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Pourquoi ces femmes (comme beaucoup) rejettent le compte joint

Photographed by Kieran Boswell.
Malgré tous ses défauts, il y a un passage du film Sex and the City qui est resté gravé dans mon esprit. Les filles sont à une vente aux enchères de bijoux où l'ex-petite amie esseulée d'un milliardaire se voit forcée de vendre ses biens les plus précieux après avoir été chassée de la maison qu'elle partageait avec lui avec pour seules richesses les cadeaux de valeur qu’il lui a fait au fil des ans.
Dans les toilettes de la salle des ventes, Miranda, toujours pleine de bon sens, jette à la frustrante Carrie un regard qui en dit long (ou avec les sous-titres : "ça pourrait très bien t'arriver si tu n'épouses pas Big"). Carrie jette un regard dans le vide et, plus tard dans la journée, annonce à Big qu'elle veut vendre son appartement pour qu'ils soient copropriétaires du ridicule penthouse qu'ils s'apprêtent à acheter.
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Une grande partie de ce scénario est très peu réaliste : les bijoux, le milliardaire, la vente aux enchères en milieu de journée. Mais l'idée qu'une relation qui se termine pourrait soudainement vous laisser plus pauvre est un scénario qui parle à nombreuses personnes. Comme s'il fallait le rappeler, personne n'est plus touché par la crise du logement que les femmes célibataires.
Le mystère de savoir comment Carrie a réussi à acheter autant de chaussures et à gagner sa vie comme auteure à Manhattan reste entier, mais là n'est pas la question. La question est la suivante : pendant des siècles, les femmes ont constitué un bien mobilier dans des relations hétéronormatives, trouvant que leur fortune était au moins entremêlée, voire complètement dépendante à celle d'un homme.
Cependant, selon de nouvelles études, on assiste à un changement d'attitude - et on le doit aux jeunes femmes.
Selon une étude Insee, seuls 64 % des couples hétérosexuels mettent désormais en commun leurs revenus, et près d'un couple sur cinq refuse de faire compte commun. Et alors même que les femmes sont toujours moins bien payées que les hommes, il leur tient à cœur de participer aux dépenses communes à hauteur de 50 %.

Près d'un couple sur cinq refuse de faire compte commun.

Cette situation est très différente de celle des femmes de plus de 55 ans, dont l’écrasante majorité déclare avoir choisi de partager leurs biens avec un partenaire.
Plus d'une femme sur trois ayant participé à cette enquête déclare regretter de ne pas avoir pu conserver une certaine indépendance financière au cours d'une relation, alors que, fait quelque peu troublant, seul un tiers des femmes divorcées déclarent penser pouvoir s'assurer une retraite confortable.
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Sara Mohammed, 28 ans, chef de projet qui gagne 36 000 £ (39 800 €), ne comprend que trop bien ce phénomène. Elle est en couple depuis trois ans et demi, et vit actuellement avec son partenaire.
"Au début, raconte-t-elle à Refinery29, j'avais vraiment honte de mes finances, car j'étais très endettée et je préférais qu’on fasse compte à part, mais au final c'est resté comme ça".
"Ma mère a ouvert un compte joint avec mon père dès qu'ils ont emménagé ensemble et lui a laissé le soin de gérer les finances, elle a assumé un rôle très traditionnel tout au long de leur mariage", ajoute-t-elle. "Mais je pense que nous sommes plus indépendantes aujourd’hui... nous avons des carrières, nous gagnons autant, voire plus que nos partenaires, nous avons un pouvoir décisionnaire équivalent, bien plus qu’auparavant".
Pour Sara, garder les finances séparées a été bénéfique pour son couple. "C'est sympa de comparer les différentes façons dont nous dépensons notre argent", dit-elle. "Je pense que ça conduit à une relation plus égalitaire et plus fluide aussi, ainsi, le "pourvoyeur" peut changer tout au long de la relation. Cela ouvre les portes aux formats alternatifs, comme le fait que le père prenne un congé de paternité pendant que la mère retourne au travail".

Plus d'une femme sur trois déclare regretter de ne pas avoir pu conserver une certaine indépendance financière au cours d'une relation.

Amy King, 34 ans, est tout à fait d'accord. Elle vit avec son mari dans une maison dont ils sont tous deux propriétaires.
Jusqu'à récemment, Amy était la principale pourvoyeuse de son ménage, grâce à son poste de responsable du service après-vente pour une marque de voitures de luxe. Aujourd'hui, elle a décidé de retourner à l'université pour étudier les mathématiques et son mari gagne plus qu'elle, mais ils continuent à faire compte à part.
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"Nous n'avons jamais eu le sentiment qu'un "pot commun" améliorerait notre situation financière", dit-elle à Refinery29. "On a toujours été doués pour parler d'argent, gérer nos budgets et diviser nos dépenses, si bien qu'aucun de nous n'a jamais vu l'intérêt d'avoir un compte joint".
Plus que cela, elle ajoute que ni l'un ni l'autre "n'ont jamais voulu se retrouver dans une situation" où ils "devraient se demander à quoi correspond telle ou telle transaction".
"Ça nous arriverait certainement, car nous aimons garder un œil sur nos dépenses", ajoute-t-elle. "Et, enfin, la deuxième raison est que si les choses tournent mal - ce que nous ne souhaitons pas - il serait beaucoup plus facile de séparer nos biens".
Amy pense que les mentalités ont beaucoup évolué ces dernières années. "Certains de mes amis qui sont mariés et ont des enfants ont des comptes joints, mais je ne comprends pas vraiment pourquoi... Je pense que les gens sont devenus plus conscients de ce qui se passera en cas de divorce parce que c'est beaucoup plus fréquent et je pense que plus de gens essaient de se protéger contre ça".
Elle n'a pas tort. Les jeunes d'aujourd'hui sont moins susceptibles de se marier et, lorsqu'ils le font, ils se marient plus tard, selon l'Office des statistiques nationales. Ils auront vu de nombreux mariages se briser en grandissant.
Cela peut paraître invraisemblable aujourd’hui, mais jusqu’en 1965, il était impossible pour une Française d’ouvrir un compte bancaire ou de travailler sans l’accord de son mari. La loi sur l'égalité de salaires, introduite en 1972, est, si l'on y réfléchit bien, également encore très récente. Ainsi, dans ce vaste contexte historique, l'indépendance financière des femmes françaises est encore un phénomène relativement nouveau.
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Charlotte Ransom, PDG de Netwealth, explique à Refinery29 que "nous constatons ce changement dans les habitudes financières des jeunes femmes, qui sont moins susceptibles d'adopter une approche "ce qui est à moi est à toi" en matière de finance. Cela est dû, en grande partie, au fait que ces femmes ont aujourd'hui un patrimoine personnel plus important que les générations précédentes, et qu'elles ne sont guère disposées à y renoncer".
Elle affirme que "la relation des femmes avec la finance est en pleine révolution" et dit vouloir voir plus de femmes investir leur argent. "Investir", ajoute-t-elle, "fait partie intégrante du processus si nous voulons nous attaquer à l'écart de richesse entre les femmes et les hommes et atteindre nos objectifs financiers à long terme".
Certains rapports indiquent que la proportion de femmes dans la richesse du monde augmente et, s'il est clair qu'il y a encore beaucoup de chemin à parcourir, les signes indiquant que les mentalités en matière de finances dans le couple évoluent suggèrent que la situation pourrait être très différente à l'avenir.
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