Cette période de confinement concerne le monde entier et un grand nombre de questions se posent dans chaque foyer. Allant du simple réarrangement du salon aux questions existentielles les plus profonds, il se peut que nombre de vies s'en trouve bouleversé. Lorsqu'on est en couple, l’un des plus grands challenge, c’est de trouver un équilibre entre ses besoins et ceux de l’autre. Et la carrière n'est pas en reste : nombreux sont les couples qui éprouvent des difficultés à la suite d'un changement professionnel, comme un licenciement, le lancement d'un projet ou d'une reconversion professionnelle.
Si vous êtes concerné·e par l'un des cas décrits et inquiet·es des conséquences que cela peut avoir sur votre couple, c’est que vous savez déjà que les choses peuvent vite devenir très compliquées.
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Car tout changement professionnel implique son lot de difficultés - qu’elles soient émotionnelles ou financières - et pour lesquelles on n’est souvent pas du tout préparés.
On est donc partis à la rencontre de quatre personnes qui ont soutenu leur partenaire pendant une transition professionnelle, avec chacun une expérience différente. Ils habitent New-York, le Texas ou Boston, ont chacun des revenus différents et une histoire unique. Tous sont d'accord pour dire qu'il n'y pas de recette miracle, mais que la communication aura été essentielle pour traverser cette étape. Ce qui aura justement manqué au premier couple interrogé, maintenant séparés.
On espère que vous trouverez un peu de soutien dans ces quatre témoignages sincères et inspirants.
Erin, 26, publicitaire, New-York, New-York
Ca faisait 9 mois que Tim et moi avions commencé à se voir quand on a décidé de vivre ensemble. Juste avant qu’on emménage, Tim a été licencié par la maison de prod pour laquelle il travaillait. Au début, je me suis pas inquiétée, je pensais qu’il trouverait un nouveau job rapidement.
Ca faisait 9 mois que Tim et moi avions commencé à se voir quand on a décidé de vivre ensemble. Juste avant qu’on emménage, Tim a été licencié par la maison de prod pour laquelle il travaillait. Au début, je me suis pas inquiétée, je pensais qu’il trouverait un nouveau job rapidement.
« Tim avait toujours voulu avoir un poste à niveau. Ce licenciement semblait être l’occasion parfaite pour se lancer dans une transition. Mais ce à quoi on ne s’était pas attendus, c’est que ca prenne autant de temps.
On s’était mis d’accord pour qu’il paie environ 300$ de loyer pendant sa recherche d’emploi. Il avait encore son prêt étudiant à payer et pas d’économies, donc son budget était très serré. J’avais un bon salaire à l’époque donc je pouvais couvrir le reste du loyer, les factures et les courses, mais je n’avais plus la possibilité de mettre de l’argent de côté. Au début, ça ne me posait pas de problème, je me disais qu’il pourrait me rembourser plus tard. Mais après quelques mois, j’ai commencé à me dire que je ne reverrai sûrement jamais mon argent.
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Et c’est là que Tim est tombé en dépression. J’ai tout fait pour essayer de le motiver et lui redonner espoir, mais je pense qu’il interprétait mes conseils comme de la condescendance. Pire, mon optimisme l’exaspérait. C’est vraiment difficile de voir la personne que vous aimez en difficultés, émotionnellement et financièrement. Mais je me faisais aussi du soucis pour notre avenir à deux. Ce que je ne lui ai jamais dit.
Comme on a aménagé ensemble assez rapidement, on ne s’était encore jamais vu vulnérables. Le fait que Tim soit stressé par son chômage a fini par nous atteindre tous les deux. Et on a gardé beaucoup de choses pour soi. On a fermé nos valves de communication pour ne plus jamais vraiment les rouvrir.
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On a gardé beaucoup de choses pour soi. On a fermé nos valves de communication pour ne plus jamais vraiment les rouvrir.
Erin
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Tim a fini par trouver un poste à responsabilités. Et même si on est resté ensemble pendant encore quatre ans après cet épisode, on a fini par se séparer. C’est comme ça que j’ai appris que la communication était vraiment cruciale dans un couple, et qu’on en avait certainement manqué.
Moralité : toujours s’assurer d’être sur la même page quand on s’apprête à effectuer de gros changements dans sa vie. Parlez de comment cela pourrait affecter votre relation, et si vous partagez vos finances, soyez sûrs de clarifier et planifier les choses avant de vous engager dans une longue période de chômage par exemple. Ca évitera les déceptions et les rancunes, qui, à la longue, peuvent porter un coup fatal à votre histoire.
Kara, 31, conseillère en éducation financière, Austin, TX
Fin 2018, mon compagnon Theo* décide de quitter son poste à temps plein pour changer de carrière. Il était bien payé, mais son travail prenait une direction qu’il n’aimait pas, dans une industrie qui ne l’intéressait pas vraiment non plus. Donc il décide de viser un poste à responsabilité dans un autre domaine.
Fin 2018, mon compagnon Theo* décide de quitter son poste à temps plein pour changer de carrière. Il était bien payé, mais son travail prenait une direction qu’il n’aimait pas, dans une industrie qui ne l’intéressait pas vraiment non plus. Donc il décide de viser un poste à responsabilité dans un autre domaine.
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J’étais inquiète à l’idée qu’il quitte son travail sans avoir un autre job qui l’attende à la sortie. Parce que je sais à quel point ça peut être stressant. Je dirige ma propre boîte de conseil en éducation financière, donc d’un point de vue pragmatique, j’avais tendance à penser que c’était irresponsable. Mais en tant que partenaire, je devais prendre en compte le fait qu’il était malheureux et que c’était sûrement la meilleure décision à prendre à l’instant T. Il était constamment stressé et faisait régulièrement des crises d’angoisse, donc ca ne pouvait vraiment plus durer. J’étais à la fois soulagée pour lui mais inquiète pour notre avenir.
Pendant les 4 premières années de notre relation, Theo gagnait plus que moi, tandis que j’avais plusieurs emplois et ma propre entreprise à faire tenir. Cette transition a tout changé pour nous. Quand Theo a quitté son emploi, il avait pas mal d’argent de côté. Donc les 3 premiers mois, on a pas vraiment vu de changement dans notre couple. C’est à partir du quatrième que les choses ont commencé à se gâter : il n’avait toujours pas retrouvé de boulot et avait pas mal entamé ses économies. Ca devenait clair que les choses seraient plus compliqué que prévu.
Bientôt, la tension a commencé à monter. Le prêt étudiant de Theo était plutôt élevé, et il était quasi sans revenus. Aucun de nous ne voulait qu’il utilise toutes ses économies, donc j’ai commencé à payer plus pour les courses, et lui contribuait à hauteur de 60$ par mois. Je payais tout le reste toute seule. On vivait chichement, mais ça représentait quand même au moins 170$ par mois, en plus de toutes les autres factures et dépenses qu’on avait.
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Heureusement, on est très bon pour communiquer, donc ca nous a aidé à parler d’argent. Dans le couple, quand vous contribution financière est très réduite, l’autre peut vite prendre le dessus. Donc il a fallu qu’on travaille là-dessus. J’ai finir par embaucher Theo pour qu’il m’aide avec mes tâches administratives, ce qui lui permettait de payer notre loyer. Mais avoir sa propre entreprise signifie aussi que vous ne savez pas toujours où vous allez, donc j’avais parfois l’impression que j’aurais pu utiliser cet argent pour autre chose.
Aujourd’hui, Theo a deux emplois à temps partiel et retourne à la fac à l’automne pour débuter un master. Je continue de payer la moitié de son loyer, et il participe toujours à hauteur de 60$ pour les courses. Il paye aussi les factures de gaz, et on partage équitablement toutes nos autres dépenses.
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Dans le couple, quand vous contribution financière est très réduite, l’autre peut vite prendre le dessus.
Kara
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Avec le recul, je me rends compte à quel point c’est important de communiquer de façon transparente avec l’autre, à chaque étape de la transition. Beaucoup de gens sont susceptibles avec l’argent, surtout dans les relations hétérosexuelles. Je suis contente que Theo n’ait pas de problème avec le fait que je le soutienne financièrement.
Alaina, 26 ans, travaille dans l’édition et les médias, Boston, Massachusetts
J’ai soutenu ma partenaire Macey quand elle a pris la décision de reprendre ses études pour obtenir un master. Ça faisait plus d’un an qu’on vivait ensemble, et je venais d’être diplômée. Je travaillais à la maison en tant qu’éditrice. Quand elle est retournée à la fac, je suis devenue notre source principale de revenus - même s’il lui arrivait de travailler à côté quand elle avait le temps.
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Cette expérience m’a rendu tellement fière et heureuse pour Macey. Il y a eu toute une période où elle n’était pas sûre de vouloir devenir orthophoniste, et de la voir sauter le pas et se battre pour ses rêves était très important pour moi. Je voulais qu’on soit toutes les deux capables de prendre des risques et être épanouies dans nos carrières. Je suis contente de pouvoir travailler chez moi en tant qu’éditrice, responsable des réseaux sociaux et coach d’auteurs, et je lui souhaite d’être aussi heureuse, bien payée et épanouie que moi. C’est vraiment ce que je voulais pour nous deux, et je suis heureuse de pouvoir l’aider à prendre des risques et réaliser ses rêves.
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Je suis heureuse de pouvoir l'aider à prendre des risques et réaliser ses rêves.
Alaina
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Quand bien même, les choses ont commencé à se compliquer quand Macey a eu du mal à trouver un emploi après ses études. Elle se sentait comme un poids pour nous. Je ne voulais pas qu’elle se sente comme ca. On a connu toutes les deux des phases où l’autre gagnait plus que l’autre, mais quand c’est moi qui gagne plus, je ne veux pas que ça la stresse.
Aujourd’hui, Macey travaille pour un grand institut de recherche (Le Massachussets Institute of Technology, et je travaille en tant qu’éditrice pour un magazine et continue de coacher des auteurs. Avec le recul, j’aurais aimé avoir plus d’argent de côté ou avoir un poste fixe plus tôt. Ca m’aurait permise de soutenir davantage Macey durant ses études. Ca lui aurait éviter de perdre son temps à postuler un peu partout et de faire de petits boulots très fatiguants.
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Carleton, 40, agent immobilier, Seattle, WA
« Ma femme, Amy, a travaillé comme avocate pendant plus de dix ans. En 2016, peu de temps après la naissance de notre deuxième enfant, Amy a commencé à réfléchir à quitter le droit pour lancer sa propre boite. Elle avait envie de s'engager sur un sujet qui la concernait intimement : celui du statut des femmes dans l'entreprise, ici en aux Etats-Unis. Elle voulait aussi être plus flexible. On vit très éloigné de nos deux familles respectives et on travaille tous les deux, ce qui nous laisse peu de temps avec nos enfants.
J'étais content qu'Amy veuille évoluer dans un milieu qui la motivait plus, mais ça voulait aussi dire que je serais être le seul à avoir un salaire pour une période indéterminée. J'étais inquiet. En plus de ça, quelques jours avant son dernier jour au barreau, on a appris qu'Amy était enceinte de notre troisième enfant.
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Quelques jours avant son dernier jour au barreau, on a appris qu'Amy était enceinte de notre troisième enfant.
Carleton
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Avant qu'Amy démissionne, on a établi un budget. On voulait être sûr de pouvoir maintenir notre train de vie avec 3 enfants à charge et un seul salaire. On s'est dit que ce serait possible, mais on n'en avait pas la certitude, ce qui peut être très intimidant, surtout quand on a à s'occuper d'enfants en bas âge. Pour moi, le plus gros problème n'était pas l'argent, j'avais surtout peur de l'inconnu.
Démarrer un business est un énorme risque à prendre, et les premiers pas se font toujours difficilement. C'est compliqué de réunir toutes les pièces du puzzle. Amy a commencé à gagner de l'argent 13 mois après sa démission. Ça nous a aidé à nous apaiser, même si j'aurais aimé qu'on ait eu un plus d'argent de côté avant qu'elle lâche tout. On a quand même réussi à gérer.
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Aujourd'hui, après deux ans, j'ai toujours l'impression qu'on est en phase d'adaptation. Je sais pourtant que les choses vont être de plus en plus amenées à changer, et ça reste un challenge d'accompagner son partenaire durant sa transition professionnelle. On ne sait pas toujours où on va, mais on a appris à accepter que l'avenir est toujours incertain et de vivre au jour le jour.
Avec le recul, je suis content qu'Amy ait pris cette décision. C'est fabuleux de voir son partenaire se lancer dans un projet qui lui tient à coeur, et je crois au succès de son entreprise. J'ai tellement appris, sur par exemple le fait qu'une famille peut apprendre à vivre dans le chaos tant qu'il y a de la communication et qu'on sait ménager les attentes des uns et des autres. J'ai aussi réalisé que ce genre de transition était sans retour : une fois qu'on met le pied dans la porte, on ne peut plus faire marche arrière. »
*Le nom a été changé
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