Vous l’avez peut-être remarqué : les courbes féminines connaissent un fort succès dans le monde de la joaillerie en ce moment, et ce succès, on le doit en partie à la créatrice Parisienne Anissa Kermiche. Sa seconde collection, Body Language, présentait des boucles d’oreilles en forme de main faisant un doigt d’honneur (les ongles peints d’un rouge vermillon, bien sûr), des colliers de bustes féminins aux tétons de rubis ainsi que des pendants en forme de jambes aux poils pubien noir onyx. Plus récemment, elle s’est essayée à la décoration, créant des vases en céramique aux formes de fesses, de seins, de hanches et de tailles, leur donnant des noms amusants comme Jugs Jugs, Breast Friend et Love Handles Vase.
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En 2016, lorsqu'elle a lancé sa marque éponyme, ce sont ses boucles d'oreilles Paniers Dorés — aux allures de fortune cookies — qui ont séduit les filles les plus cool du milieu de la mode. En peu de temps, tout ce beau monde portait les créations de Kermiche, et elles ont largement été copiées par les marques de grande distribution. Grâce à sa célébration du corps féminin, elle a su s’assurer une clientèle fidèle et elle a été l'une des premières créatrices à rendre les fans de bijoux accro aux perles fines martelées.
On ne peut que remarquer le savoir-faire de Kermiche en ingénierie et en informatique lorsqu’on regarde ses boucles d'oreilles. Ses bijoux affichent un équilibre parfait, chaque pièce ressemble à un chef d'oeuvre d'architecture sur l'oreille. Elle qualifie ses bijoux d'« art à porter » et tire son inspiration de sculpteurs et peintres comme Constantin Brâncuși, François Morellet et Alexander Calder.
Adoptée par toutes les it-girls, de Gemma Chan à Adwoa Aboah, et coup de coeur des acheteurs de Net-A-Porter, Matches Fashion, Liberty, Browns et Harvey Nichols (pour ne nommer que quelques-uns de ses revendeurs internationaux), Anissa Kermiche s'est imposée dans le monde de la joaillerie au cours des trois dernières années. Avec un tel sens des proportions, des couleurs et de l'équilibre, il n'est pas surprenant de découvrir que son intérieur est tout aussi créatif que son travail.
Nous avons rencontré la créatrice dans sa maison londonienne pour discuter des cinq choses qui l'inspirent, des couleurs primaires aux talons excentriques.
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« Contrairement à mon amour des bijoux en perles, que je tiens de ma mère, mon obsession pour l'architecture d'intérieur n’est pas héritée. C’est une réelle passion — quand je vois un objet qui me plait, j'ai besoin d’en connaître le designer, la décennie, la tendance. J'ai commencé à collectionner des magazines de décoration d'intérieur lorsque j’ai emménagé seule il y a environ 10 ans et que j'ai voulu meubler mon appartement. Je n'ai pas d'époque préférée, j'aime mélanger le moderne et l'ancien. Parfois, je craque à la fois pour un cabinet napolitain, un miroir victorien et une table d'appoint des années 70. Pour moi, mélanger les styles est ce qui apporte de la valeur.
Un de mes lieux préférés pour acheter des meubles, c'est le marché aux puces de Saint-Ouen dans le nord de Paris. Certaines personnes y passent tout leur temps, il y a une véritable culture du design — c'est le lieu de rendez-vous des collectionneurs et des marchands d'art — et tout le monde se connaît. Le directeur du marché a été approché pour proposer des boutiques en ligne, mais on parle de la France. Tout le monde s’y est opposé. Même si ça aurait peut-être aidé les commerçants — comme je vis à Londres, j'achèterais en ligne sans la moindre hésitation — ils voulaient préserver la magie des lieux. Parmi les options de boutiques en ligne, j'aime 1st Dibs, mais comme c'est souvent trop cher, j'y fais mes recherches, puis j'essaie de trouver la même chose sur eBay. Il y a également Pamono, où j'ai acheté ma chaise longue en velours, mais je préfère voir les choses physiquement, les toucher — je suis très Française dans ce sens.
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J'adore le magazine Architectural Digest. Je trouve World of Interiors un peu trop extravagant pour moi, trop palazzo italien si vous voulez. C’est peut être quelque chose qui me plaira dans quelques années, mais pas pour le moment. Ce magazine est certes intéressant pour les initiés de l'industrie, car on y trouve des adresses pour se procurer du marbre par exemple, mais AD s'adresse davantage au client final qui recherche des vases sympas ou un coupe-pomme chic pour décorer sa cuisine. J’expose mes magazines sur ce miroir [photo ci-dessus], car j'avais repéré une étagère basse dans le magazine danois RUM, mais je n'ai jamais réussi à mettre la main dessus. Puis je me suis dit qu'une étagère n'était en fin de compte rien de plus qu'un morceau de bois, j’ai donc décidé de la placer au sol, mais quand j'ai emménagé dans cet appartement, et comme j'avais un miroir pour lequel je n'avais pas de place, j’avais ma solution. Je préfère garder ma table basse dégagée, c'est là où les gens exposent traditionnellement leurs magazines. En ce qui me concerne, je les place sur le miroir. J'ai chiné les vases jumeaux qu’on aperçoit derrière sur le marché, on m’a offert le rouge, et le cadre au fond date de l'époque où j'étais adolescente ! C'est une photo de la tombe de Jim Morrison au cimetière du Père Lachaise. Il est peut-être temps que je m’en débarrasse... »
The Paco Rabanne 1969 chain bag, which I bought this month, is small, sure, but I go to a lot of weddings, and it goes with all my summer jewellery. It will be timeless, too. I also love vintage bags – I wish I could say I inherited the Bottega Veneta bean bag from my grandma, but I didn’t. I bought it in New York at What Goes Around Comes Around. Like everyone else I’m obsessed with Bottega right now, and this orange woven one is a gift from my boyfriend. The Loewe Elephant bag connects with my love of architecture. I love the piercings in the ears – I actually added more holes to put my own jewellery in."
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I’ve always loved sculpture, but I never realised how much I loved bodies until people started photographing my home and I saw how many references there are in every room. Maybe I need therapy to understand my obsession! I observe and analyse people’s bodies and proportions a lot. I had the best grades in 3D maths when I was younger; give me an object and I can easily tell you the measurements without a ruler. That spatial awareness is key when designing the kind of jewellery I do. I have a sharp eye in that sense, and because the human body is so complex I find it endlessly fascinating. We’re all such a unique combination of elements, no two of us look the same."
« Je n'ai pas eu la chance d'avoir des parents qui avaient les moyens de m'acheter des sacs à main, alors lorsque j'ai obtenu mon premier emploi d'ingénieur à l'université à 24 ans, j’ai fais mon premier gros investissement. Comme toutes les filles qui rêvaient de mode de luxe, j'ai craqué pour un sac Chanel — original, je sais ! Maintenant, je m'autorise un nouveau sac à main quand je travaille bien, c'est ma façon de me récompenser. J'ai besoin d’avoir l’impression de le mériter. Il y a neuf ans, j'ai acheté un sac Chanel rose matelassé. Il n'était même pas exposé dans le magasin, mais le vendeur a ouvert une armoire et il m’a tout de suite fait penser à un cupcake — le rose est ma couleur préférée — et j'ai sauté dessus. Je me suis sentie coupable un bon moment après l'avoir acheté, et je le porte rarement parce qu'il fait trop poupée Barbie, mais je le garderai toujours. C'est un mon petit plaisir, il me suffit de le regarder pour être heureuse. Avant, c’était plutôt l’esthétique qui motivait mes choix de sac, mais avec l’âge, c'est aussi devenu une question de pratique.
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Le sac en chaînes 1969 de Paco Rabanne, que j'ai acheté ce mois-ci, est certes petit, mais je suis souvent invitée à des mariages, et il va avec tous mes bijoux d'été. C'est une pièce intemporelle. J'adore également les sacs vintage — j'aimerais pouvoir dire que j'ai hérité de mon sac Bottega Veneta de ma grand-mère, mais ce n’est pas le cas. Je l'ai acheté à New York chez What Goes Around Comes Around. Comme tout le monde, je suis obsédée par Bottega en ce moment, et ce sac tressé orange est un cadeau de mon petit ami. Le sac Elephant de Loewe a un lien avec mon amour de l'architecture. Je suis fan des piercings aux oreilles, j'ai même ajouté des trous pour y placer mes propres bijoux. »
« Mes céramiques représentent des corps de toutes formes et tailles. Je me sentais un peu coupable après avoir fait mon Jugs Jug, car elle a une taille très fine et je ne voulais pas envoyer le mauvais message, mais on trouve toutes les morphologies dans ma collection. Pour mon dernier vase, il m'a fallu des lustres pour obtenir la bonne texture, car je voulais qu'elle ait de la cellulite — je suis fascinée par les imperfections. J'étais dans le déni total de ce que je voulais vraiment faire quand j'étudiais l'ingénierie, mais on retrouvait déjà le corps humain sur mes mood-boards à l'université.
J'ai toujours adoré la sculpture, mais je n'avais jamais réalisé à quel point j'aimais le corps humain avant qu’on commence à photographier mon intérieur et que je vois combien d'itérations de celui-ci il y avait dans chacune des pièces de ma maison. Parfois je me dis que j'aurais peut-être besoin d'une psychanalyse pour mieux comprendre cette obsession ! J'observe et j'analyse beaucoup les corps et les proportions des personnes qui m'entourent. J'avais les meilleures notes en mathématiques 3D quand j'étais plus jeune ; donnez-moi un objet et je peux facilement vous donner les mesures sans avoir à le mesurer. Cette conscience de l'espace joue un rôle essentiel dans la conception de mes bijoux. J'ai un œil aiguisé dans ce sens, et parce que le corps humain est si complexe, je le trouve d'autant plus fascinant. Nous sommes tous une combinaison unique d'éléments, personne ne se ressemble. »
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