sur mes émotions.
J’aime ma colère, en soi. J’ai un profond respect pour elle. Je la regarde éclater et moi, j’essaie d’identifier d’où elle vient puis de trouver le moyen de la faire disparaître. (Vous êtes en train de lire un article sur la sublimation de la colère au fait, vous saviez ?) C’est ma colère qui m’a fait acheter un billet de train, en 2014. Ma première aventure en solo. Et je lui serai éternellement reconnaissante de m’avoir fait me bouger les fesses.
Faire New-York-Washington en train n’a pas de quoi faire envie à Magellan, mais honnêtement, pour moi ça voulait dire beaucoup. J’étais en vacances toute seule pour la première fois de ma vie. Ce que j’allais faire, ce que je mettrais dans ma valise : j’avais tout décidé toute seule, sans rien demander à personne.
Pendant 3 jours, j’avais l’air tout droit sortie d’un documentaire sur l’anxiété. Je n’avais aucune idée de ce que j’étais sensée faire, comme si le fait d’avoir quelqu’un avec moi aurait pu me dire combien de temps il fallait que je passe devant un monument, ou ce qu'il fallait que je commande au restau. J’étais paniquée à l’idée que j’étais en train de faire n’importe quoi, que tout le monde me regardait, ou que je passais trop de temps à paniquer en fait. Je vous jure.
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Il aura fallu plusieurs oeuvres impressionnistes de la National Gallery of Art pour me rappeler pourquoi j’étais partie. Je voulais voir de nouvelles choses, faire mes propres expériences et déconnecter. Je voulais voyager envers et contre tout, et arrêter de me dire que je n’y avais pas droit parce que j’étais seule. C'est là que j'ai décidé d’être plus sympa avec moi-même, de me dire que c’était normal d’avoir peur, surtout quand on décide d’affronter sa peur en fait.
C’est pas grave si j’ai passé mon premier voyage en solo à me torturer de question au final, parce que c’était toujours mieux que de rester enfermée chez moi.
Même si mon courage me venait de ma jalousie et de la colère, je suis contente de l’avoir fait. Parce que les efforts que j’ai fournis cette fois-là ont posé les bases pour les fois qui ont suivies.
Aujourd’hui, je ne suis plus en colère. Je suis trop occupée à trouver le moyen de mettre de l'argent de côté et organiser mon prochain séjour à Rome.
Si je n’étais jamais allée à Washington tout seule, je n’aurais jamais su ce que ça faisait de voyager seule, et je n’aurais sûrement j’avais eu le courage de partir aussi loin qu’aujourd’hui. Il fallait que je prenne conscience que oui, voyager en solo pouvait faire se sentir anxieux ou honteux, mais c’est surtout le cas au début. Quand je suis rentrée de mon séjour, j’étais déjà beaucoup moins anxieuse qu’au départ, quand je suis montée dans le train à New-York. J’étais moins obsédée à l’idée de me trouver une activité pour tuer le temps. Et je savais que personne n’était en train de me regarder ou de me juger parce que je voyageais toute seule.
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Mon premier voyage en solo m’aura montré une chose : tout ce qu’il vous suffit de faire, c’est de prendre vos cliques et vos claques et de partir. La seule règle, c'est de suivre vos envies.

Au contraire, ce que j’ai découvert, c’est ma liberté. C’est la liberté de faire et d’explorer absolument tout ce que vous voulez, que ce soit de s'arrêter quelque part ou sur une idée qui vous traverse l’esprit, parce que vous avez le temps et personne pour vous en empêcher.
Mon premier voyage en solo m’aura montré une chose : tout ce qu’il suffit de faire, c’est de prendre ses cliques et ses claques et de partir. La seule règle, c'est de suivre ses envies. Vous pouvez lire autant d’articles que vous voulez ou prendre les conseils de mille personnes, au final, personne ne saura vous dire comment vous vous sentirez une fois parti·e. Et la meilleure manière de le savoir, c’est de partir. A chaque fois que je pars seule, je me sens plus à l’aise que la fois d’avant.
Voyager en solo m’en apprend tellement sur moi-même, et même si je suis un peu gênée quand je repense à mon ancienne moi, aujourd’hui j’ai appris à faire la paix avec mes démons. J’ai même du mal à me souvenir de ce qui m’énervait tant dans le fait de voir des couples voyager. Vous voyez, je m’améliore.
Je sais combien c’est flippant de voyager seul·e. Je sais aussi que l’imagination est très bonne pour vous jouer des tours dans ces cas-là. Je sais aussi que c’est difficile d’admettre que vous avez peur quand quelqu’un vous dit « mais tu n’as qu’à y aller toute seule ! ». Ça prend du temps, des nerfs et de beaucoup d'énergie. Je sais aussi que parfois il vaut mieux attendre d’en avoir vraiment ras le bol d’avoir peur pour se lancer. Prenez votre temps, mais faites-le.

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