“Je suis trop timide en entretien & ça me coûte souvent le job”

De nos jours, il y a beaucoup de choses à affronter sur le chemin du succès. Il ne s'agit plus d'avancer tête baissée, de travailler dur et de gravir les échelons (comme si ça avait jamais été le cas). De nos jours, le chemin de la réussite est résolument plus sinueux. Du plus banal - maitriser le jargon et les apéros networking après le travail (non, Kevin, je n'ai pas envie de prendre un autre verre, sur Zoom ou ailleurs) - au plus sérieux - on pense au harcèlement sexuel, aux préjugés implicites et à la discrimination pure et simple - la situation est plutôt sombre. Même l’environnement dans lequel nous travaillons a évolué : des start-ups sans service des ressources humaines aux indépendants, nous n'avons pas toujours la chance de bénéficier du filet de sécurité (relatif) que devrait offrir un emploi à temps plein. Ajoutez à cela une pandémie et, entre le chômage partiel et les licenciements, le travail à domicile et la minimisation de l'impact sur les patrons, c'est un miracle que nous continuions à avancer.

C'est pourquoi on s'est dit qu'un peu d'aide serait la bienvenue. Heureusement, Cate Sevilla, écrivaine, auteure et ancienne rédactrice du site web The Pool, qui a également travaillé pour des gros poissons comme Google, a rédigé un guide pour nous : How To Work Without Losing Your Mind (Comment travailler sans perdre la tête). Qu'il s'agisse de survivre à l'enfer du manager (bonjour le gaslighting), d'éviter le burn-out ou d'arrêter de se comparer aux autres, ce livre vous aide naviguer dans le monde confus du travail moderne. Et au cours des prochaines semaines, Cate va répondre à vos questions sur la façon de traiter vos problèmes spécifiques.

Cette semaine : Peut-on se faire remarquer si on n'est pas la personne qui crie le plus fort ?

La réponse de Cate : Tout d'abord, c'est une excellente nouvelle que votre travail n'ait pas été affecté par la pandémie et que vous disposiez de la flexibilité nécessaire pour chercher un nouvel emploi. Quant à votre "problème" de timidité, vous utilisez des expressions et des mots assez durs pour vous décrire. Vous dites que vous "gachez tout" lors des entretiens et vous vous décrivez comme un "cauchemar" - à deux reprises ! Être timide et introverti n'est pas une chose négative, mais ce que j'entends, c'est que c'est plus l'anxiété et le stress lors des entretiens qui posent problème, et non votre personnalité. Il est normal de ne pas être une personne très sociable ou extravertie ; les bureaux et les entreprises ont besoin de tous les types de personnalités, y compris les timides.

En ce qui concerne les entretiens, je commencerais à explorer ce qui est au cœur de votre anxiété : avez-vous peur qu'on vous pose une question à laquelle vous n'avez pas la réponse ou qu'on essaie de vous piéger ? Est-il question du syndrome de l'imposteur ? Quelle est votre principale inquiétude ? C'est un problème que vous pouvez résoudre par vous-même en écrivant dans un journal ou en parlant avec un ami, voire un thérapeute ou un coach de carrière si vous y avez accès. (Je sais que ce n'est pas le cas de tout le monde !) Selon ce que vous découvrirez, je vous conseille de revoir votre façon de penser à l'entretien d'embauche. Si vous vous présentez à un entretien en pensant que vous êtes petite et qu'ils sont grands et que votre objectif principal est d'essayer désespérément de les convaincre de votre talent, cela rendrait n'importe qui extrêmement nerveux, anxieux et sous pression.

Au lieu d'aborder une interview comme si vous auditionniez pour The Voice, vous devez vous rappeler que les entretiens sont une intéraction à double sens. Autant ils essaient d'évaluer si vous êtes bien adapté au rôle, autant vous devez essayer de déterminer si cette entreprise, le responsable de l'embauche et le rôle lui-même vous conviennent. Vous leur faites également passer un entretien, même si le processus est conçu de manière à vous donner l'impression que c'est vous qui êtes sur la sellette. 

Vous devrez également déterminer ce qui est le plus important pour vous dans votre prochain poste et votre prochaine entreprise. Par exemple, s'agit-il d'une augmentation de salaire que vous recherchez principalement ? Ou est-ce une évolution de carrière et un développement, ou peut-être l'acquisition de certaines compétences ? Une fois que vous l'aurez déterminé, abordez ces conversations (et les entretiens doivent être des conversations et non des interrogatoires) en posant des questions visant à déterminer si ce qui est important pour vous dans votre prochain emploi correspond effectivement à ce poste - qu'il s'agisse de questions sur la formation, le travail flexible ou la position de l'entreprise en matière de santé mentale. Si le responsable du recrutement ou la personne qui vous interroge est gênée, vague ou même sur la défensive en répondant à ces questions spécifiques, c'est aussi un point auquel il faut faire attention. Écoutez votre instinct : percevez-vous un signal d'alarme ? 

Comprendre ce qui provoque votre stress et votre anxiété lors des entretiens, plutôt que de vous considérer comme "un cauchemar timide", est un très bon point de départ. Et savoir ce que vous attendez d'un rôle et aborder les entretiens comme des conversations à double sens vous permettra, espérons-le, de franchir une nouvelle étape. Bonne chance dans votre recherche d'emploi !