Selon une étude menée par Robert Half auprès de 2000 travailleurs en France, 34 % des salariés indiquent qu’ils sont prêts à accepter un salaire plus bas pour exercer le job idéal. Ces personnes sont majoritaires dans la tranche des fameux millennials (18-34 ans) et sont principalement situées en Ile-de-France. On vous présente le témoignage d’une femme qui a sauté le pas.
Lorsque j’ai quitté mon job à plein temps pour me lancer en free-lance, je l’ai fait pour plusieurs raisons : être plus heureuse, avoir plus de temps pour moi, et surtout pour passer du temps en journée avec mon fils. Ce à quoi je ne m’attendais pas en revanche, c’est d’avoir l’impression d’être plus riche. Je pensais troquer l’argent contre du temps — à 33 ans, il était temps que je réalise que c’était la commodité la plus importante. Je m’attendais à être plus pauvre, et je l’avais accepté.
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Mais il s'est passé une chose à quoi je ne m'attendais pas : maintenant que je gagne moins, j'arrive à me payer de plus beaux vêtements et je passe de meilleures vacances. J'ai troqué mes dettes contre un compte d'épargne et j'aime dépenser plus que jamais.
J'ai commencé à gagner ma vie à l’âge de 21 ans quand j'ai trouvé un boulot dans une agence de publicité. Ils m'ont proposé 16 000 euros ; j'ai accepté le poste immédiatement. Même il y a 12 ans, vivre à Londres avec 16 000 euros n’était déjà pas chose facile. Un collègue plus âgé m'a dit un jour : “Dans la pub, on est sous-payé pendant la première moitié de sa carrière et surpayé pendant la seconde”. Et laissez-moi vous dire qu’il avait raison. Après quelques années, il suffit d’une promotion, et vous voilà avec le double de votre salaire. Il suffit de passer par quelques agences pour très bien gagner sa vie. Non pas que j’en avais conscience — je pensais que tout le monde gagnait autant que moi. Je ne savais pas que l'industrie de la publicité payait si bien jusqu'à ce que je la quitte. Et je pense que c'est une partie du problème. Je gagnais beaucoup d'argent chaque mois, mais je n'en savais rien. Si vous m'aviez demandé ce que je pensais de mon salaire, bien que je fasse partie du 1 % des salariés les mieux payés au Royaume-Uni, j'aurais répondu que ce n'était pas assez. Je gagnais plusieurs milliers d’euros par mois, et pourtant, il ne restait pas grand chose sur mon compte à la fin du mois. Je gagnais assez pour ne jamais avoir à penser à l'argent. Assez pour acheter des cocktails et ne pas les boire. Assez pour réserver des vacances et ne jamais les pendre. Assez pour ne jamais renvoyer mes achats en ligne. Mes dépenses, pour la plupart, étaient irréfléchies.
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Je n'ai jamais établi de budget ni planifié mes dépenses. Je m'achetais une nouvelle paire de baskets que je n'aimais pas plus que ça, juste parce que j'avais laissé la mienne à la maison et qu’on devait aller courir avec les collègues à l'heure du déjeuner. C'était presque comme si je n’accordais aucune valeur à l'argent. L’argent pour moi, c'était juste une chose à dépenser jusqu'à ce qu'il soit remplacé à la fin du mois.
“Mais tu as quand même dû t’acheter pas mal de beaux vêtements, non ?” me disent maintenant mes amis. La réponse est non. Je n'ai rien acheté qui n’en vaille la peine. Les “belles” choses demandent du temps, de l'attention et une certaine réflexion. Lorsque vous vous donnez 20 minutes pour acheter un jean parce que vous vous trouvez devant une boutique entre deux réunions, vous ne risquez pas de ressortir avec quelque chose de sympa. Un jean de bonne qualité, peut être. Mais un jean qui ne vous va pas. Vous l'achèterez quand même parce que vous avez besoin d'un nouveau jean et que vous estimez que vous méritez bien de vous faire plaisir, et vous pouvez lâcher 250 € sur un coup de tête. Ensuite, ce jean restera dans votre armoire, vous l'essaierez tous les matins pour l’enlever juste avant de sortir de la maison parce qu'il vous fait un camel toe horrible. Et voilà 250 € de gaspillés !
“On dirait bien que vous n'aviez pas vraiment de respect pour l'argent” : voilà le diagnostique établi par le Dr Joan Harvey, une psychologue spécialisée dans la psychologie du travail. C'est vrai. On pourrait penser que parce que j'ai dû travailler très dur pour gagner cet argent, je ferais attention à la façon dont je le dépense, mais in fine, la seule conséquence de ces dépenses bêtes était de devoir travailler tous les jours, ce à quoi je m'étais déjà résignée. Et de poursuivre : “Ce qui signifie que vous ne respectiez pas votre temps non plus. Souvent, on ne se rend pas compte que d’établir un budget ne signifie pas seulement faire des économies. Ca résulte également en plus de temps libre”. Ca peut sembler ridicule, mais il m'a fallu beaucoup de temps pour réaliser que mes habitudes financières me gardaient prisonnière d'un emploi à plein temps ultra-stressant. Il y a une leçon à en tirer de tout ça : si vous ne respectez votre temps, vous ne respecterez pas non plus votre argent, car les deux sont intimement liés.
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Avant de démissionner, j'ai entendu mon neveu de 22 ans parler du temps comme mes collègues parlaient d'argent. Il a négocié du temps libre dans son nouveau travail comme j'avais négocié mon salaire. Il travaille quatre jours par semaine et prend de longs congés lorsqu'il doit partir en tournée avec son groupe. Il n'y a rien de tel que de voir la vie rock’n’roll de son neveu pour se rendre compte qu'on ne vit pas la vie dont on rêvait. C’est cette réalisation et le fait de ne pas avoir vu mon jeune fils réveillé pendant quatre jours consécutifs qui m’ont permis de réaliser que j'avais besoin de ralentir.
Une fois que j'ai su que l'argent ne tomberait plus régulièrement sur mon compte, je me suis fixé un budget strict. J'ai commencé à me mettre au défi de ne pas dépenser plus de 5 € par jour. Réussir ce challenge était plus important pour moi que le buzz que je ressentais en vidant mon compte en banque. Cela m'a également permis de prendre conscience des choses dont je pouvais me passer : les crevettes, les M&MS, les taxis, les livraisons ASOS et les café à emporter. Et les choses pour lesquelles je suis heureuse de travailler — la crème hydratante Kiehl, la bière et un service de garde de qualité pour mon fils.
En ce moment, je préfère passer du temps avec mon fils ou sur des projets passionnants qui ne sont pas bien payés plutôt que d'acheter une autre paire de jeans. Le travail en free-lance me permet de déterminer ma charge de travail, alors maintenant, avant d'acheter quelque chose, je me demande toujours si je suis prête à travailler une heure ou une journée pour l'obtenir. Mon taux de conversion est devenu le temps.
J’ai enfin l’impression d’avoir une relation saine à l'argent. Il m’aura fallu du temps, mais voilà ce que j'ai appris : essayez les vêtements avant de les acheter — si vous ne vous sentez pas la meilleure version de vous-même dedans, laissez-les au magasin. Essayez de préparer vos repas pour la pause déjeuner. Savourez votre café le matin à la maison. Choisissez une paire de chaussures que vous adorez plutôt que ces 12 T-shirts H&M (juste parce que vous n’avez pas le temps de faire tourner une machine). Coupez vos légumes vous-même. Ne faites jamais de shopping sur Amazon — si vous avez vraiment besoin d'une chose, vous pouvez très bien vous déplacer. Achetez des plantes, plutôt que des fleurs. Les taxis sont rarement plus rapides que le bus (je sais de quoi je parle). Vous n’avez pas besoin de vous excuser de votre retard en payant une tournée (c’était peut-être juste moi pour ce coup là...) Quel que soit le montant que vous gagnez, prenez le temps de réfléchir à la façon dont vous allez le dépenser et, lorsque vous le ferez, prenez pleinement le temps d’analyser ce que vous ressentez.