Le Mois des Fiertés occupe une place particulière dans le cœur des New-Yorkais, mais cette année, encore plus que d’ordinaire - en plein coeur des conflits autour de la brutalité policière qui font rage dans tout le pays - ces festivités ont pris une signification hors du commun.
Dimanche soir, lors de la Queer Liberation March (marche pour la libération des personnes queer), la police a affronté les manifestants lors du 51ème anniversaire des émeutes historiques de Stonewall à New York, déclenchant un barrage de gaz lacrymogène et bousculant les manifestants terrifiés qui se trouvaient sur leur chemin.
Des messages diffusés sur les réseaux sociaux montrent le moment où les policiers, qui ont tenté de procéder à des arrestations, ont eu recours à la violence et ont provoqué la panique et un dangereux mouvement de foule en réponse au chaos. Dans un live stream publié sur Facebook, on peut voir des manifestants lever le poing en signe de solidarité pacifique, chanter "laissez-les partir" et tenter d'intervenir alors que des officiers embarquent deux personnes accusées d’avoir tagué un véhicule de police.
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La violente confrontation a failli provoquer un "second Stonewall", a commenté l'homme qui a publié le livestream sur Facebook. Ces événements interviennent alors qu'un affrontement national de plusieurs mois avec la police sur la brutalité qu'elle inflige de manière disproportionnée aux groupes minoritaires menace de dégénérer en une vague d'émeutes. "Quand nous avons vu l'éruption des mouvements de protestation, ça nous a rappelé l'activisme de l'époque du sida", a déclaré Jon Carter, membre de la coalition Reclaim Pride qui a contribué à la création de la Queer Liberation March, au Daily Beast. "Parfois, la présence physique dans les rues en dit long".
"Alors que nous marchions vers Washington Square Park à la fin de l'événement, j'ai vu des officiers de la police de New York (NYPD) pousser les gens à terre et les rouer de coups dans la rue, un écho douloureux de l'histoire", écrit Lucy Diavolo pour Teen Vogue. "Toute cette expérience m'a cruellement rappelé que la libération des personnes queers - un avenir où les personnes LGBTQ seront libérées non seulement de la discrimination, mais aussi de tous les systèmes oppressifs qui les enchainent - doit inclure la suppression de la police parmi ses objectifs".
Depuis 2019, la marche pour la Queer Liberation March est organisée pour commémorer le soulèvement de 1969 qui a suivi la tentative de raid de la police sur le Stonewall Inn, un club gay populaire de Greenwich Village à Manhattan. Les patrons gays, las de la surveillance policière constante des hotspots de la communauté, se sont révoltés, lançant des bouteilles aux officiers en poste lors d'une émeute dont on considère qu'elle est la naissance de la Marche des Fiertés.
Pippa Bianco, une volontaire de NourishNYC, a raconté à Gothamist qu'elle avait vu des manifestants se faire asperger de gaz lacrymogène alors que les officiers la maintenaient à terre : "J'étais totalement pacifique, nous l'étions tous - je venais simplement récupérer de la nourriture pour une station de ravitaillement bénévole quand les flics se sont précipités dans la foule en panique et ont commencé à faire usage de la violence", a-t-elle déclaré. Les mouvements de justice queer ont depuis longtemps des intérêts qui se recoupent avec les mouvements pour l'émancipation des Noir·es, depuis les Black Panthers et leur collaboration avec le Front de libération queer dans les années 1960. La célébration des fiertés de cette année, qui s'est déroulée le même mois que les rassemblements et les manifestations pour les Noir·es tué·es par la police, a secoué le quotidien dans tous les coins de la ville, apportant une nouvelle occasion d'alliance entre les deux groupes. Ça a permis une prise de conscience pour les manifestant·es qui se battent pour la suppression de la police au profit de nouveaux systèmes de sécurité - un mouvement qui ne semble pas se ralentir, même face aux gaz lacrymogènes et aux balles en caoutchouc.
"J'ai assisté à de nombreuses manifestations de Black Lives Matter, et je suis homo. Je pense que nous devons être dans la rue et nous battre pour les droits des personnes transgenres noires", expliquait un habitant de l'East Village nommé Todd au Daily Beast. "C'est ça, la Gay Pride."